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Ici, tout se sait et rien ne se sait à la fois. Les informations sont suffisamment précises pour agir mais assez floues pour ne pas en savoir trop, pour ne pas être une source de renseignements et donc une proie. On peut apprendre la mort d'un proche à tout moment. Alors on vit en apnée. Chaque instant de vie s'écoule l'un après l'autre comme un miracle sans cesse renouvelé.
Afficher en entierJe suis un guerrier et tu seras un guerrier…mais tout a changé. Je ne reconnais plus mon peuple et lui-même ne se reconnaît plus. Je vois dans le regard de certains hommes le gris vitreux de la folie et de la haine. J'ai essayé de les raccrocher à leurs ancêtres par mes récits, de rattraper leur âme. Ils ont détourné mes mots pour alimenter leur haine contre d'autres clans.
Afficher en entierLes idées ils s'en fichent. Il n'y a que les balles qu'ils comprennent.
Afficher en entierCroire c'est accepter l'inacceptable car l'homme est trop petit pour comprendre.
Afficher en entierIl y a dans la vie des événements exceptionnels où nous avons la désagréable sensation de ne pas faire le poids.
Afficher en entierIci, il n'y a pas de place pour la poésie. À quoi sert d'apprendre si nos frères meurent à quelques mètres de nous ? Et puisque la mort va nous attraper bientôt, pourquoi perdre toutes ces heures à étudier ?
Afficher en entierAttendre, toujours attendre. C'est bon pour les pays où tout va bien. Mais chez nous, où chaque jour est un pari sur la vie, où les armes font régner la loi, que signifie attendre ?
Afficher en entierChez nous, l'individu n'existe pas. Le nomade naît sur la route, dans une hutte ou à la belle étoile. Il ne connaît pas son lieu de naissance. Peu importe son lieu de mort. Son identité est dans ses racines humaines, sa famille, son clan. Il est un élément de la tribu et, sans elle, il n'est rien.
Afficher en entierJ’ai douze ans et je suis le préféré de ma mère. Je le sais, car elle laisse parfois traîner son regard sur moi comme si elle était dans un rêve lumineux. Et là, à chaque fois, une boule de chaleur se met à grandir et à envahir mon corps. C’est doux comme une chanson fredonnée à la tombée de la nuit.
Ma mère, c’est la reine de Saba. Il est impossible d’imaginer une beauté aussi parfaite. Je déteste le regard brillant des hommes qui l’approchent. On dirait une lame acérée qui veut la pénétrer. Avec une grâce infinie, elle s’en protège en couvrant son visage du voile bleu qui recouvre ses cheveux et elle devient inaccessible. C’est le moment que je choisis pour me blottir contre elle, serrer ses jambes fines et leur montrer à tous que c’est à moi qu’elle appartient.
— Aman ! Cesse de t’agripper à moi comme un petit babouin, aime-t-elle me dire en essayant en vain de me détacher. Quoique j’hésite entre un babouin et une sangsue. Et dire que je t’ai appelé Aman parce que ça signifie « la Paix ». Mais comment avoir la paix avec un tel animal ?
Afficher en entier[...] ta vie c'est ce que tu as de plus précieux, plus précieux que tout, même que ton pays !
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