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« Je m'appelle Rose. Je suis née en ce même mois de juillet 1852 à la Maternité de Sainte-Pélagie, une vieille bâtisse toute décrépie où l'humidité était insoutenable. « Étuve en été, glacière en hiver », disaient les vieilles sœurs qui n'ont jamais oublié leurs misères. C'était la canicule. On se serait cru sous les Tropiques, à ce qu'elles m'ont raconté. Au matin de ma naissance - ou la veille, impossible de le savoir avec certitude -- un gigantesque incendie a rasé Montréal, détruisant tout sur son passage. Des odeurs de putréfaction et de brûlé enveloppaient la ville, lorsque Mère de la Nativité, celle-là même qui avait vu Noémi passer de vie à trépas, s'engagea dans les rues poussiéreuses et enfumées pour me reconduire, aussitôt née, à l'Orphelinat des Enfants trouvés, situé rue Saint-Pierre, non loin du port, à l'autre extrémité de la ville. En sa qualité de marraine, elle a apposé sa griffe au bas de mon certificat de naissance et m'a donné un prénom, le sien.
Si j'en parle, c'est parce que cette femme a compté dans ma vie. Bien que je l'aie trop brièvement connue, je pense souvent à sa tendresse et à sa générosité. Seule tache d'ombre, malgré mes suppliques, jamais elle n'a consenti à me dévoiler d'où je venais ni qui était ma mère. Même sur son lit de mort, elle s'entêtait à me répéter : « Tu es tombée du ciel, ma belle Rose. »
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