Extrait

Laissé seul dans la salle à manger, William fixait la porte avec colère. Ce petit impertinent venait de quitter la pièce. Il serra la main droite par réflexe et grogna. Ses doigts. Il lui en manquait. Il n'avait pas mis ses prothèses.« Monsieur... ?— Que personne n'amène à manger à ce malotru, gronda le lord. S'il désire se sustenter, qu'il revienne à table. »Miss Salisburry et John échangèrent un regard inquiet, ils n'avaient plus vu leur maître dans cet état depuis... longtemps. La gouvernante eut une tendre pensée pour le jeune Baker. Apprendre que ses parents l'avaient cédé contre de l'argent, pour redorer leur blason...« Monsieur, osa-t-elle en s'approchant de William. Soyez indulgent avec le jeune maître.— Et pourquoi donc ?— Ses parents...— … ont réclamé de l'argent pour accepter de le faire venir ici.— Vous vouliez sa présence au manoir, concéda John.— Pas comme ça, marmonna le lord.— Alors pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Que vous l'aviez aperçu et qu'il vous plaisait de l'inviter ici, de le sortir de...— Ils ont menti à leur fils pour me faire passer pour un monstre.— Maître William, le jeune monsieur est encore un enfant et vous pouvez être... sans empathie. »Ces derniers mots firent rugir William et les deux fidèles domestiques ne purent qu'échanger un long regard avant de laisser leur maître continuer son repas, seul et de mauvaise humeur.Cela n'allait pas être facile à gérer ni à rattraper. Trop de non-dits ou de mots mal dits.