Extraits

— Tu veux dire que…

— Je veux dire que.

— Mais alors pourquoi tu voudrais faire ça avec moi… si vite ?

— Tu me rends dingue, tu ne le vois pas ? Toi et moi, c’est différent de tout ce que j’ai connu.

Je le dévisageai un instant avant qu’un grand sourire béat ne fende mon visage. Chest m’embrassa une dernière fois, puis prit la direction de la sortie.

— De toute façon, tu finiras par dire oui, me garantit-il avec un clin d’œil.

— Ne sois pas si sûr de toi, le défiai-je, une main sur la hanche, tandis qu’il sortait sur le perron. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, ma vie est un grand chantier actuellement, et pour être honnête, c’est pareil dans ma tête. Je ne veux pas que tout s’effondre d’un coup. Par ailleurs, je n’attends pas d’une relation qu’elle tourne uniquement autour du sexe.

Est-ce que j’avais vraiment formulé cette phrase ? Même Chest haussa les sourcils au moment où je prononçai les derniers mots. Mais j’avais besoin d’énoncer cette décision tout haut. Je voulais qu’il comprenne que je ne plaisantais pas. J’estimais qu’il était encore beaucoup trop tôt pour envisager de passer à la vitesse supérieure...

« Me bloquant contre un mur, Rayce engloba mon menton de sa main restée libre puis tourna légèrement ma tête vers la droite. Il colla ses lèvres à mon oreille–sa voix n’était plus qu’un souffle.

-Puisque tu es si intelligente, tu comprendras ce que je vais te dire. Explique bien à ton frère que si dans une semaine je n’ai pas mon fric, tu paiera les pots cassés.

J’écarquillai les yeux, tant sois l’effets de la peur que du désarroi. Finalement, les choses s’annonçaient encore pires que ce que jnavais imagine - tant pour Dane que pour moi d’ailleurs. Nous étions au stade final, au moment critique ou un retour en arrière n’était plus possible.

-Tu m’a bien compris ?

Je hochais la tête, mon courage m’avait quitté

-Et pour te prouver que je ne plaisante pas.. »

- Leaven, j'aurais besoin de ton avis...

- À quel sujet ?

Sans prévenir, il approcha son visage du mien. Tétanisée, je ne bougeai pas d'un millimètre tandis que ses lèvres s'avancèrent doucement vers les miennes. Constatant que je ne bronchais pas, il m'embrassa ou plutôt, il m'effleura. Je retirai sur l'instant ce que j'avais avancé sur son impossibilité à se montrer doux. Il se mit à butiner ma bouche, sans précipitation. J'avais l'impression qu'il passait un test, n'osant pas trop s'aventurer plus avant, par peur de ma réaction, peut-être. Il se recula finalement - si le mot était approprié -, laissant glisser son nez fin sur le mien.

- Alors, est-ce que je te plais ?

- Merci Chest. Merci d'être... mon ami.

Je ne saurais dire exactement ce qui m'avait pris. J'avais juste eu envie de prononcer ça à voix haute. La méthode pouvait se révéler dangereuse - je n'étais pas à l'abri de me voir renvoyer cette "amitié" en pleine figure -, mais d'un autre côté, je ne voyais pas de meilleur moyen d'être fixée.

- Oh non, merci à toi d'être entrée dans ma vie.

Mon coeur cessa de battre et mes oreilles se mirent à bourdonner.

J'avais deux ans la première fois que j'avais goûté à cette merveille jaune aux saveurs de l'ambroisie, véritable drogue dont je ne pouvais plus me passer, bien qu'elle ne m'offrît pas l'immortalité. C'était mon Coca à moi, sauf qu'il ne bousillait pas la planète, lui. Encore que... Bizarrement, Lage n'émit aucun commentaire. Elle avala quelques gorgées de son jus et tordit son visage dans une grimace hilarante.

La première chose qui attira mon regard sur la couverture bleue ne fut pas la boule de feu qui masquait en partie la jeune femme, mais la phrase en haut de page. Cinq destins, un seul choix. Le parallèle avec la situation dans laquelle je me trouvais ne m'échappa pas. J'étais effectivement à un moment où je devais décider de ce qu'allait être mon futur.

Me remettrais-je jamais de la mort de ma mère ? Étais-je prête à accepter celle de mon père ? Comment et par quel moyen allais-je pouvoir aider Dane ? Désirais-je ou non reprendre le cours de ma vie ? M'autoriser à avoir un peu d'espoir auprès de Chest ? J'avais bien les cinq destins entrecroisés, mais plus d'un choix à faire. J'avais une multitude de décisions à prendre et à assumer.

- Dis-moi, lança-t-il en me rattrapant. Tu portes un pare-balle ?

Je le fixai sans comprendre.

- Cette fille, là, tu as conscience qu'elle vient de te fusiller sur place ? enchaîna-t-il devant mon mutisme.

Chest plaça spontanément son manuel au milieu de la table, tandis que le professeur entamait la leçon. Il m'adressa un regard entendu, aussi le remerciai-je par un hochement de tête. Quelque chose me disait que lui et moi n'allions pas avoir besoin d'"apprendre" à bien nous entendre.

Je sentais que mes joues prenaient feu, mon coeur battant la chamade comme jamais. Le garçon n'insista pas et ôta sa main. Je m'attendais à ce qu'il tourne les talons ou à ce qu'il passe son chemin, mais certainement pas à ce qu'il s'adosse au mur juste en face de moi. Gênée au possible, je rangeai mon téléphone puis rajustai mon sac à bandoulière, avant de m'autoriser à le regarde de nouveau. Ses yeux d'un bleu parfait, uniforme et éclatant, m'attiraient comme des aimants. Je parvins quand même à noter qu'il était grand, blond, plutôt musclé, avec une peau légèrement hâlée - le frère caché de Lage ?

- Leave ? me rappela-t-il.

Je m'arrêtai net, mais choisis de ne pas me retourner.

- Leave, est-ce que... est-ce que tu m'en veux ?

Sa voix chevrota et je compris qu'il s'était mis à pleurer.

- Non, je ne t'en veux pas. C'est à moi que j'en veux.

À cet instant, je daignai lui accorder un regard par-dessus mon épaule.

- Je m'en veux d'avoir pu croire que tu m'aimais assez pour m'avouer la vérité.