Extrait

Le sourire de Brett s’effaça.

— Vous faites des comparaisons, ou quoi ?

— Pourquoi pas ?

Il la saisit brusquement par les épaules, la ramenant contre lui. Depuis le jour fatal où il l’avait embrassée, elle n’avait cessé de le hanter, comme un démon tentateur. Elle s’était insinuée dans son sang pour le tourmenter. La vue de Sabrina dans les bras d’un autre homme avait déclenché dans son esprit et dans son corps une série de violentes réactions.

— Voilà un nouvel échantillon de mon art ! souffla-t-il.

Il prit possession des lèvres frémissantes de la jeune fille,qui enroula spontanément ses bras fluides et dorés autour de son cou tout en pressant son corps tiède contre le sien. Sa brusque capitulation apaisa la colère de Brett. Il étreignit rageusement le corps souple et léger qui frétillait dans ses bras.

— Ouvre la bouche ! ordonna-t-il d’une voix rauque. Je veux te savourer.

Secouée d’un frisson, elle obéit. La langue de Brett se glissa entre ses lèvres entrouvertes.

Sabrina avait les jambes en coton. Ses tempes bourdonnaient. Une chaleur intolérable se répandit au creux de ses reins. Sa réponse inexpérimentée à son baiser mit Brett dans un état proche de l’extase. Jusqu’à présent, il avait évité soigneusement de choisir ses partenaires parmi les parentes de ses amis. Ses préférences allaient vers des femmes plus âgées, qu’il comblait sans amour.

Réalisant subitement qu’il venait encore une fois de trahir ses principes, il se détacha de Sabrina.

— Cela te suffit ? dit-il, avec un sourire ironique au coin des lèvres.

Sabrina avait l’air d’émerger d’un rêve. Elle leva sur Brett un regard absent chaviré par le désir, ses lèvres mouillées frémirent, après quoi elle parut encaisser l’impact de ses paroles. Soudain, sa main se leva et s’abattit sur le visage masculin :

— Goujat ! Mufle !

Il porta les doigts vers la marque rouge de la gifle.

— Pour une gosse, tu tapes fort !

— Ne m’appelez pas ainsi ! hurla-t-elle.

— Je dois admettre que tu n’embrasses pas comme une gosse ! dit-il, imperturbable.

Avec un cri étouffé, elle fit demi-tour et s’élança vers la maison. Par bonheur, la cour était déserte. Sabrina regagna sa chambre en fulminant. Pendant combien de temps allait-elle supporter l’attitude injurieuse de cet individu ?

Son plus cher désir, c’était de le voir déguerpir. Sa seule pensée lui donnait des envies de meurtre.

« Qu’il aille au diable ! » jura-t-elle.