Extrait

La veille de l’arrivée de Celia, Angela se réveilla à l’aube. Elle savait ce qu’elle devait faire ce jour-là. Parler de la lettre à Nick. Puis aux enfants. Cela ne pouvait plus attendre. Elle avait besoin d’en gérer les retombées pendant qu’ils étaient entre eux, sans la présence de Celia ou de tout autre étranger à la famille.

C’était la loi de Murphy qui voulait que Nick, maintenant qu’elle avait décidé de tout lui dire, soit absent. Elle avait dormi seule. Il était parti camper une nuit à l’autre bout du domaine avec Johnny, pour y couper des arbres – où était-ce pour réparer la clôture ? Elle avait été trop préoccupée pour y prêter attention quand il le lui avait dit.

Au cours des dernières vingt-quatre heures, elle avait reçu quarante nouveaux mails en réponse à sa lettre de Noël. Ils oscillaient entre inquiétude et étonnement au sujet du bail minier, entre compassion et amusement quant au reste. Joan lui avait révélé que nombre de leurs voisins l’avaient appelée pour lui demander si Angela allait bien. Ils n’avaient pas osé téléphoner chez les Gillespie. Elle avait aussi reçu une flopée de réponses à son invitation pour la fête. Là encore, Joan avait vu juste. Alors qu’elle avait craint que personne ne vienne, Angela se demandait à présent s’ils auraient assez de place et de nourriture pour tout le monde.

La journée s’écoula lentement. Nick rentra finalement à 16 heures. Elle lui avait préparé un thé pendant qu’il prenait une douche et se changeait. Des sandwichs. Des gâteaux. Il parut surpris mais mangea et but tout ce qu’elle lui avait préparé. Il était toujours affamé quand il avait passé la nuit dehors. Elle posa les questions qu’elle lui avait tant de fois posées au fil des ans, avec l’impression de jouer son rôle de femme de fermier dévouée. Était-ce là ce qu’elle avait fait toutes ces années ? Jouer un rôle ? Non. Elle avait toujours aimé savoir tout ce qui se passait sur la ferme. Ils avaient été un couple heureux. Très heureux. Il n’y avait pas toujours eu cette tension entre eux.