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Extrait

Extrait ajouté par Veronique-392 2022-03-02T15:02:53+01:00

— C’est bon, le chien, tu es content, tu ne vois pas beaucoup de monde par ici !

Il vint se frotter contre leurs jambes, en passant de l’un à l’autre, frénétiquement.

Arrivé devant la porte du logis, le chien aboya un peu et fit sortir une vieille femme, aux cheveux blancs, le visage buriné et rougi par les intempéries, le soleil et peut-être le vin.

— Ah, c’est toi Raymond !

— Bonjour, Toinette. Elle, c’est Charlotte, une amie.

— Bonjour, madame.

— Oh, pas tant de « madame » ! Regardez comment je suis habillée ! Moi, c’est Toinette, enfin… je m’appelle Antoinette mais on m’a toujours appelée Toinette.

— Bonjour, Toinette, dit Charlotte, en lui tendant la main.

La vieille dame paraissait émerveillée de recevoir une aussi jolie femme, chez elle.

— Entrez vite, il fait pas chaud, dehors. Je vais vous faire déjeuner. J’ai préparé du café.

En pénétrant à l’intérieur, en effet, une bonne odeur, si familière dans la mémoire de Charlotte, lui rappela sa mère. Toinette les pria de s’asseoir au bout de la table, devant la cheminée noircie où brûlait déjà un bon feu. Elle examina la salle et y découvrit tout ce qu’on pouvait trouver dans une vieille maison de paysans : du mobilier vermoulu, des ustensiles rapiécés, des chaises bancales, à la paille effilochée, un plafond enfumé duquel pendaient quelques toiles d’araignées et des papiers attrape-mouches. Raymond expliqua à Toinette que Charlotte avait besoin de se cacher pendant trois ou quatre jours.

— Elle peut rester ici, le temps qu’il faudra, bien sûr, cette petite. Je vais m’occuper d’elle, tu peux être tranquille.

— Je vous remercie, Toinette. Je vous dédommagerai, pour tout…

Elle ne put terminer sa phrase :

— Il manquerait plus que ça ! Me payer ! Mais non ! Si Raymond vous a emmenée ici, c’est qu’il a ses raisons et il a bien fait.

Raymond l’embrassa.

— Merci, Toinette. Tu sais, elle a été très secouée, ces temps-ci. Elle a besoin de réconfort.

Il sortit les vêtements et les chaussures de son grand sac et les jeta, un par un, dans le feu qui les dévora, au fur et à mesure qu’ils tombaient, en exhalant une odeur désagréable. Tous les trois regardèrent le foyer purificateur et pour se justifier, Raymond, prenant la main de Charlotte et celle de Toinette, dit solennellement :

— Dieu nous pardonnera, parce que ce que nous faisons est juste. Charlotte sentit monter ses larmes. Alors, elle fixa le brasier, plus intensément. Toinette passa son bras sous le sien et le serra contre elle.

— Un jour, je t’expliquerai, Toinette.

— Je sais que tu es un homme bon, Raymond et je préfère que tu ne me dises rien.

Ils apprécièrent le bon café au lait et le pain pétri par la vieille femme, depuis plusieurs jours mais dont la saveur resterait inoubliable.

— Bon, je vais te laisser, Charlotte. Reste là, trois ou quatre jours, au cas où… Je viendrai te chercher.

— Ne t’en fais pas. Je m’occuperai d’elle !

Il embrassa Toinette, prit son sac et sortit. Elle s’élança derrière lui, dès qu’il eut franchi le seuil. Il s’arrêta et se retourna. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue.

— Merci, Raymond.

Surpris, comme elle était suspendue à ses épaules, il lui rendit son baiser, l’air hébété.

— Je ne veux pas que l’on te fasse du mal. Sois prudente. Si quelqu’un venait, par hasard, cache-toi là où tu sais.

— Toi aussi, répondit-elle, les yeux humides.

Elle vit s’éloigner, puis disparaître sa grande carcasse, au bout du chemin.

— Allez, viens, Charlotte, tu vas attraper froid !

— Vous êtes trop bonne, Toinette, je ne l’oublierai jamais.

— Tu n’es pas la première personne qu’il emmène ici. Il en a sauvé des gens, tu sais, même qui venaient de loin.

— Vous le connaissez bien.

— Je l’ai vu naître. Ses parents habitaient une ferme, à trois kilomètres d’ici, plus près de la route que nous. Raymond venait voir souvent notre fils, Bernard. Ils étaient presque du même âge. Quand ils étaient petits, ils jouaient ensemble et plus tard, ils chassaient tous les deux. Des fois, il nous aidait pour s’occuper des vaches ou pour faire les foins et pour moissonner. Nous aussi, on les aidait. C’est loin, tout ça. Mon mari est mort, deux ans après la guerre et la grippe m’a emporté Bernard, il y a dix ans. Paix à leur âme ! dit-elle, les yeux rougis, tournés vers le ciel. À treize ou quatorze ans, il nous aidait bien, car sans mon mari, c’était très dur, et quand mon petit est mort, il m’a toujours soutenue. Il passait presque tous les jours et me rendait service. Je l’aime comme un fils ! Sans lui, je me serais laissée mourir. Ses parents sont morts, aussi, l’un après l’autre, depuis cinq ans. Il habite encore chez eux mais il vient voir si j’ai besoin de quelque chose, dès qu’il peut, parce qu’il a son travail, en ville.

— Oui, je sais, il est maçon, comme mon père mais lui et maman sont décédés, aussi.

— Ma pauvre petite !

— Voulez-vous que je vous aide à faire quelque chose ?

— Non, tu n’es pas ici pour travailler ! Tu sais, malgré mon âge, je peux encore me débrouiller. Je n’ai que deux vaches, juste pour le lait et le beurre et un veau, de temps en temps. Avec la volaille et un peu de jardin, je m’en sors.

— Vous êtes courageuse ! Donnez-moi quand même une tâche à accomplir, pour me changer les idées.

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