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Mes doigts se crispèrent, mes ongles s'enfoncèrent dans le sol à vif et je sentis la terre dure et compacte pénétrer sous mes ongles. Et à cet instant, je jure que je l'ai perçu : le mal profondément enraciné, un froid puissant, mordant. Je battis précipitamment en retraite, avec de petits mouvements circulaires des pieds, tandis que je fouillais le sol du regard, cherchant des signes de… quoi ? De lutte ? De sang ? L'endroit où un monstre avait violé ma meilleure amie ? Lui avait arraché les ongles ? Lui avait attaché des tenailles aux tétons avant de l'égorger ?

J'avais lu trop d'articles, passé trop de temps à écouter les leçons de mon père. Pourquoi lire Bonsoir lune à son enfant quand on peut lui lire Monstres du vingt et unième siècle ?

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Il y a des gens qu'il ne suffira jamais de tuer une seule fois.

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Vous croyez que les sans-abri ne souffrent pas de la solitude ? Bien sûr que si. Même les handicapés mentaux, même les plus démunis éprouvent ce besoin fondamental de relations humaines. Alors je m’assois avec eux. Je les laisse me parler de leur vie. Parfois on ne dit rien du tout. Et c’est tout aussi bien.

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Quand on est enfant, on a besoin que ses parents soient tout-puissants, qu'ils soient ces figures d'autorité qui nous protégeront toujours. Plus tard, à l'adolescence, on a besoin que ses parents aient des défauts, parce que ça paraît le seul moyen de nous construire, de couper le cordon.

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Quand on a passé sa vie à fuir la Chose, on se demande forcément ce qu’on ressentira le jour où elle finira par vous rattraper. J’imagine que mon père n’a jamais eu à le savoir. Les flics ont dit qu’il était descendu du trottoir et que le taxi lancé à pleine vitesse l’avait tué sur le coup. Son corps a été catapulté à sept mètres au-dessus du sol. Son front a percuté un réverbère métallique et s’est enfoncé dans son visage

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Matt m’a emmenée au cinéma. Je ne me souviens pas du film qui passait. Je sentais la main de Matt sur mon épaule, la moiteur de mes paumes, ma respiration heurtée. Après le film, nous sommes allés prendre une glace. Il pleuvait. Il a tenu son manteau au-dessus de ma tête. Et alors, tous deux enveloppés dans son blouson qui sentait l’eau de Cologne, il m’a donné mon premier baiser

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D'un seul coup, il comprit tout. A moins que l'homme n'est jamais changé d'objectif.Qu'il ait toujours gardé les yeux rivés sur la même cible.Une cible qui, depuis qu'elle avait récemment refait surface, avait passé les deux derniers jours entourée d'une protection policière. Jusqu'à cette nuit où, à la faveur de cette opération...

Bobby se retourna brusquement vers ses collègues."Anabelle!"

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Le problème, c'est qu'il n'y a pas de bande-son dans la vraie vie. Au cinéma, on sait quand un malheur va arriver parce que les grosses basses vous préviennent. Il n'y a pas une personne au monde dont le cœur ne s'affole en entendant la musique des Dents de la mer et, franchement, c'est réconfortant. On aime avoir des repères. Ça donne un certain ordre au monde. Un malheur peut arriver, mais seulement quand on commence à entendre en fond sonore da-dah, da-dah, da-dah-da-dah-da-dah.

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« Vous avez déjà perdu un proche ? demanda tout à coup Annabelle. Quelqu'un de votre famille, un ami ? »

Pris au dépourvu par la question d'Annabelle après ce long silence, il répondit franchement : « Ma mère et mon frère. Il y a longtemps.

- Oh, je suis désolée… Je ne voulais pas… C'est triste.

- Non, non, non, ils sont encore en vie. Ce n'est pas ce que vous croyez. Ma mère nous a quittés quand j'avais six ou sept ans. Mon frère a tenu le coup encore environ huit ans avant d'en faire autant.

- Ils sont partis comme ça ?

- Mon père avait un problème d'alcool.

- Oh. »

Bobby haussa les épaules avec philosophie. « A cette époque-là, on avait à peu près le choix entre prendre ses jambes à son cou ou creuser sa tombe. Il faut accorder ça à ma mère et à mon frère : ils n'avaient pas l'instinct suicidaire.

- Mais vous êtes resté.

- J'étais trop jeune, dit-il d'une voix neutre. Je n'avais pas les jambes assez longues. »

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Le commandant Warren sortit une lampe torche. « Je passe la première, dit-elle. J'allumerai les lampes. Quand vous verrez ça, vous saurez que c'est à vous de descendre. »

Elle me lança un dernier coup d'œil évaluateur. Je lui rendis la pareille, même si je savais que mon regard n'était pas aussi imperturbable que le sien. Je m'étais trompée sur le commandant Warren : si nous nous étions affrontées sur un ring d'entraînement, jamais je ne l'aurais envoyée au tapis. J'avais beau être plus jeune, plus rapide, plus forte physiquement, elle, c'était une dure. Jusqu'à la moelle, une dure capable de descendre volontairement dans un charnier plongé dans le noir.

Mon père l'aurait adorée.

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