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Encore une fois, Enki évita le désastre. Sachant qu’Enlil, sa colère retombée, regretterait ce geste d’humeur, il se manifesta au plus sage et plus pieux de tous les hommes, Zisudra, et lui ordonna de construire un bateau gigantesque afin d’y embarquer en compagnie de sa famille, d’un couple de chaque espèce animale et des semences des plantes nécessaires à la vie humaine.
Durant sept jours et sept nuits, d’un ciel couvert de lourds nuages noirs, les eaux s’abattirent et submergèrent tout. Seuls survécurent Zisudra et les siens, grâce au stratagème d’Enki. Quand cessa le déluge, quand s’apaisa la surface tumultueuse et que s’en abaissa peu à peu le niveau, le bateau s’échoua au sommet d’une haute montagne. Ses occupants le quittèrent, sacrifièrent aux dieux et, sans tarder, se mirent au travail avec plus d’ardeur que jamais. Par eux, la Terre fut repeuplée. (...)
Enlil, soulagé au bout du compte d’avoir été contrarié dans son dessein, leur accorda la vie éternelle et les installa sur une terre idyllique au fabuleux pays de Dilmun, où ils vécurent depuis lors dans une félicité de chaque instant.
Chapitre 2
Afficher en entierAux temps anciens, disait la tradition – qui était vérité –, seuls les dieux existaient, et d’entre eux, certains possédaient un statut inférieur qui les contraignait à travailler durement afin de nourrir les autres. Si durement qu’un jour, harassés, poussés à bout, ils finirent par se révolter, menaçant l’ordre social divin au point qu’Enlil, leur maître à tous, envisagea d’abdiquer, ce qui aurait plongé l’Univers dans le chaos.
Enki le sage, par bonheur, imagina une autre solution : créer une race d’êtres d’argile et de sang qui accompliraient tous les travaux pénibles et, inférieurs par nature, n’auraient aucune raison de remettre en question l’autorité de leurs maîtres. Ainsi naquirent les hommes.
Les années passèrent. Les hommes se multiplièrent, tant et si bien qu’ils recouvrirent toute la surface de la Terre étendue entre le monde d’en haut et le monde d’en bas. Dans la frénésie de leur agitation, ils en vinrent à troubler le repos d’Enlil par un perpétuel vacarme. Excédé, oubliant quel conflit leur création avait permis de résoudre, le grand dieu décida de les annihiler et, à cette fin, de déchaîner sur eux les eaux du ciel.
Chapitre 2
Afficher en entierSi les anciens avaient écrit avec précision l’histoire de Zisudra au lieu de la raconter oralement, nous n’aurions pas eu besoin d’errer sur cette île pendant si longtemps. Nous serions allés droit au but.
Chapitre I
Afficher en entierL’aîné était sorti des entrailles de la femme légitime d’Irutu. Nul ne savait qui, dix ans plus tard, avait enfanté le cadet : leur père, prestigieux général de l’armée d’Uruk(1), l’avait simplement ramené avec lui au terme d’une affectation au pied de la grande montagne des cèdres, au nord-ouest, où il commandait la troupe défendant les bûcherons chargés d’expédier du bois de construction à la cité. Le lieu de sa naissance ainsi que ses oreilles très légèrement pointues, comme celles de certains êtres légendaires, lui avaient valu son nom d’Alad-gisheren, le Génie du cèdre.
Chapitre I
Afficher en entier(...) : les bras levés, les yeux fixés sur l’étoile d’Inanna, comme chaque soir première apparue au firmament, le prêtre chantait une prière en forme d’invocation fervente, et sa voix grave, rauque, ne cesserait de retentir qu’à l’ultime soubresaut du petit animal.
Chapitre I
XXXe siècle avant J.-C.
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