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Extrait

Extrait ajouté par fitz 2013-07-10T23:11:26+02:00

Après avoir gravi une pente douce, Halt et Horace arrêtèrent leurs montures. À moins d’un kilomètre de là s’étendait Port Cael. Des bâtiments étaient agglutinés au sommet d’une colline qui descendait vers le port – une digue artificielle qui mordait sur la mer avant de tourner à angle droit pour former un havre où une petite flotte était amarrée. Seuls étaient visibles les mâts, véritable forêt touffue qui ne permettait pas de distinguer les navires les uns des autres.

Les demeures situées sur la colline, fraîchement repeintes, semblaient bien entretenues et étincelantes malgré le ciel couvert, où perçait un soleil terne. En contrebas, près des quais, les édifices avaient une allure plus fonctionnelle et c’était le gris qui dominait. Comme dans n’importe quel port, songea Halt. Les habitants aisés vivaient en hauteur, dans leurs maisons immaculées, la populace en bord de mer.

Le Rôdeur était pourtant prêt à parier que même les quartiers plus respectables avaient leur part de vauriens et de marchands peu scrupuleux. Les gens n’y étaient pas nécessairement plus honnêtes qu’ailleurs – simplement, ils avaient réussi.

— J’ai l’impression de connaître cette personne, dit Horace en désignant, à quelques centaines de mètres de là, une silhouette enveloppée dans une cape.

Elle était assise au bord de la route, les bras serrés autour des genoux. Près d’elle, un petit cheval hirsute broutait l’herbe du fossé.

— En effet, répondit Halt. Et j’ai l’impression qu’il a amené Will avec lui.

Horace jeta un coup d’œil à son compagnon. Cette boutade lui faisait plaisir. Ce n’était pas une blague à proprement parler, mais c’était la première remarque amusante du vieux Rôdeur depuis leur départ de Dun Kilty, le jour où il s’était rendu sur la tombe de son frère Ferris. Ces derniers temps, Halt, qui n’était déjà pas d’un naturel loquace, s’était montré plus taciturne encore qu’à l’habitude. C’était compréhensible, pensa le jeune guerrier. Après tout, il venait de perdre son frère jumeau. À présent, le Rôdeur semblait retrouver le moral ; un changement peut-être lié à la perspective d’une nouvelle aventure, conclut Horace.

— Il n’a pas l’air dans son assiette, fit observer ce dernier. Je veux parler de Will, précisa-t-il.

Halt se tourna vers lui en haussant un sourcil.

— Je te parais peut-être sénile, Horace, mais nul besoin de m’expliquer ce qui saute aux yeux. Je me doutais que tu ne faisais pas référence à Folâtre.

— Désolé, Halt, répondit le jeune guerrier en esquissant cependant un sourire.

D’abord une boutade, et maintenant une répartie acerbe. Cela valait mieux que le silence morose dans lequel le Rôdeur s’était enfermé depuis la mort de son frère.

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