Extrait

J’ai hâte de voir sa réaction. Théo ricanait intérieurement.

Jetant un dernier regard à l’expression de détresse qu’elle arborait, il ouvrit la porte. Cebo le dépassa, détectant une nouvelle personne dans la pièce.

Théo regarda Jade avec une excitation à peine contenue.

— Un chien ! s’exclama-t-elle, et son visage s’illumina d’un large sourire.

Alors que Cebo la chargeait à un rythme qui aurait fait hurler n’importe quelle femelle, Jade tomba à genoux, les bras écartés.

Théo resta bouche bée. Cebo lui léchait le visage ! Il lui mettait de la bave partout ! Toute autre femelle aurait été consternée.

Elle aurait exigé que l’animal quitte la maison.

Jade, cependant, était par terre avec Cebo. Elle le câlinait et quand il roula sur le dos, elle lui frotta le ventre, tout en souriant et en lui parlant d’une voix aimante.

— Oh le beau toutou ! Bon chien.

Jade se redressa et le regarda, perplexe.

— Comment peux-tu avoir un chien ? Il y a des chiens sur cette planète ?

— Cet animal n’est pas originaire de cette planète. Je l’ai acheté à un éleveur exotique.

Le seul animal qui avait attiré l’attention de Théo sur le vaisseau du négociant ressemblait à un animal terrien ! Quelles étaient les probabilités ?

— Eh bien, il ressemble beaucoup à un chien, dit-elle en inclinant la tête pour étudier Cebo. Je n’ai jamais vu de chien avec une langue comme ça. Ses yeux sont un peu bizarres aussi. Il est aussi beaucoup plus grand que les chiens normaux, mais il leur ressemble assez.

— Alors, tu l’aimes bien ? croassa Théo.

— Oh, j’adore les chiens, dit-elle sans quitter Cebo des yeux. Quand j’étais petite, on avait toujours au moins un chien à la maison. J’avais prévu d’aller à la fourrière pour en sauver un dans quelques semaines en fait.

— En sauver ?

Elle aime les animaux et elle les protège aussi ?

Le sourire de Jade s’effaça.

— Oui. Sur Terre, il y a des tas de chiens sans foyer. Les gens ne veulent pas qu’ils se promènent librement dans la rue, alors ils les attrapent et les mettent dans des fourrières. Si personne ne les adopte au bout d’un certain temps, de nombreux endroits les euthanasient.

— Les euthanasient ? C’est-à-dire ?

Elle plaça une main sur le côté de sa bouche et chuchota comme si elle ne voulait pas que Cebo entende :

— Ils les tuent.

— C’est barbare, cracha Théo.

— Je suis d’accord, mais malheureusement, beaucoup de choses sur ma planète sont assez barbares.

Théo secoua la tête pour essayer de revenir au sujet.

— Ça ne te dérange pas de le garder avec toi ? Tout le temps ?

— Maintenant que je sais qu’il est là, je ne veux surtout pas qu’il s’en aille. Est-ce qu’il peut dormir dans ma chambre ? supplia-t-elle.

Théo poussa un soupir défait.

— Je suppose.

Elle se leva et courut vers les escaliers.

— Viens voir ma chambre, Cebo !

Cebo courut derrière elle avec joie.

Quand elle fut hors de vue, Théo se laissa tomber sur le canapé. Il était déconcerté. La présenter à Cebo était censé l’exaspérer. L’ennuyer au moins. C’était censé être la première étape pour rendre son séjour intolérable.

Elle l’aimait bien. Non, elle l’aimait tout court. Théo se gratta la tête.