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NOUVEAU MONDE
STILV, AU SECOURS !
— Lassa, ne bouge plus. Tiens bon. Je coupe le champ gravitationnel. Encore quelques secondes… C’est bon…
La jeune fille qui se retenait fermement, désespérément aussi, au dernier barreau de la rambarde de sécurité, sentit ses jambes remonter et son corps s’aligner et flotter dans l’air, s’allégeant de cette impression d’être attirée irrésistiblement par le sol qui se trouvait tout de même à plus de trente mètres au dessous.
Lassa, qui avait appris à évoluer en apesanteur, attrapa une à une dans un mouvement coulé les différentes barres et se propulsa doucement pour ensuite flotter au dessus de la passerelle de surveillance qui circulait sur toute la longueur de la soute. Elle enclencha à sa ceinture le compensateur et ses semelles semblant attirées par le treillis métallique composant le sol la plaquèrent doucement sur le plancher des vaches.
— C’est bon, Stilv… j’ai repris pied.
Consciente d’être dans une situation inconfortable, elle rajouta : « Merci… »
— Écoute, Lassa, il y a 9 jours, 10 heures et 23 minutes, tu m’as demandé d’annuler la détection automatique de position qui me renseignait sur tes mouvements. Tu voulais, m’as-tu-dis plus de liberté, plus d’indépendance. Cependant, si tu n’avais pas appelé…
— J’ai appelé, Stilv. J’étais assise sur la rambarde et j’ai glissé. Je suis désolée, je ne le referai plus.
Lassa n’avait pas peur du vide et contempler d’aussi haut cet espace immense rempli de containers superposés lui donnait la vue la plus étendue possible sur l’horizon confiné du vaisseau.
— Rentre maintenant. Je t’attends en salle d’étude.
Lassa fit quelques pas avec l’impression de marcher dans de la terre saturée d’eau. Cela lui rappela les abords du marais artificiel dans la salle de l’écosphère. Elle coupa donc le compensateur, vérifia d’un bond que Stilv avait bien remis la pesanteur et se dirigea vers le sas au bout de la coursive.
Élancée, les cheveux noirs, longs, bordant un visage plutôt angulaire, le teint pale – par manque de soleil – et les yeux bleus, elle se trouvait pas mal suivant les critères de beauté qu’elle avait pu glaner de ci de là dans ses différentes imprégnations. « Disons que personne ne m’a jamais fait de compliment mais que cela ne m’empêche pas d’avoir un avis personnel. De plus, les goûts et les couleurs… » Pensait-elle lorsqu’elle se regardait dans la glace.
Elle enfila les couloirs, prit les ascenseurs, et se retrouva deux cent mètres plus loin et deux ponts au dessus dans la partie habitation. Elle connaissait les lieux par cœur pour y être née, il y a maintenant 14 ans.
Lassa se faufila jusqu’à la salle d’étude, y entra. Stilv apparut. L’hologramme d’un homme d’une trentaine d’année, qu’elle trouvait beau avec ses cheveux noirs, ses yeux noisette et son sourire chaud, se tenait près d’un fauteuil sur lequel elle s’allongea.
Stilv, l’ordinateur biotechnologique du vaisseau, avait intégré l’empreinte neurale de son père dans sa configuration initiale et son caractère ainsi que son apparence s’y étaient adaptés. Il était le tuteur de vie de Lassa, l’avait fait naître, l’avait maternée à travers une série d’androïdes utilitaires. Il s’était occupé d’elle, l’avait amusée, grondée, dirigée, nourrie, élevée.
Par contre, pour son enseignement, Lassa était aux mains de sa mère. Ce fauteuil d’imprégnation, autre entité intelligente du vaisseau, avait été nourri des connaissances de son monde, qu’elle ingurgitait 4 heures par jour sous la férule bienveillante de l’esprit de sa mère qui avait également modelé la machine.
— Tu es prête Lassa ?
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