Ajouter un extrait
Liste des extraits
Enfant, François Roustang vivait dans un petit village de Lorraine, à une époque où le chauffage central n’existait pas, il me raconta un souvenir fondateur de sa démarche : — À mes yeux, le b.a.-ba de la thérapie réside dans le fait que je puisse percevoir, de la façon la plus fine possible, tous les aspects de la personne qui s’installe en face de moi. Sans paroles, ou presque. Cette façon d’être n’est pas sans lien avec mon vécu, et je la relie avec un souvenir de mon enfance, à la campagne. L’hiver, quand ma mère avait froid, j’allais lui chercher une brique qui restait à chauffer dans le foyer de la cuisinière fonctionnant toute la journée. Je l’installais dans un réceptacle en fer, de telle sorte qu’elle pouvait poser ses pieds dessus et se réchauffer sans se brûler. Elle ne me demandait jamais de lui apporter la brique, mais disait que je devais sentir ce moment. Donc il y avait un moment où je sentais que ma mère commençait à avoir froid et j’allais lui chercher une brique. En été, le soir, quand la fraîcheur venait, il s’agissait pour moi de percevoir cet instant précis où elle aurait besoin d’une laine. Donc d’aller lui chercher une laine sans qu’elle ait à dire le moindre mot. Sans le vouloir, j’ai développé une perception de ce dont l’autre avait besoin, j’ai appris à soupçonner le besoin de l’autre
Afficher en entier