Extraits

Les citoyens de Terra s’étaient rassemblés dans les rues par millions. Ils chantaient les louanges de l’Empereur, les yeux remplis de larmes. Ils hurlaient leur admiration à s’en érailler la voix. Après des mois de terreur, on leur avait enfin annoncé la victoire.

Les fils prodigues de Terra rentraient enfin au bercail, et le Monde-Trône avait trouvé son porte-parole.

Maximus Thane menait les héros de l’Imperium, dépassant de l’écoutille du Land Raider Dorn’s Fist. Les Imperial Fists défilaient en rang, leurs armures étincelantes malgré le smog qui flottait sur Terra en cette matinée. Les Imperial Fists étaient réunis tels des frères, et bien que près de la moitié de ceux qui avaient pris le jaune et le noir fussent tombés sur Ullanor, ils marchaient comme un seul homme. Excoriators, Executioners, Iron Knights, Soul Drinkers, Black Templars, Crimson Fists et Fists Exemplar avaient renoncé à leur ancienne identité pour s’abandonner sans réserve à la confrérie de Dorn. De vieux liens s’étaient effacés au profit de la renaissance d’un passé meilleur. Leur héritage était celui de la pérennité, bien que nul en dehors des rangs de l’Adeptus Astartes ne dût savoir que les Imperial Fists avaient en réalité disparu.

Derrière les Imperial Fists reformés venaient des représentants d’une douzaine de chapitres des Première, Deuxième et Troisième Fondations. Il s’agissait de contingents modestes, qui pour certains incluaient jusqu’au dernier membre de leur ordre. La victoire contre la Bête avait coûté très cher à l’Imperium.

Après les space marines vint un cortège de blindés d’une dizaine de kilomètres de long, tous repeints aux couleurs des élus de l’Empereur. Derrière, le sol tremblait sous les pas de milliers de gardes de l’Astra Militarum, de macroclades de skitarii martiens et de puissantes machines de la Legio Cybernetica. Des machines et des hommes de toutes sortes défilaient fièrement sous la Porte Tortestrienne, le Portail des Promenades et la Saillie du Bastion. Au-dessus de leur tête passaient des escadrilles de chasseurs de la Marine Aeronautica et de Thunderhawk. Enfin, en orbite basse, on distinguait les silhouettes de vaisseaux intersidéraux dans le ciel brun, aussi placides que des icebergs.

Des chante-louanges portés par des plates-formes flottantes encensaient également l’Empereur. Des servo-crânes et des constructs cybernétiques en grand nombre encombraient le ciel. Dans chaque rue, à chaque fenêtre, depuis les balcons et les voies suspendues situées à plusieurs centaines de mètres du sol, depuis les halls ensevelis et les avenues cachées sous la peau métallique de la planète, le peuple criait sa gratitude à pleins poumons.

La procession tourna sur la Voie de la Victoire, en direction de l’est. Des dizaines de millions de clercs blafards clignaient des yeux, éblouis par la lumière du jour qui ne leur était guère coutumière. La foule était telle que l’avenue large d’un kilomètre avait désormais l’allure d’un simple sentier de rocbéton. Des prêtres chantants étaient réunis en masse. Des hérauts-séraphins libérés de leurs perchoirs des grandes cathédrales planaient sur les courants d’air chauds, chantant les noms des vainqueurs. La lumière du soleil levant de Terra perçait la chape de crasse industrielle qui en voilait la surface et illuminait les fils de Dorn, donnant une teinte dorée au jaune de leur armure. La clameur de la foule s’intensifia, écrasante, assourdissante. Les yeux de tout un monde étaient braqués sur Thane. Thane ! Thane ! Thane ! Ils scandaient son nom, et cela évoquait autant de battements de cœur. Terra était pour ainsi dire ressuscitée.

Des mondes embrasés. Un empire décimé. Une galaxie verte.

Si une espèce extragalactique – une présence xenos fort heureusement inconnue – avait porté son attention sur le royaume des hommes, voilà ce qu’elle aurait découvert. Un Imperium creux et sans espoir. Une population disséminée, hurlant et cherchant désespérément à fuir pour survivre. Des planètes exhalant un brouillard de destruction à travers le vide. Un territoire brisé.

Les orks étaient partout. Ils étaient légion, et ils terrorisaient leurs victimes comme des monstres mythiques. Leur technologie brutale précédait un sort funeste, apocalyptique. Leur nombre même était insurmontable. C’était une marée verte qui enflait et avalait des mondes-ruches entiers. Des flottes plongeaient au plus profond de leur barbarie primitive pour ne plus jamais reparaître. Les plus grandes armées d’un millénaire, des régiments innombrables de l’Astra Militarum, des légions de skitarii et des hordes de Milices Frateris, réduits en une bouillie sanguinolente foulée aux pieds par des milliards d’orks qui allaient de planète en planète en ne laissant que carnages derrière eux.

Le Grand Amiral Thaddeon Trassq, officier général de la Flotte Solaire-Bordure, gardait un millier de croiseurs d’assaut et de bâtiments d’escorte en réserve dans la Nébuleuse de Fantine, en plein doute quant à ses ordres tandis que les mondes voisins de l’Amas de Phadria brûlaient. Le Grand Amiral ne comprit que trop tard que son armada était cachée à l’endroit même où une autre flotte ork pénétrait dans le sous-secteur. Précédés par une avant-garde de space hulks qui déboulèrent tels d’immenses fragments de comètes désintégrées, les orks pulvérisèrent la formation serrée des vaisseaux impériaux. Au moment où les croiseurs et les frégates lourdes furent balayés et submergés, un essaim lumineux de capsules, modules d’atterrissage et barges d’assaut s’abattit sur leurs épaves majestueuses.

Dans le système de Nazarex, des millions d’agri-travailleurs disparurent avec leurs récoltes quand l’apparition soudaine d’une monstrueuse lune d’assaut ork bouleversa la gravité des Mondes de Prædial. Des planètes dérivèrent de leurs orbites précaires ; certaines tournoyèrent en direction de leur énorme soleil tandis que d’autres furent propulsées vers les ténèbres gelées du vide.