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Rassurons le lecteur habitué à une approche classique de la question : nous n’ignorons pas le « discours » officiel et nous ne le négligeons pas non plus. Ce discours présente l’obésité comme le résultat d’une transformation des modes de vie, laquelle est supposée avoir déséquilibré le bilan énergétique de l’homme moderne. D’un côté de la balance : des besoins énergétiques réduits en raison de lieux de vie de mieux en mieux chauffés en hiver et climatisés en été, parce qu’un grand nombre des emplois se sont tertiairisés, parce que, dans le secteur primaire et secondaire, où il supposait une forte dépense d’énergie, le travail a été mécanisé, parce que les transports, parce que les heures passées devant la télévision, parce que… De l’autre côté de la balance : des consommations alimentaires qui, bien qu’ayant globalement diminué, ont connu une réduction moins importante que celle qui a touché les besoins énergétiques. Tout cela dans un contexte où la calorie est de moins en moins chère et où les distributeurs automatiques chargés de produits « gras, sucrés ou salés » sont de plus en plus présents dans nos lieux de vie. Le résultat de ces transformations : un bilan énergétique déséquilibré en faveur des entrées. L’énergie excédentaire est stockée, le surpoids au fil des ans se transforme en obésité. CQFD.
De surcroît, la longue histoire de l’espèce humaine, sans doute plus souvent confrontée à des situations de manque que d’abondance, aurait pu contribuer à la sélection des individus disposant des caractères génétiques favorisant les capacités de stockage. Or, voilà qu’en situation d’abondance cette caractéristique, qui fut longtemps un avantage adaptatif, se retournerait contre l’espèce. L’inégalité génétique des individus en matière de rendement énergétique et de capacité de stockage expliquerait le développement différencié de l’obésité. La génétique est donc candidate à la compréhension du phénomène. Cela dit, la vitesse à laquelle l’obésité se développe exclut les explications de type « tout génétique ». Les contextes sociaux et économiques, les modes de vie apparaissent donc a minima comme déclencheurs.
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