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JOUR 5. La balance est mon ennemie… Je répète, la balance est mon ennemie.
Bon, allez je me lance et je monte sur la balance. Je n’ai presque pas fait d’écart cette semaine. Micka nous a fait pas mal de soupe et de légumes. On a peur d’aller en courses et les services Drive sont saturés. Donc on cuisine ; surtout mon mari… OK, exclusivement mon mari.
Les boites de conserve sont désormais stockées dans un placard. Interdiction de les toucher. On est en guerre. Cela doit rester notre dernier moyen de survie. On a décidé de manger sainement et en petite quantité. J’ai donc cessé mes petits grignotages, notamment les carrés de chocolat.
Le confinement doit aussi nous apprendre à partager, à ne pas gaspiller et à savourer ce qu’on a dans nos assiettes. Comment faisaient nos aïeuls pendant la guerre ? Ils ne mangeaient pas à leur faim, se privaient, et connaissaient par cœur les notions de partage comme s’il s’agissait de prières universelles. Nous sommes une famille et nous allons développer cette belle valeur.
Donc cette semaine, j’ai dû perdre (logiquement) un peu de poids. Je regarde donc le compteur. La balance a l’air de faire la gueule. Allez allume-toi ! Ça fait flipper d’attendre. Je suis nue et je balance mon pyjama sur le bac à linge. Je pense alors à la nana de Psychose. Résonne dans ma tête la fameuse musique de la scène de la douche, sauf que je suis sur la balance. J’attends que les chiffres apparaissent tandis que les violons et violoncelles de la scène culte s’emballent et sifflent dans ma tête. Voilà, bientôt le coup de grâce pour Marion Crane (ou plutôt, moi, Alice Dubois), le moment est venu de regarder les chiffres qui viennent de s’afficher en rouge. Ce n’est pas les coups de couteau qui vont m’achever mais seulement deux misérables chiffres…
Poids affiché : 65 kg…
Poids perdu : 200 grammes (juste 200 grammes)
Poids ressenti : 95 !
Émotion ressentie : colère extrême !
Envie : défoncer la balance (et Norman Bates !)
Afficher en entierAlors, aujourd’hui, nous avons préféré nous concentrer sur l’essentiel, notre famille, notre cocon, notre destinée. Demain est un autre jour. Aujourd’hui, seulement compte.
Afficher en entierJe me suis installée sur une chaise, en plastique vert, très moche mais très confortable. Et j’ai bu au moins cinq thés. Surement pour ça que j’ai passé pas mal de temps sur le trône… Décidément.
J’ai contemplé tantôt les tulipes, tantôt les jumelles. Tantôt Léa qui dégringole de son vélo (à roulettes), tantôt Louane qui fait un remake de Carrie Ingalls dans la petite maison dans la prairie. Voir son enfant dégringoler dans l’herbe et être vexée, ça n’a pas non plus de prix ! J’avoue que je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Je suis une mère indigne. Je sais !
Rire : voilà un verbe, qui conjugué à la première personne au présent, prend un sens considérable dans l’appréciation de la vie. Rire permet de savourer sereinement son existence, et de laisser le négatif derrière soi.
Voir rire mes enfants me rend heureuse. Et de me voir rire, mes filles en sont soulagées et comblées. Elles ne savent pas ce qu’il se passe à l’extérieur. L’innocence d’un enfant compte bien plus que les tracas du quotidien.
Pour mes filles, je peux donner ma vie. Mais pas pour l’instant car ma mission est de veiller sur ma famille. Je suis une maman qui déchire !
Aujourd’hui, c’était une journée très particulière. Le danger est loin mais semble nous guetter, comme ses yeux jaunes cachés dans le noir.
Mon Dieu je vois des yeux partout…
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