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La franc-maçonnerie française, loin d’être la fille illégitime de la maçonnerie anglaise et de la laïcité annoncée par quelques exégètes égarés, est d’abord l’héritière de la maçonnerie des origines au sens conceptuel comme d’un point de vue historique.
Fixée par les disciples d’Isaac Newton, scientifique rationaliste et alchimiste méconnu, la franc-maçonnerie spéculative ne naît pas d’une transmission ou d’une transition avec la franc-maçonnerie opérative, celle des bâtisseurs de cathédrales ou de pyramides. David Stevenson puis Roger Dachez ont démontré l’absence de lien formel entre la création de la franc-maçonnerie moderne en Angleterre et les corporations. La situation est différente en Écosse, mais reste marginale dans l’histoire de la franc-maçonnerie.
En fait, la franc-maçonnerie spéculative se crée sui generis pour des raisons essentiellement politiques. Dans une Angleterre brisée par les guerres de religion et les guerres civiles, Newton et ses amis de la Royal Society tentent d’établir un espace permettant d’abord le progrès scientifique. Fille du peuple de l’Encyclopédie et de la Réforme, de l’imprimerie et du doute, la franc-maçonnerie se conçoit ensuite comme un espace de liberté et de débats pour promouvoir le progrès social.
En 1717, juste après la tentative des Jacobites (partisans de Jacques Stuart) de reprendre le pouvoir, les quatre premières loges (L’oie et le gril, À la couronne, Au pommier, Au grand verre à la grappe et au raisin, du nom des tavernes dans lesquelles elles se réunissaient) se fédèrent en une première Grande Loge, celle de Londres.
En 1723, sous l’égide du pasteur James Anderson, elles se dotent d’une première constitution composée d’une dédicace et d’un texte dénommé « Histoire, Lois, Obligations, Ordonnances, Règlements et Usages de la très respectable confrérie des Francs-maçons acceptés » qui a valeur universelle. Cinquante-deux loges sont dénombrées cette année-là.
Mais les tensions entre les diverses branches de la maçonnerie anglaise sont fortes. Des dissidences, notamment à York, sont enregistrées. Dès 1738, Anderson doit corriger son texte et admettre l’obligation de croire en un Dieu révélé. Malgré cela, en 1751 se crée une obédience concurrente. Une véritable guérilla maçonnique s’ensuivra jusqu’à la création en 1813 de la Grande Loge unie d’Angleterre.
À l’issue de cette fusion, les deux branches de la franc-maçonnerie universelle se référeront au fondamentalisme moderne de la Grande Loge unie d’Angleterre ou à la vision adogmatique du Grand Orient de France pour les tenants des principes d’origine.
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