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Milo respira profondément. Il se pencha en arrière sur sa chaise et entrecroisa ses mains derrière sa nuque.

— Bienvenue au club, dit-il. À présent ce sont élucubrations de deux putains de cinglés.

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— Putain de vie, murmura-t-il.

Il évita de s'endormir pour ne pas rêver. Pour ne surtout pas avoir à rêver.

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Milo détecta les symptômes. L'indifférence et l'apathie, l'impassibilité de l'esprit. Cette femme ne pouvait plus héberger le moindre sentiment.

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La conférence de presse commença enfin, avec vingt minutes de retard. Au dernier moment, acceptant les suggestions de ses conseillers, le procureur anticorruption décida de la mener conjointement avec les responsables des forces de police, ce qui obligea l’intendante Anna Bassa, qui était responsable du Département des relations avec les médias de la police de Catalogne, de s’excuser pour le retard, mais sans autre commentaire. Les raisons de ce contretemps étaient dues aux désaccords qui avaient surgi entre les deux organismes pour convenir de l’ordre de passage de leurs interventions respectives. Poussés par les circonstances, aussi bien le ministère public que la police voulaient offrir l’image de leur unité et dissiper ainsi le moindre doute que pourraient formuler les médias à propos de la relation entre les deux affaires, ce qui ne signifiait cependant pas nécessairement qu’ils fussent prêts à céder leur leadership le moment de communiquer venu. À la fin, à travers un poli mais plutôt tendu va-et-vient d’arguments contradictoires, ils parvinrent à se mettre d’accord : Anna Bassa ferait office de modératrice, en donnant la parole alternativement au ministère public et à la police, étant entendu que ce serait le procureur qui interviendrait le premier.

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Après avoir reçu l'appel de la juge Cabot, il avait décidé de se rendre immédiatement au commissariat. Il avait conduit en se posant une multitude de questions. Un nouveau disparu signifiait-il que sa théorie était juste ? Etaient-ils effectivement face à un tueur en série ? L'événement avait-il un rapport avec Eduard Pinto ? Lorsqu'il 'était enté dans le bureau commun, le jour se levait. Il échangea un salut avec les quelques membres du GEHME qui étaient déjà au travail, il avait déambulé tel un fantôme, ne sachant que faire, puis s'était dirigé vers la salle de repos en quête d'un café bien serré. Après en avoir bu deux tasses coup sur coup, il avait pris plusieurs barres de céréales au chocolat dans le buffet et s'était rendu dans la salle de visionnage. Avant que la bombe de la nouvelle n'éclate au commissariat central, il voulait voir l'enregistrement que l'assassin avait posté sur Internet. Il se disait que la journée allait être particulièrement intense...

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Une fois de plus, il remarqua la nécessité qu'éprouvaient certains de montrer au monde entier qui ils avaient été de leur vivant et l'argent qu'ils avaient gagné, en construisant leur dernière demeure sans regarder à la dépense. Et cela lui sembla choquant. L'être humain avait besoin de se distinguer, même dans la mort. Il fallait que sa tombe témoigna de sa classe sociale devant le commun des citoyens.

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L’inspecteur Rojo se trouvait dans le couloir, appuyé contre le mur, attendant qu’on l’appelle pour commencer l’interrogatoire. Il avait un verre en plastique de café glacé à la main, fixait distraitement le sol.

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Milo ne répondit pas. Au bout d’un moment, il fronça les sourcils.

- Regarde-moi ces maisons somptueuses ! Elles ont toutes des caméras de surveillance. Et aucune d’elles n’aurait enregistré quelque chose ? Je ne peux pas y croire.

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Tout le temps de la descente, il fixa le sol et demeura les mains dans ses poches. Une fois au rez-de-chaussée, il pressa le pas et sortit du bâtiment.

Dans la rue, malgré le soleil qui tapait de plus en plus fort, il respira, enfin soulagé.

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Le portable sonna à nouveau.

J’introduis le canon dans ma bouche, et je tire. La détonation est sèche. Ça y est. L’arme me tombe des mains et atteint le sol avant mon corps. Sous l’impact, ma tête se renverse en arrière et moi, comme une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils, je m’écroule, sans vie, je tombe sur le dos à même le parquet. Il y a du sang sur les murs. Du sang au plafond et sur les meubles. Du sang par terre, formant une flaque sous le torrent qui s’écoule à gros bouillons de la partie supérieure de mon crâne.

Milo prit son visage dans ses mains. Après avoir entendu le coup de feu, il était sorti de la chambre et avait découvert Marc, son neveu, étendu sur le sol, comme une poupée démantibulée. Mais son sang n’était pas celui d’un bon à rien. Sans espoir. Il était jeune, avait tout l’avenir devant lui. Pourquoi attendre ? Il avait tout pour lui, une famille, des opportunités, mais cela n’avait servi à rien. Peu m’importe d’avoir tout pour moi. Irene avait hurlé et Milo, conscient de l’absurdité de son action, avait tâté le pouls de Marc. J’en ai assez de me cacher. Sa tête était en bouillie et Milo lui tâtait le pouls. C’était une histoire de fou. Je ne supporte plus cette honte. Il y avait de quoi éclater de rire et ne plus arrêter de se marrer. Je ne suis rien.

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