Commentaires

ça commence très bien. j'ai été happé par le style, et l'astuce très maligne du narrateur lui-même en interaction avec des interlocuteurs. C'est très bien maitrisé et la narration est captivante. Et puis, au fil des pages, en dépit du style qui ne faiblit pas, une histoire convenue, des personnages assez transparents auront raison de mon enthousiasme.L'érudition littéraire de l'auteur n'y fera rien. Et la fin fait un tout petit pschitt... comme un soda éventé depuis longtemps...une déception.

𝑷𝒐𝒖𝒓𝒒𝒖𝒐𝒊 ?

Une histoire de cahier, le bureau d'un juge, une expertise balistique, un revolver... J'avoue que ce sont ces éléments du quatrième de couverture qui m'ont fait acheter ce polar. Et puis l'auteur que je suis a été titillé par une inscription discrète :

"Grand Prix du roman de l'Académie française 2021"

Et oui... rien que ça ! Je voulais en avoir le coeur net.

𝙇𝙚 𝙥𝙞𝙩𝙘𝙝

IL (on ne connait pas son nom) est convoqué chez le juge pour commenter un cahier. Ce cahier est un recueil de poèmes, écrits chronologiquement par son auteur, Vasco, qui vient de vivre une histoire de coeur avec Tina.

Alors IL va nous raconter l'histoire. Tout ce qui s'est passé entre Tina, Vasco, Edgar et lui... et qui explique qu'un juge enquête.

Mais enquête sur quoi ? On ne sait pas... et jusqu'au bout on ne sait pas. On ne sait pas qui est mort, si quelqu'un est mort, qui a tiré, comment, et pourquoi.

𝑴𝒐𝒏 𝒂𝒗𝒊𝒔

Oh bien sûr il y a ce petit suspense, tout au long du livre, parfaitement maîtrisé par l'auteur. Il distille les indices avec justesse, fait monter la pression tranquillement, et nous garde avec lui jusqu'au bout.

Mais ce n'est pas l'intérêt du livre.

C'est d'abord une histoire d'amour. une histoire de corps envoutés. Une histoire de passion. L'auteur nous touche en plein coeur sans jamais donner dans le mélo, dans la mièvrerie ou dans le feelgood-eau-de-rose.

J'ai été totalement bluffé par sa poésie, son rythme, par un style d'écriture varié, tout le temps parfaitement dosé pour rendre ce récit troublant et chavirant.

Ai-je déjà lu livre aussi bien écrit ? Je ne crois pas. Je ne sais pas combien de fois j'ai lâché un "𝑝𝑢𝑡𝑎𝑖𝑛 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑚𝑎𝑔𝑛𝑖𝑓𝑖𝑞𝑢𝑒", et à chaque fois je parlais du style, des mots, des tournures... et non de l'histoire, pourtant ébouriffante.

Alors oui, je comprends pourquoi l'Académie française a voulu le mettre en avant. Et ils n'ont pas dû hésiter longtemps. N'hésitez pas, vous non plus.

Une superbe lecture. L'auteur explore les méandres de la psychologie humaine et des relations amoureuses en signant un texte d'une virtuosité exceptionnelle. J'ai personnellement été surprise par la fin, qui toutefois reflète le regard que porte le narrateur sur les personnages. Un délice !

« Mon maitre et mon vainqueur » est sans conteste pour moi une belle surprise. Pourtant le sujet déjà maintes fois raconté, celui de la femme, de l’amant et du mari ne présageait rien de bon. Eh bien, je trouve que François-Henri Désérable parvient à nous livrer une histoire très originale en forme d’analepse, tantôt triste et tantôt humoristique : une pincée de comédie, une dose de tragédie, un poil de théâtre de boulevard et un brin de bande dessinée ( dans laquelle je classe le rapt du cœur de Voltaire, l’achat du pistolet de Verlaine et l’âne du mariage) et surtout, surtout un grand talent d’écrivain. Un style alerte, original, dynamique, un vocabulaire recherché, des références livresques et poétiques qui nous changent et que je situe aux antipodes de ceux compassés, policés mais finalement très étriqués d’Amélie Nothomb ou de Françoise Bourdin.

Un jeune auteur que je ne manquerai pas de lire et relire et que je conseille sans restriction.

Pour le titre de son nouveau roman Mon Maître et mon vainqueur, François-Henri Désérable choisit un extrait d’un poème de Chanson pour elles par Verlaine pour décrire une passion amoureuse des temps modernes où la littérature y est complètement imbriquée.

Le narrateur est convoqué devant le juge d’instruction pour aider à comprendre Vasco, son ami, et éclairer ses intentions à partir d’un carnet manuscrit sorte de journal de sa passion amoureuse, composé de poèmes et de haïkus. Il a été retrouvé ainsi avec un révolver et ses mains comportant des résidus de poudre.

Tina, Vasco et Edgar ou alors Tina, Edgar et Vasco ! Pour le juge, Vasco c’est Vincent Ascot. Et, pour ce dernier, Tina est sa princesse andalouse ! Edgar, lui, il l’appelle La doudoune. Mais, Tina, elle, s’appelle, sur ses papiers d’identité, Albertine.

François-Henri Désérable chuchote à notre oreille le récit de ce drame amoureux à partir de l’interrogatoire et les détails que révèle ou non le narrateur au juge. Mis dans la confidence, le lecteur suit ce récit comme une véritable enquête policière surtout qu’il ne connaîtra qu’à la fin l’objet de l’inculpation.

Mais, la magie des mots, François-Henri Désérable la manie avec brio la passion amoureuse jusqu’à l’humour. L’émotion et la sensibilité souvent présentes s’écroule par un élément détonnant. Le rire fuse mais la langue reste amicale et même amoureuse pour ses deux amants que tout précipite dans le drame. Son narrateur devient défricheur de poèmes, raconteur de leur passion et délateur de leurs excès, mais juste pour nous.

La suite ici https://vagabondageautourdesoi.com/2021/11/22/francois-henri-deserable/