Extraits

Chapitre 1

Le glas sonnait, un après-midi de novembre. Un vent humide courait sur la colline, tandis que des nuées de feuilles tombaient en tourbillons sur les allées du cimetière de Saint-Jean. Un fourgon mortuaire avançait sur la petite allée qui quittait la place de l’église. Dans le ciel, un pâle rayon de soleil, presque illusoire, tentait de passer au travers des nuages. Les gens se serraient, comme unis par un lien de chaleur. Mathilde allait à sa dernière demeure comme s’il s’agissait de sa dernière promenade. Le chemin était le même et, depuis longtemps, elle le connaissait. Chaque jour, quelle que soit la saison, elle allait de ses petits pas comme pour rendre une visite à quelqu’un. Ces derniers jours, elle avait manqué une journée, et l’on s’était inquiété de cela. À force d’habitude, chacun voyait, en cette silhouette voûtée, une image perpétuelle au travers d’une fenêtre, d’un volet à persiennes, d’une porte entrouverte.

— Bonjour, Mathilde !

— Bonjour, Lucie !

Les voix s’arrêtaient là. Mathilde hochait la tête comme si elle continuait en elle la conversation. Pourtant, un après-midi, on ne vit pas la vieille dame. La voisine alerta le maire, puis le curé. Tous deux tapèrent à la porte et rien ne bougea à l’intérieur.