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Les hurlements ne faisaient plus qu’un. Sur l’avenue des Martyrs, au pied de la cathédrale de l’Empereur Sauveur, ils cernaient Galatea Haas sous une infinité de formes. Chaque pèlerin – homme ou femme, enfant ou adulte, riche ou pauvre – incarnait le visage de la panique à sa façon, était en proie à une extrême terreur. Un échantillon représentatif de la très large palette de l’humanité hurlait tout autour d’elle. Certains criaient de douleur, d’autres à la simple vue de Haas brandissant sa matraque paralysante. Quoi qu’il en soit, la peur et la mort se mêlaient en un vaste hurlement collectif.
— Reculez ! » beuglait à n’en plus finir Ottmar Kord d’une voix rauque de frustration et de haine. « Reculez, reculez, reculez ! » L’arbitrator n’était qu’à quelques mètres et frappait en tous sens avec autant de violence que sa collègue. Ils étaient pris au beau milieu d’un mouvement de foule et abattaient leurs matraques avec une telle force qu’ils avaient déjà tué un grand nombre de pèlerins, car si les décharges électriques se contentaient de neutraliser le système nerveux, les coups, eux, fendaient bien les crânes.
« Reculez, reculez, reculez ! »
Mais reculer où ? Haas poussa devant elle à l’aide de son bouclier, mais elle n’avait aucun contrôle sur la foule. La ligne était disloquée, les neuf arbitrators étaient dispersés comme des rochers balayés par l’écume. Leur proctor, victime d’une sacrée malchance, avait été piétiné dès les premiers mouvements de panique. Cela n’aurait jamais dû arriver. Morrow était indestructible. C’était une muraille, une simple foule n’aurait pas dû pouvoir en venir à bout. Mais la multitude hurlante s’était montrée si forte qu’elle l’avait mis à terre. Les arbitrators ne rétablissaient pas l’ordre, ils frappaient comme des bêtes déchaînées.
« Reculez, reculez, reculez ! »
Les exhortations de Kord étaient vaines. Les mots n’étaient que des sons rythmés par ses coups rageurs entremêlés à ses hurlements. Haas vociférait elle aussi, elle hurlait sur les pèlerins qu’elle terrassait. Elle hurlait de colère face à leur peur, car à l’instar de Kord, il était hors de question pour elle de se fondre dans le grand cri. Elle comprenait la peur. Tous la comprenaient.
L’univers avait trahi le peuple. Sur la Sainte Terra, où ils pensaient être protégés dans l’étreinte de l’Empereur, tous levaient les yeux vers le ciel devenu l’ennemi.
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