Extrait

atient à quatre pattes? Aucun, je pense bien! Les vaches, par exemple, sont des championnes toutes catégories d'absorption de fil barbelé et autres cochonneries à disposition, pour le grand malheur de leurs propriétaires.

Le cas le plus notable que j'ai pu rencontrer est celui d'un jeune chiot de cinq-six mois. Il vomissait sans cesse, ne gardait aucun aliment, son maître me l'a donc amené. On le passe à la radio, et on aperçoit aussitôt un gros caillou dans son estomac, si gros que le chien n'arrivera pas à le vomir. Pas d'hésitation, je l'opère et extrais le caillou en un tour de main.

Six mois plus tard, le même monsieur revient avec le même chien, pour les mêmes symptômes. Caillou similaire sur la radio. Nouvelle opération de l'animal. Extraction réalisée.

Je signale au propriétaire du chien qu'il serait bien que son chien évite de manger des cailloux, autant que faire se peut.

Mais, quelques mois après, rebelote. Une troisième fois! Vomissements toujours, caillou encore, et nouvelle opération in fine . Sur réopère le chien.

Le maître de l'animal n'en peut plus, il est excédé. Il m'annonce: «La prochaine fois, s'il recommence, on le pique. »Je plaide la cause du chien, sans succès.

Et puis le temps passe, plusieurs mois s'écoulent, pas de nouvelles de ce client. Un jour, je le croise dans une rue de Deauville.

«Alors, comment va votre chien mangeur de pierres?

- Il va bien, me répond-il, il a arrêté d'en manger. »

Devant mon air interrogatif, il raconte:

«Ne répétez surtout pas ce que j'ai fait! J'ai mis un caillou dans la cheminée, je l'ai laissé chauffer et, quand il a été bien brûlant, je l'ai pris avec des pincettes et l'ai jeté dans mon jardin. »

Le chien s'est jeté dessus, comme à l'accoutumée. Et bien évidemment, il s'est brûlé. Et il n'a plus jamais touché un caillou.