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Emilie… je veux dire qu’à vingt-cinq ans, tu seras un canon intersidéral
Afficher en entierHercule.
Hercule ne s’est pas lavé depuis cinq jours. Il doit aller à l’hosto. Son pied a gonflé, mais pas trop. Les côtes lui font mal à chaque respiration, à chaque mouvement. Il s’est senti faible au réveil. Très faible. Il doit quand même se doucher.
Hercule est hors norme. Solide, intelligent et volontaire. Mais aussi imprévisible que barjot. Il réunit toutes ses forces pour monter l’escalier. Il parvient tout juste à se dessaper et à se glisser dans la baignoire. L’eau chaude lui fait du bien. Il se frotte comme il faut, partout. Ses gestes sont ralentis. Il ne comprend pas pourquoi il est si diminué.
Afficher en entierAntoine et Rio.
On est mercredi et il n’y a pas école.
Antoine et Rio se rendent au Plessis-Trévise, dans le Val-de-Marne. Ce n’est pas à côté. Ils prennent le métro à Porte de Montreuil. Ils devront changer à Nation et attraper le RER jusqu’à Noisy-le-Grand, puis enfin le bus.
Le gamin a expliqué le trajet à Antoine. Il lui a fait un plan de la maison et dit que la porte de la cuisine, derrière, dans le jardin, a une clé dissimulée sous un pot de fleurs. Classique.
Antoine l’a rencontré deux mois auparavant, pendant les rencontres interfoyers. C’est là que, mort de trouille, le petit lui a tout raconté.
Afficher en entierPour retrouver sa jeunesse, il suffit d’en répéter les erreurs.
Oscar Wilde
Afficher en entierHercule Mapèch.
— Oh, putain ! Qui t’es ? Qu’est-ce tu fous chez moi ?
Il n’y aura aucune réponse, bien sûr. Hercule Mapèch est seul chez lui, en pleine hallucination. Ça fait une semaine qu’il picole trois bouteilles de gin par jour. Il n’est pas loin de la folie.
— Tu dis rien, enculé ! Alors qu’est-ce qu’on fait, hein ? Qu’est-ce qui se passe maintenant ? On se bat, c’est ça ?
Hercule est en vacances, la semaine de repos qu’il attend depuis six mois. Comme chaque fois, il abuse très sérieusement. Mais là, il dépasse toutes les frontières. Il touche du doigt la maladie de Korsakov, irréversible, sans retour.
Il perd l’équilibre. Connaissance aussi. Pas longtemps, juste quelques minutes. Il se relève, toujours dans le même délire. Il est face à un mur, dans son couloir, à l’étage de la maison qu’il loue.
C’est la nuit.
Afficher en entierPour moi, ça compte aussi, bien sûr ! Mais moins que le crime. Mon plus grand kif, c’est la vengeance, c’est le meurtre en lui-même. Le râle, l’agonie, le dernier souffle, le dernier regard… J’adore, je jouis. Je reste des heures à les regarder souffrir. À ce moment-là, je crois même que je les aime. J’ai tellement de haine que je les aime. Ouais, c’est ça… je les aime.
Afficher en entierEn fait, le foyer est un CHRS, ce qui veut dire : « centre d’hébergement et de réinsertion sociale ». C’est vaste, comme domaine. Mais les résidents, ceux qui sont acceptés dans le foyer, ont tous à peu près le même profil. Ils sortent de prison, ils sont, ou ont été, en dépression. Certains sortent de séjours plus ou moins longs en HP. Tous ont divorcé. Bref, ils ont tout perdu. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent d’entre eux sont alcooliques.
Évidemment, leurs trajectoires sont souvent chaotiques. Depuis l’enfance, malheureusement. Enfants battus, abusés, abandonnés, trahis… et adultes pareils. Aucun n’a manqué de rien, à part de bonheur.
Afficher en entierMichel.
Déjà six heures du matin. Ou plutôt seulement six heures du matin, vu que les portes ne s’ouvrent qu’à six heures trente. C’est important pour moi et les autres insomniaques du foyer. C’est leur premier rendez-vous avec la nicotine qui est en jeu. Mais les règles intérieures du foyer sont inflexibles. « Le règlement, c’est le règlement », comme dit souvent le cadre supérieur de la structure. « On n’est pas au Hilton, ici. » Il doit vouloir dire le Carlton… Le Hilton, c’est pas terrible.
Afficher en entierRio, il n’aime pas quand je tue. Mais tant pis, je tue quand même. Je ne me prends pas la tête. Je n’aime pas les hommes, je tue des hommes. Je n’aime pas les femmes, je tue des femmes. Je n’aime pas les chiens, je tue des chiens, point à la ligne. Je ne tue pas les enfants, c’est tout. Mais ça pourrait arriver. Je ne me l’interdis pas.
Afficher en entierAntoine.
Moi, c’est Antoine. Mais les autres m’appellent Ulf, parce que, selon eux, je rigole bizarrement. Ils disent que je fais « ulf, ulf » quand je me marre. Je crois bien qu’ils ont raison.
Lui, c’est Rio, mon pote. J’lui ai appris à lire et à écrire, on va commencer les maths, bientôt.
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