Extraits

- Avez-vous pour coutume d'échanger une poignée de main ? questionna Leonard.

- Non, répliqua Crevette Combative. On s'embrasse sur la bouche.

Leonard afficha un air alarmé.

- Je plaisante, déclara le chef des Mollusques.

Il tendit la main à Aster qui la serra avec soulagement.

Leonard se tourna vers Peter et les garçons, qui se tenaient près d'Alf et Molly.

- Dans une semaine, vous serez tous de retour à Londres et cette aventure vous ferra l'effet d'un rêve. Alors, vous êtes prêts ? A bord !

Ils marchèrent vers le bateau. Peter demeura immobile.

- Tu viens ? lui lança Molly.

- Oui, Peter, renchérit James. Qu'est ce que tu attends ?

- Allez s'exclama Alf. On rentre au bercail !

Peter secoua la tête.

- Je ne viens pas.

- Quoi ? s'écrièrent de concert Leonard, Molly, Alf et James.

- Je reste ici, répondit Peter.

Ces créatures n’étaient plus des poissons. En même temps que leur corps, leur cerveau changeait aussi. Il ne leur donnait pas les ordres habituels — bouger, manger, attaquer, fuir. Désormais, ces êtres réfléchissaient à des choses plus complexes que l’instinct de survie. L’origine de leur merveilleuse métamorphose les intriguait.

Ils soupçonnaient le coffre.

- (...) La poussière d'étoiles, en aussi grande quantité, provoque des changements chez les humains, et ne leur donne pas simplement la faculté de voler.

- Quels autres changements ? demanda Peter.

- Honnêtement, je l'ignore. Il y a eu quelques cas comme le tien où des gens ont survécu après avoir été exposés à une importante quantité - aucun d'eux ne se ressemble. Tous sont uniques. Cependant, il est probable que tu... que tu...

- Que je quoi ? s'énerva Peter.

- Que tu ne grandisses jamais.

- Comment ça ?

- Que tu restes tel que tu es. Un garçon. Pour toujours.

Peter n'avait jamais embrassé une fille. Ni personne. Il se rappelait vaguement avoir été embrassé sur la joue par une femme. Parfois, ce souvenir lui revenait avant de s'endormir, et il pensait que la femme en question était peut-être sa mère. Il essayait alors de distinguer son visage, mais sa mémoire flanchait. Il ne percevait qu'une ombre, vieille et à demi-effacée par la lumière.

Le temps avait empiré. Perturbé par la houle, les balancements constants du navire et les grincements du bois, Peter n'avait pas fermé l'oeil de la nuit.

De toute façon, il n'aurait pas pu dormir. Pas après les révélations de Molly. Des images tourbillonnaient dans son esprit... des étoiles filantes, des centaures, un coffre refermant le pouvoir de changer le monde... Un vrai conte.

Non, la vérité.