Extraits

- Fais ce que je te dis, Caroline, c'est tout. Ne sors surtout pas de ta voiture. Appuie sur le champignon, contourne le véhicule et ne t'arrête sous aucun prétexte. Ne te pose pas de questions.

- Ecoute-moi. Quoi qu'il puisse se passer, il ne faut surtout pas que tu arrêtes la voiture. Quoi qu'il arrive, quelles que soient les circonstances, tu ne t'arrêtes pas, d'accord?

Autour d'eux, des clients avançaient vers l'entrée, la tête baissée sous la pluie, certains serrant la main de leurs enfants ou de leur conjoint, d'autres se débattant seuls avec les chariots montés sur des roues branlantes

Un nom lui vint soudain à l'esprit. Elle venait de comprendre qui l'avait appelée. Mais pourquoi lui ? Il ne pouvait plus rien faire désormais, néanmoins elle cria son nom. Son regard était rivé sur le rétroviseur, sur l'arrière de la voiture plongé dans le noir, où tout ce qu'elle pouvait voir était le blanc des yeux de Natasha, grands ouverts, terrifiés.

Ce n’étaient pas les yeux d’un enfant. Il y avait de l’amertume dans ce regard fixe et dur, et quelque chose qui évoquait la ténacité.

En dépit de cela, cependant, les pupilles de Natasha étaient légèrement dilatées ; un symptôme classique de peur .

La procrastination, ça rend les choses faciles difficiles, et les choses difficiles plus difficiles encore .

Ce soir-là, cependant, elle avait pleuré. Pleuré pour la vie qu'elle aurait dû vivre. La vie qui leur avait été volée, à elle et à sa maman.

Mais elle n'avait pas pleuré comme Emma. Quand Emma pleurait, on aurait dit que quelqu'un la découpait en petits morceaux avec une hache.

C'était peut-être ça qu'on ressentait quand on aimait vraiment quelqu'un.

Elle ne le saurait jamais .

Oublie que tu m'as vu.

Ma mort est mon choix.

Mais personne n'est gentil, en vrai.

Elle le savait ; elle avait vu ça toute sa vie. Tous ces gens gentils comme tout qui, tout à coup, sans qu'on sache pourquoi, vous mettaient sur la gueule.