Extrait

— Nicki a de la chance d’avoir une mère comme toi, lui dit Marcello ce soir-là.

Ils venaient de quitter la chambre de leur fille et descendaient pour dîner à leur tour. Une réponse insensée lui vint aux lèvres, qu’elle retint aussitôt.

— Je ne pourrais imaginer de vivre sans elle, se contenta-t-elle de répondre.

— Il y a une solution.

— Que veux-tu dire par là ?

— Reste ici.

En proie à un immense désarroi, Shannay fut forcée de fermer les yeux un instant.

— Avec toi ? Je ne crois pas, dit-elle après avoir repris ses esprits.

— Le manoir est grand. Tu pourrais y mener une vie agréable. Et tu ne serais jamais séparée de Nicki.

— Une vie agréable ? répéta-t-elle avec incrédulité.

— Un compte en banque personnel illimité. Des bijoux. Toutes les voitures que tu pourrais désirer. Un garde du corps à tes ordres. Tout ce que l’épouse d’un homme fortuné est en droit d’attendre.

Shannay eut envie de le gifler.

— Tu crois que j’ai envie de vêtements dessinés par des grands couturiers ? De bijoux de chez Cartier ? riposta-t-elle, hors d’elle. De passer mon temps à assister à des galas ? Tu crois que ça me plaît de m’exhiber ? Que je rêve de vivre dans un manoir luxueux et de devenir ton épouse modèle, dans et en dehors de ta chambre ? Tu penses que tout cela m’intéresse ?

Marcello semblait la contempler avec un certain amusement.

— Même pas la chambre ?

— Non.

Toutefois, elle ne pouvait nier qu’elle venait de mentir.

— Dans ce cas, j’aimerais que tu m’expliques pourquoi.

Elle redressa fièrement le menton et le regarda droit dans les yeux. Si seulement il était possible de revenir en arrière, de retrouver l’amour qu’ils avaient partagé autrefois, et non cette association forcée qui les liait désormais.

— Tu crois pouvoir tout acheter, n’est-ce pas ? lança-t-elle d’un ton farouche. Que tout a un prix, même moi. Eh bien tu te trompes ! Quant à ta proposition… Oublie-la !

Elle s’interrompit un instant afin de reprendre son souffle.

— Même pour l’amour de Nicki, je n’accepterais pas de me retrouver piégée dans un mariage bidon, ajouta-t-elle avec mépris.

— Je vois que tu ne m’as pas compris, dit-il d’une voix calme en haussant des sourcils moqueurs. Il ne s’agit pas seulement de partager le même toit, mais aussi la même chambre, le même lit.

— Tu veux dire que tu m’offres le sexe en prime ?