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Mais à d'autres moments, quand la solitude et la singularité lui pesaient jusqu'à devenir insupportables, l'absence de voix familières se faisait assourdissantes." (p 284)
Afficher en entierIl arrive qu'une personne entre dans notre vie sans crier gare et qu'elle nous fasse oublier momentanément qui nous sommes. Mais ce n'est que lorsqu'elle s'en va que nous en prenons conscience et redevenons ce que nous avons toujours été. Et ce n'est pas toujours facile, car entre-temps nous avons changé, et l'ancienne personne que nous étions ne nous semble plus aussi confortable qu'avant." (p 269-270)
Afficher en entierMais la comtesse l'interrompit à nouveau, déclarant que l'histoire ne pourrait jamais rendre compte de la vérité, ni de tous les destins individuels.
Ceux-ci étaient perdus, envolés à jamais. L'histoire ne pouvait que survoler et faire des généralités, dit-elle, réduisant les histoires vécues, les identités, les perspectives personnelles, les vérités, les triomphes, les défaites et les tragédies à une sorte de divertissement populaire." (p 118)
Afficher en entierDernièrement, elle avait pris plaisir à errer dans ce paysage confus qui s'étire entre le sommeil et la veille, ce lieu de demi-conscience. Elle aimait se prélasser dans cette lumière crépusculaire dont elle aurait voulu ne jamais sortir. Elle espérait qu'ils viendraient à elle si elle s'y attardait suffisamment longtemps.
Car c'était là, dans ce lieu imprécis que leurs voix tant aimées lui parvenaient depuis un autre siècle sous forme de murmures et de chuchotements. Occasionnellement, elle entendait de la musique - des notes de piano, un chant - par la fenêtre ouverte, flottant à travers le jardin, dans la pièce voisine ou à l'étage, ténue et impossible à localiser." (p 87)
Afficher en entier- Des mots, répéta Cora en jouant avec le médaillon qu'elle portait autour du cou. Et combien ont été écrits ou prononcés pour être ensuite reniés ? Il y a trop de mots de nos jours, trop de mots pour désigner trop de choses. Et il y en a sans cesse de nouveaux qui sont inventés." (p 58)
Afficher en entierC'était dans ces moments-là qu'elle se sentait catapultée dans le passé. Car il n'y avait plus d'avenir ; désormais sa vie était derrière elle. Quand le voyage touchait à sa fin, c'était tout ce qu'il vous restait : des souvenirs." (p 56)
Afficher en entierParfois, il est facile de s'élancer dans le noir, à l'aveugle, quand on sait qu'au bout de l'obscurité se trouve la lumière, et que derrière nous tout est sombre ; quand on sait que notre destination - quelle qu'elle soit - sera infiniment meilleure que notre point de départ." (p 9)
Afficher en entierEn l’espace de quelques semaines, des lettres allaient être brûlées, des pages, arrachées, des photos, déchirées. Des noms allaient être honnis, des souvenirs, abandonnés, et l’histoire, réécrite. Une fois de plus. En l’espace de quelques semaines, des promesses allaient être rompues, et des cœurs, brisés.
Mais pour l’heure, il n’y avait que peu d’agitation ou de bruit.
La campagne se languissait, blonde et fanée, accablée par des semaines d’une chaleur étouffante. Tout là-haut, le ciel céruléen demeurait implacable, s’étirant à perte de vue au-dessus des arbres sans jamais toucher la terre assoiffée. Seul le ra-ta-ta-ta d’un pic-vert interrompait le roucoulement du ramier.
Il était presque midi quand Sylvia arriva – un détail qu’elle n’oublierait jamais, l’ayant plus tard consigné par écrit, ainsi que tout ce qui s’était dit ou fait durant cette journée. Pendant des années après cela, elle allait se demander si elle aurait pu, ou dû, faire les choses autrement. Mais toujours est-il que ce jour-là, son cœur débordait d’amour.
Lorsque la voiture qui l’avait amenée disparut au bout du chemin, elle scruta la maison en souriant. Maintenant, je vais pouvoir imaginer Cora ici, songea-t-elle en s’arrêtant un instant dans l’ombre de la demeure. Devant elle, la porte d’entrée et, au-delà, la porte vitrée du vestibule étaient grandes ouvertes. Certes, il faisait beau, et elle était attendue, mais c’était un peu désinvolte, et même risqué. Car n’importe qui aurait pu entrer.
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