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En fait, à l’époque carolingienne, dans une large partie de l’Europe non méditerranéenne, l’ours apparaît encore comme une figure divine, un dieu ancestral dont le culte revêt des aspects variés mais demeure solidement ancré et empêche la conversion des peuples païens. Partout, ou presque, des Alpes à la Baltique, l’ours se pose en rival du Christ. Pour l’Église, il convient de lui déclarer la guerre, de le combattre par tous les moyens, de le faire descendre de son trône et de ses autels.
Afficher en entierLe plus ancien vestige des liens symboliques unissant l’homme et l’ours semble se situer quelque part vers 80 000 ans avant le temps présent, en Périgord, dans la grotte du Regourdou : une sépulture humaine néandertalienne y est associée à une sépulture d’ours brun, sous une même dalle, entre deux blocs de pierre, témoignant par là même du statut singulier de cet animal.
Afficher en entierLe plus souvent, le passage des ours est antérieur à celui des hommes. Mais il est quelques cas inverses (Bruniquel, par exemple, dans le Tarn-et-Garonne) et d’autres, plus nombreux, où les ours semblent être revenus après l’intervention des artistes et où ils ont ajouté de nouvelles griffades à celles qui s’y trouvaient déjà (c’est le cas dans la grotte Chauvet). En fait, bien des cavernes ont connu, sur une très longue durée, la fréquentation successive et alternée des ours et des hommes. Mais ce que l’on y trouve dans la plus grande abondance, ce ne sont ni des images peintes ou gravées, ni de simples empreintes de pattes ou de griffes, mais des milliers d’ossements.
Afficher en entierFille de Lycaon, roi d’Arcadie, Callisto était d’une beauté extraordinaire mais fuyait tous les hommes. Elle préférait chasser en compagnie d’Artémis, car, comme la déesse elle-même et comme toutes ses suivantes, elle avait fait vœu de chasteté. Un jour, Zeus la vit et en tomba amoureux ; pour s’en approcher, il prit l’apparence d’Artémis et s’unit à elle. La jeune fille tomba enceinte et vint un moment où elle ne put plus cacher sa grossesse. Entrée dans une violente colère, Artémis lui décocha une flèche qui aussitôt la délivra de son enfant mais également la transforma en ourse. Elle erra désormais dans les montagnes sous une forme animale tandis que son fils, Arcas, grandissait puis devenait roi d’Arcadie. Un jour qu’il chassait, il rencontra sa mère, toujours métamorphosée en ourse. Il s’apprêtait à la tuer lorsque Zeus, pour éviter un tel crime, le changea lui aussi en ours, ou plutôt en ourson ; puis il les fit monter tous deux sur la voûte céleste, où ils devinrent deux constellations : la Grande et la Petite Ourse. Selon d’autres versions, Callisto n’aurait pas tant été victime de la colère d’Artémis que de celle d’Héra, l’épouse de Zeus. C’est cette dernière qui l’aurait changée en ourse et qui, une fois l’animal sauvé par Zeus puis transformé en constellation boréale, aurait demandé à Poséidon qu’elle ne puisse jamais se coucher dans l’Océan – voilà pourquoi, parmi toutes les constellations, la Grande et la Petite Ourse sont les seules à toujours demeurer au-dessus de l’horizon.
Afficher en entierLe cas du roi Arthur, dont le nom est directement construit sur celui de l’ours et sur lequel nous nous attarderons plus loin, est différent. Ce n’est pas une divinité mais un souverain, le plus célèbre de la littérature médiévale. Son histoire se rattache en partie à un ancien mythe ursin dont plusieurs légendes celtiques ont gardé différentes traces. La figure du roi y est associée à celle de l’ours parce que, chez les Celtes – comme chez les Germains, chez les Baltes et chez les Slaves –, l’ours est le roi de tous les animaux et, ce faisant, l’animal royal par excellence. Il le restera dans une large partie de l’Europe chrétienne pendant tout le haut Moyen Âge, et même encore au lendemain de l’an mille, jusqu’à ce que l’Église, adversaire déclarée de l’ours, réussisse enfin à installer sur ce trône symbolique un autre fauve : le lion.
Afficher en entierEn fait, les hommes et les ours ont toujours été inséparables, unis par un cousinage progressivement passé de la nature à la culture, et ils le sont restés jusqu'à l'époque contemporaine. Au point qu'au mois de juillet 1969, lorsque Neil Armstrong et ses deux compagnons se sont envolés vers la Lune, un ours les accompagnait. non pas un ours vivant, fait de chair et de poils, mais un ours en peluche, symbole d'une très longue histoire commencée sur la Terre il y a plusieurs dizaines de milliers d'années et continuée sur la Lune, au seuil de l'éternité.
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