Extraits

On nous a fourni des vêtements kalixiens, et je possède également plusieurs habits que j’ai achetés sur Wauru. Je décide de porter l’une des premières tenues aujourd’hui : une robe vert foncé dans un tissu ressemblant à de la soie. Je n’avais pas vraiment l’habitude de mettre des robes sur Terre, mais je dois avouer que j’apprécie la façon dont celle-ci met en valeur mes courbes. Cela me donne un petit élan de confiance, et j’espère que cela nous permettra à Lucy et à moi de nous fondre un peu mieux dans la masse en marchant dans les rues de Jocia.

Ha. Compte là-dessus. Déjà, on n’a pas de cornes, ni d’yeux qui changent de couleur.

Et en plus, nous sommes des femmes, ce qui nous fait davantage sortir du lot.

— Jolie, déclare Lucy à mon retour dans le salon de mon logement.

Elle porte également une robe, et je fais de mon mieux pour ne pas être jalouse de sa façon si gracieuse de se mouvoir dedans. En tant qu’ancienne strip-teaseuse sur Terre, elle possède une aisance naturelle que j’aimerais tant avoir. Je suis plutôt le genre de personne qui se considère victorieuse lorsqu’elle parvient à marcher en ligne droite sans trébucher.

C’est une superbe journée à Jocia, la capitale de Kalix. Il fait chaud et il y a un petit vent. Lucy et moi prenons notre temps pour nous rendre à la maison de Rose et Tordax. Contrairement au reste d’entre nous, Rose, Harper et Autumn vivent toutes avec leurs partenaires.

Une petite pointe d’envie monte en moi en pensant à ça. C’est ça que je veux. Pas forcément une maison dans laquelle vivre. Mais quelqu’un avec qui la partager. Un compagnon.

Aucune de nous ne croyait en cette affinité au départ. Mais après avoir vu trois couples d’extraterrestres et d’humaines tomber follement amoureux l’un de l’autre, il est difficile de nier la vérité. Ce lien mystique auquel croit les Kalixiens existe bel et bien.

Lucy et moi bavardons de façon amicale sur le chemin, en tournant nos têtes ici et là pour observer notre environnement. Les bâtiments de Jocia sont un mélange intéressant de structures rustiques et d’édifices extrêmement modernes. Cette juxtaposition est en adéquation avec ce que j’ai moi-même vu de cette planète : une forêt considérablement sauvage avec une seule capitale bâtie qui se dressait en son milieu.

— La vue est meilleure ici que sur Terre, hein ? murmure Lucy en me donnant un petit coup de coude.

Je rougis. En effet, elle ne parle certainement pas de l’architecture.

Les rues sont bondées, et il est difficile de ne pas fixer du regard les hommes qui défilent devant nos yeux. Je croyais m’être habituée à la vue des guerriers kalixiens lorsque nous étions à bord du vaisseau et que nous habitions sur Wauru avec la Force Alpha.

Mais la vérité, c’est qu’ils me coupent toujours autant le souffle.

Certains hommes affichent le style des guerriers, ne portant rien d’autre qu’un pagne. Ce sont eux les plus difficiles à ne pas regarder. Ils sont tous musclés et incroyablement séduisants, avec leur peau bronzée luisant au soleil et leurs cornes scintillantes. D’autres sont vêtus de pantalons cintrés et de tuniques qui semblent être à la mode dans la capitale et qui ressemblent un peu plus à la tenue que portait le prince Khrelan quand je l’ai vu pour la première fois.

Aucun n’est aussi irrésistiblement somptueux que les guerriers de la Force Alpha, mais il n’y en a aucun de moche parmi eux.

— Personne n’est aussi séduisant que Tycran, ajoute Lucy avec un petit soupir. Mais bon sang, je ne crois pas connaître un seul mec sur Terre qui arriverait à la cheville de ces hommes.

Je dois dire que je suis d’accord là-dessus. Leurs cornes étaient un peu choquantes au début, mais elles ajoutent certainement à la beauté étrange de ces hommes extraterrestres.

C’est une sensation un peu écrasante, surtout parce qu’il n’y a aucune femme en vue. Je sais que quelques-unes sont toujours en vie, mais d’après ce que j’ai entendu dire, elles sont toutes d’âge avancé et abritées quelque part, presque vénérées et adorées par la société kalixienne. Il y a peu de chances d’en voir une se promener dans la rue.

— Alors ? Qu’est-ce que tu en penses ? dit Lucy en jetant un œil vers moi. Il n’y a personne qui t’accroche l’œil ? Tu devrais parler à l’un d’eux !

Mes joues sont en feu, et je secoue la tête vigoureusement.

— Euh, pas maintenant. Rose nous attend.

Oh, allez Emma. Tu ne trouveras jamais de partenaire si tu es trop timide pour les regarder, sans parler de les aborder, me réprimandé-je.

Je pourrais m’adresser à n’importe quel homme sur cette planète grâce à mon implant multilingue. Je n’ai aucune véritable excuse pour éviter une conversation, mais je n’arrive pas à imaginer ce que je dirais. Qu’aurions-nous en commun ? Comment pourrais-je intéresser l’un de ces séduisants hommes extraterrestres, si ce n’est par un effet de nouveauté éphémère ?