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L’ère du rail.
Lancée dans le secteur des cotonnades, poussée par les nouveautés techniques, la révolution industrielle s’étale au début du XIXe siècle. Mais pour lui donner une extension et une solidité nouvelles, il fallait répandre efficacement les produits nouveaux, créer de nouveaux besoins de consommation, maîtriser et élargir les marchés. C’est-à-dire trouver un rythme plus rapide de circulation capable d’animer et de faire croître l’économie nouvelle. La vitesse réduit les coûts et les amortissements, rapproche le producteur du consommateur, rassemble plus agilement le profit, pousse à la hardiesse.
Afficher en entierLa nouveauté qui caractérise la révolution industrielle sur le plan technique, ce ne sont pas les machines, c’est le machinisme, notait P. Mantoux. Depuis le XVe siècle des générations d’artisans, de techniciens, d’amateurs passionnés cherchent, avec un bonheur inégal. Mais c’est au XVIIIe siècle, avec une diffusion plus large encore du goût pour les « mécaniques » (on sait avec quel soin les planches et les articles de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert les recensent et les décrivent), avec la multiplication des expérimentateurs « éclairés », que les efforts séculaires aboutissent, après une dernière poussée de recherches fébriles.
Afficher en entierMentalités et politiques.
Mais les conditions économiques ne suffisent pas toujours. Il faut aussi que les hommes modifient leurs habitudes mentales et trouvent des possibilités politiques pour que l’esprit d’entreprise et la conquête des marchés soient possibles. Même favorisée par la faiblesse des capitaux nécessaires au départ, par l’appel du marché potentiel, la formation d’une classe d’entrepreneurs nouveaux n’eût guère été possible s’il n’y avait pas eu un changement profond de mentalité à l’égard de l’argent, son maniement, son profit, sa valeur sociale.
Afficher en entierLe progrès agricole.
Autrement décisif paraît être le rôle du progrès agricole, car il n’est pas un pays qui, depuis 1780, ait accompli sa révolution industrielle sans que son agriculture ait subi des transformations plus ou moins complètes au moins dans quelques régions.
Certes des zones entières du globe restent figées dans des pratiques agricoles traditionnelles, bloquées par les structures de la grande propriété rebelle aux innovations, où les paysans sont rarement propriétaires du sol qu’ils travaillent et parfois se jettent dans des « fureurs » primitives pour rompre un moment le carcan insupportable de la misère et de l’exploitation. L’Europe centrale et orientale, les pays méditerranéens, asiatiques, africains et ibéro-américains restent dans ce cas et certains même y seront maintenus jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est en Europe du Nord-Ouest que s’observent les nouveautés disparates et complexes qu’on nomma commodément « révolution agricole », et qui se traduisent finalement par une amélioration décisive de la productivité et de la production.
Afficher en entierDans quelles conditions des économies anciennes sont-elles projetées dans le cycle de la croissance industrielle ? Peut-on poser des préalables, nécessaires et suffisants à la révolution industrielle ? Ou bien faut-il se contenter de signaler modestement une série de concordances chronologiques grossières entre des révolutions, agricoles, démographiques, politiques, qui mènent d’une économie de subsistance à une économie de profit ? Ces questions sont aujourd’hui largement débattues et nous ne pourrons guère donner qu’un aperçu des difficultés rencontrées.
Afficher en entierA partir du dernier tiers du XIIIe siècle, un certain nombre de pays ont connu la plus profonde mutation qui ait jamais affecté les hommes depuis le néolithique : la révolution industrielle. Pour la première fois dans l’histoire, le pouvoir humain de production y est libéré ; les économies peuvent désormais fournir, en les multipliant sans cesse jusqu’à nos jours, des biens et des services mis à disposition d’hommes toujours plus nombreux. On passe, parfois brutalement, le plus souvent par des transitions lentes et difficilement perçues, du vieux monde rural à celui des villes « tentaculaires », du travail manuel à la machine-outil, de l’atelier ou la manufacture à l’usine. Des paysans s’adaptent ou s’exilent vers les centres industriels nouveaux, l’artisan s’inquiète ou disparaît, des professionnels surgissent, promoteurs, ingénieurs, techniciens ; une élite bourgeoise supplante les notables traditionnels de la terre, un prolétariat naît et combat. Peu à peu, tous les domaines de la vie sont atteints et transformés : travail quotidien, mentalités, cultures.
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