Extraits

Loin de la vie réelle de vos sujets, vous faites construire un décor de campagne fidèle à vos rêveries. Vous faites même figurer les lézardes pour que le faux-semblant soit parfait. Pardonnez-moi, mais vous m'attristez, chère Reine. Comment pouvez-vous à ce point vous jouer de l'infortune de vos sujets. Je n'ignore pas vos largesses à leur égard : vous avez soutenu financièrement de nombreuses familles accablées par le malheur. Mais j'aurai tant aimé que vous descendiez de votre nuage, que vous donniez l'exemple d'une reine moins oisive, plus attentive et généreuse. L'opinion s'en serait sûrement retournée.

Dans la fougue de la jeunesse, vous avez été rebelle à l'étiquette rigide et étouffante de Versailles. Vous avez été insouciante, amoureuse, dépensière au zénith de votre vie. Votre désinvolture a même choqué. Vous avez été autoritaire, rigide, calculatrice, lorsque votre ciel s'est assombri. Vous vous êtes accrochée à vos privilège sans comprendre que le vent avait tourné. A votre décharge, vous n'aviez aucun repère. Aucune royauté européenne n'avait encore été déchue par son peuple.

Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien.

[extrait de la lettre écrite par Marie-Antoinette à sa belle-sœur, juste avant son exécution]

Paris, 16 octobre 1793, vers midi

Je suis arrivé au milieu de matinée sur la place de la Révolution, ancienne place Louis XV. Votre mise à mort réveille en moi mille questions. Dois-je vous plaindre ou vous reprocher vos erreurs ? Les hommes et les femmes qui m'entourent ne sont pas aussi cléments envers vous, Marie-Antoinette. Ils n'ont que des injures à la bouche.