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1879
Lorsque Valina s’éveilla, il faisait déjà grand jour et un rayon de soleil matinal s’infiltrait entre les interstices des doubles rideaux.
La jeune fille s’étira paresseusement dans son lit encadré de draperies en soie bleu pâle. Une belle journée s’annonçait, mais elle n’avait pas envie de se lever.
Elle avait très peu dormi cette nuit-là. Ce qui n’avait rien de surprenant… Comment aurait-elle pu trouver le sommeil après une pareille soirée ? Le grand bal donné par la duchesse de Streatley s’était terminé extrêmement tard. Et elle qui ne prenait jamais d’alcool avait commis l’imprudence de boire deux doigts de champagne. Oui, seulement deux doigts… Mais il n’en avait pas fallu davantage pour lui faire voir la vie en rose.
Et c’était alors que, sans trop réfléchir, elle avait accordé sa main à Henry Wentworth !
De retour chez elle, dans sa jolie chambre de l’hôtel particulier familial et une fois l’effet des bulles dissipé !
– , elle s’était demandé si elle n’avait pas précipité les choses…
Une longue nuit sans sommeil avait alors commencé. Pourquoi avait-elle accepté la demande en mariage de lord Wentworth ? Était-elle seulement amoureuse de lui ?
Il y avait maintenant près d’un mois que Henry Wentworth la poursuivait de ses assiduités. Elle pouvait être assurée de le rencontrer partout, qu’elle se rende dans une soirée, à un déjeuner ou à une garden-party. Et il lui était impossible de se promener à cheval dans Hyde Park sans qu’il se matérialise immédiatement à ses côtés…
Comme Valina ne souhaitait pas s’engager sérieusement, pas plus avec lui qu’avec un autre, elle évitait de se retrouver seule en sa compagnie. Elle s’arrangeait aussi pour ne pas lui accorder plus de danses qu’à un autre.
Et, soudain, tout était allé très vite. Trop vite ! Oh, ce n’était pas la première fois qu’on la demandait en mariage ! Mais, d’habitude, elle refusait gentiment…
Pourquoi deviendrait-elle la femme de lord Wentworth plutôt que d’un autre ? Certes, ce grand jeune homme blond aux yeux gris était séduisant et amusant…
« Mais suis-je amoureuse de lui ? » se redemanda-t-elle.
Au lieu de lui répondre tout de suite « oui », elle aurait mieux fait de dire qu’elle ne voulait pas prendre de décision avant de mieux le connaître. Hélas, elle avait perdu la tête ! Tout cela, à cause du clair de lune, des lanternes chinoises suspendues dans les arbres, du parfum des roses, de la musique… et de ces deux doigts de champagne !
Ne commettait-elle pas une terrible erreur ? Son intuition lui disait que c’était bien probable. Et puis il y avait dans tout cela quelque chose de bizarre… Mais quoi ? Peut-être se laissait-elle emporter par son imagination ?
Lord Wentworth était d’excellente famille, il était honorablement connu, il possédait un château dans la région de Cambridge… Honnêtement, que pouvait-elle demander de plus ?
Jusqu’à présent, elle avait toujours vu clair dans le jeu de ses nombreux soupirants. Ce n’était pas bien difficile ! La plupart de ceux qui mettaient leur cœur à ses pieds ne s’intéressaient en réalité qu’à sa dot. Sans parler de l’énorme fortune du comte de Marston, dont elle hériterait un jour…
— Tu deviens cynique, ma chère petite Valina, lui avait dit sa mère quelques années auparavant. C’est bien triste pour une adolescente !
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