Extraits

Extrait du roman Leaurélia & les Gardiennes de la vie

Iliéna s'étend sur le lit sans même prendre une douche. Son corps est vraiment perclus de fatigue, et Lhiréou ne peut lutter contre la fatigue musculaire et nerveuse qui commande le sommeil dans lequel plonge rapidement Iliéna.

— Bravo, souffle Lhiréa à sa sœur, tu as pris le contrôle du corps d'Iliéna presque aussi facilement que ta doublure bionique, LhiréouB.

— Merci du compliment, mais je suis presque aussi fatiguée qu'Iliéna. C'est quand même une attention de chaque instant !

— J'espère qu'il te reste encore un peu d'énergie. Nous devons impérativement mettre à profit les quelques heures de repos d'Iliéna pour élaborer une stratégie avant que Julien ne reprenne l'avion pour la France. La Conférence Mondiale de l'ONU sur le climat, ici à Cancún, est terminée.

— Comment vois-tu la suite avec notre glaciologue ? `

Demande Lhiréou, dialoguant du corps endormi d'Iliéna via l'Interface bionique que les Gardiennes de la Vie lui ont implantée.

— Nous savons, depuis l’étude anatomique d'Iliéna, que les femmes humaines portent en elles un stock de cellules/œufs appelées ovocytes. Iliéna, qui est encore une jeune fille dans l'espèce humaine, en produit chaque mois. Nous pourrions lui en prélever facilement.

— D’accord Lhiréa, mais nous devrons la transporter au vaisseau, dès son réveil.

— Pas si facile, en fait les ovocytes d'Iliéna ne contiennent que la moitié du matériel génétique de l'espèce humaine. Ils contribuent à la mise en place de la cellule originelle qui deviendra embryon.

— Et où se trouve l'autre moitié ? Lhiréa.

— Chez Julien très précisément. Les hommes détiennent le complément du matériel génétique nécessaire au déclenchement de la division cellulaire. Celle-ci conduit à l'embryon et il se développe à l'intérieur du corps de la femme.

— Je comprends ! Ton projet est de faire porter un embryon par Iliéna.

— Comment veux-tu faire autrement, nous n'avons pas d'autre femelle humaine sous la main. Iliéna portera un embryon génétiquement modifié, continue Lhiréa

Les femmes de la Terre sont, pour nous, Leauréliennes, extraordinaires. Elles font pousser, pendant 9 mois, comme une excroissance au sein d’elles-mêmes, un double de leur espèce en quelque sorte. Avec tous les dangers que cela comporte, elles vont l’expulser, je dirai même l’extirper de leur corps.

J'ai le projet de modifier ce processus, en raccourcissant la durée de gestation, pour permettre à l'embryon de continuer son développement en dehors du corps dans une enveloppe qui contiendra le placenta nourricier.

La naissance sera ainsi plus simple. La femme pondra un œuf qui sera plus rapide à éjecter qu'un corps entier dont j'ai pu constater le passage difficile, du ventre de la mère à l'air libre. Il provoque souvent des traumatismes à la fois chez la mère et chez l'enfant.

Les bébés pourront naître ainsi dans des couveuses d'eau de mer tempérée. Elles permettront leur adaptation à la vie aquatique.

— Finalement, tu as le projet de leur donner un petit air de famille de "Leauréliens", souligne Lhiréou. Remarque, je ne suis par contre, cela nous a bien réussi !

— Cette adaptation à la vie aquatique pourra surtout permettre à l’espèce humaine de se développer dans et sous les océans pour échapper à une terre stérilisée par le volcanisme qui se déchaînera sur la Terre.

— Avant tout ça, le matériel génétique de Julien te sera nécessaire. Comment comptes-tu le prélever ? Lhiréa.

— En fait, comme toujours, la nature est bien faite. Il devrait te l'apporter sans que tu lui demandes.

— Soit plus explicite, Lhiréa je sais comment les mâles Leauréliens s'y prennent, mais pour les Terriens je ne vois pas.

— L’évolution sur terre a conduit à l’émergence de mécanismes simples qui sont les mêmes pour tous les mammifères, dont fait partie, bien sûr, l'espèce humaine. Le matériel génétique des mâles est transporté par une semence liquide qui emprunte la même voie que celle prise par l'embryon en fin de développement.

— Cela ne me dit pas pourquoi il pourrait spontanément apporter son matériel génétique, à Iliéna.

— L'attirance physique, Lhiréou. J’espère que tu as compris que Julien n’était pas insensible à tes charmes.

— Oui et non répond Lhiréou. À y réfléchir, Iliéna trouve un certain plaisir à se retrouver dans les bras de ce beau jeune homme. Pour notre mission c'était bien utile, certes, mais comme Leaurélienne cela ne me touche pas plus que cela.

— En fait, dans l'espèce humaine, l'attirance physique détermine souvent la nécessité du transfert de matériel génétique, même si les intéressés n'en ont pas réellement conscience.

— Lhiréa, tu penses que Julien me fera don de son patrimoine génétique !

— J'en suis certaine. Concrètement, c'est bien ainsi au final qu'il faudra nommer les choses, mais au départ je ne crois pas que cela soit sa motivation première. Lhiréou, à l’instant, tu parlais du plaisir ressenti par Iliéna dans les bras de Julien, la motivation chez notre cher glaciologue se situera plus de cet ordre-là.

— C'est bien complexe tout ça, Lhiréa. Je récapitule. Il faut donc, chez les humains, que l'homme éprouve du plaisir pour transmettre sa semence liquide dans le corps de la femme.

— Dans notre cas, Lhiréou, c'est plus que nécessaire, nous ne pouvons pas transférer le beau Julien au vaisseau pour l'opérer et lui prélever cette précieuse semence, il est plus judicieux de laisser faire la nature.

— Mais je n'ai jamais appris à faire ce transfert avec Iliéna. De plus, chez nous, sur Leaurélia, c'est complètement différent. La fécondation des œufs a lieu dans notre bouche et nous les recrachons après une très courte période d'incubation dans les bassins d’élevage.

— Ne t'inquiète pas plus que cela, Iliéna saura très bien s’y prendre. Cela fait partie de ses acquis, comme la marche par exemple. Tu n’as pas eu besoin de lui apprendre à marcher ou à manger, cela se passera de la même façon.

— Tu as l'air d'être si sûre de toi Lhiréa. Je te fais confiance pour cette opération de récupération de matériel génétique.