Extraits

Verakko les avait emmenés dans son atelier, où il fabriquait toutes sortes de gadgets.

— Je ne comprenais déjà rien à la technologie sur Terre, alors je ne vois pas pourquoi j’aurais l’illumination ici, déclara Jade en se penchant pour saluer Laura, qui gloussa et produisit une impressionnante bulle de morve. La petite fille avait de légères marques nacrées sur toute la peau ainsi que des cheveux roux, tout comme Jade.

Un bruissement retentit dans les arbres, et Lily se retourna, tenant sa torche bien haut. Elle s’accroupit, prête à courir ou se battre, selon la situation. Le bruissement s’intensifiait et elle scrutait la forêt sombre, essayant de distinguer des signes de mouvement. Mais elle ne voyait rien. Un craquement de branches la fit sursauter, et elle réalisa que le son ne venait pas de devant elle, mais d’en haut.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Un grand fracas retentit au-dessus de sa tête. Elle s’écarta précipitamment, rampant à toute vitesse et se griffant les côtes comme son pantalon descendait sur ses hanches fines. Le poids de ce qui était tombé heurta le sol assez fort pour faire vibrer la terre sous ses pieds. Elle s’éloigna, en essayant de garder en vue la masse sombre et informe qui était tombée du ciel. Elle atteignit sa torche encore allumée et était sur le point de s’enfuir, quand un gémissement émana de la forme.

Lily se figea. Son pouls battait la chamade et sa respiration était laborieuse. On aurait dit une personne. Un homme. Elle ne savait pas quoi faire. L’adrénaline l’incitait à fuir, mais elle résista. D’un côté, elle n’avait vu personne depuis Alex et elle avait désespérément besoin d’aide. Mais de l’autre, elle n’avait aucun moyen de savoir si cette… chose… était un homme. Et même si c’était le cas, ne courait-elle pas un plus grand danger avec lui que toute seule ?

Est-ce que j’ai vraiment atteint un point où je ne m’en soucie plus ?

Lily fit taire cette pensée dès qu’elle lui vint. Elle ne se souciait peut-être plus de son bien-être, mais elle devait remonter les traces d’Alex, quelles qu’elles soient. Elle devait faire tout son possible pour retrouver son amie.

La forme en face d’elle restait immobile. Oh, merde. Est-ce qu’il est mort ? Elle s’empressa d’aller voir.

En s’approchant, elle ralentit et examina la créature. Levant sa torche, elle distingua un grand dos musclé, vêtu d’une chemise à manches longues et d’un pantalon noirs. Lily déglutit. C’était bien un homme. Le faible mouvement de son dos lui confirma qu’il respirait toujours.

Peut-être venait-il d’un village voisin et pouvait-il l’y conduire ? Elle regarda ses larges épaules. Mais comment était-il arrivé là ? Il n’avait pas d’ailes. L’un des hommes qui l’avaient retenue prisonnière dans le bunker en avait. Lily frissonna, un regain de prudence tempérant son excitation de voir quelqu’un.

Elle tâtonna le sol avec sa main et trouva une petite pierre. Elle la lança dans son dos et retint son souffle. Rien. Ensuite, elle s’approcha avec un long bâton et tenta de le faire réagir avec. Il resta immobile.

C’est ridicule. La seule personne qui pourrait avoir des réponses sur l’endroit où Alex avait pu aller était peut-être en train de mourir lentement parce qu’elle avait trop peur pour s’approcher. Lily prit une profonde inspiration, rassemblant son courage, et s’approcha de l’homme. Elle s’agenouilla à côté de sa silhouette massive et le fit rouler sur le dos. Il émit un nouveau gémissement de douleur, mais resta immobile. La douce lueur de la torche illuminait ses traits, et elle eut le souffle coupé. C’était un extraterrestre, indiscutablement, mais il ne ressemblait à aucun des autres qu’elle avait vus avant.

Sa peau était d’un bleu marine profond, mais prenait un vert plus clair à certains endroits où de petites coupures et éraflures apparaissaient. Ses oreilles étaient longues et pointues, avec de légères perforations comme s’il portait habituellement des boucles d’oreilles. Lily inclina la tête pour observer sa mâchoire carrée, son nez droit et ses pommettes hautes. Avait-elle déjà vu un visage aussi parfaitement sculpté ? Ses sourcils sombres étaient froncés et ses lèvres pleines tressaillaient. Elle avait envie de lisser son front.

Et son odeur… Ses vêtements sentaient l’air frais et la noisette, mais il y avait une odeur sous-jacente qu’elle n’arrivait pas à identifier. Plus elle s’efforçait de mettre le doigt dessus, plus elle lui échappait. C’était comme chasser le souvenir d’un rêve.

Elle secoua la tête. Reprends-toi.

Lily inspecta son corps, à la recherche de blessures. Voyant qu’il restait immobile, elle devint plus audacieuse dans sa recherche. Son épaule était démise, probablement le résultat de cette chute. Elle eut une grimace de compassion. Ça allait faire un mal de chien de la remettre en place. En s’aventurant plus bas, elle découvrit que le côté de sa chemise était humide. En le soulevant, elle vit une profonde entaille dans sa hanche. Du sang, rouge comme le sien, suintait d’une blessure vert pâle. Le flux était assez lent pour qu’il n’en meure pas de sitôt.

Lily resta accroupie. Elle devait prendre une décision. Soit le laisser là et partir dans la nuit, soit le ramener au camp et l’aider.

Et si c’était l’un de ces hommes qui aiment enfermer les femmes ? la mit en garde son esprit.

— Et s’il ne l’est pas ? répondit-elle dans un murmure.

Soudain, elle se souvint du commentaire d’Alex sur les extraterrestres qui les avaient mises en cage pour les manger, et son estomac se retourna.

Enfonçant sa torche dans la terre près de sa tête, elle rampa sur l’homme et souleva soigneusement sa lèvre supérieure. Ses canines étaient pointues. C’étaient plutôt des crocs. Tout son sang parut lui monter à la tête et ses oreilles bourdonnèrent. Peut-être qu’ils élevaient des humaines comme mets de choix pour les extraterrestres. Seuls les prédateurs avaient des dents comme ça.

Un grognement résonna dans sa poitrine. Le souffle court, elle se retrouva face à des yeux vert brillant. Des yeux alertes, furieux et concentrés sur elle. Avant qu’elle ne puisse s’enfuir, il saisit sa main, qui était encore au-dessus de sa bouche, et la retourna sur le dos. Il ramena son autre poignet au-dessus de sa tête, la dominant.

Ses crocs acérés étaient dénudés et brillaient à la lumière du feu. Lily se cabra, essayant de le déséquilibrer, mais il était trop lourd et elle n’avait pas assez d’énergie pour se défendre comme elle savait le faire.