Extraits

Était-elle à nouveau en train de le tester ? Était-il censé la caresser sous la table pendant qu’elle taillait une bavette avec son collègue ? Était-ce ce dont elle avait envie ? Ou au contraire tout ce qui avait précédé n’était-il qu’une vaste plaisanterie ? Allait-elle crier « au viol ! » s’il avait l’audace d’oser la toucher ? Encore une fois, Damien était totalement perdu. La délicieuse créature assise à côté de lui constituait un mystère total pour lui et il ne savait vraiment pas quoi faire. Il s’écoula alors quelques minutes pendant lesquelles Damien se contenta de manger — il n’avait pas faim mais ça lui donnait l’air moins bête — sans rien faire d’autre. Quant à Sophie, elle continua de converser avec le type d’en face sans envoyer le moindre signal à Damien.

La situation constituait une véritable torture pour lui. D’un côté, il mourrait d’envie de caresser Sophie. Mais il avait tellement peur de la réaction de la jeune fille ! Et puis ne risquait-on pas de le surprendre ? Il n’osait même pas penser aux conséquences si cela se produisait.

Il aurait été tellement plus simple que Sophie se saisisse de la main de Damien et la guide elle-même jusqu’à son entrejambe. Mais elle ne voulait pas que cela se passe comme cela. Elle souhaitait qu’il prenne un minimum d’initiative, probablement parce qu’elle avait besoin de cela afin de pouvoir apprécier le moment. Si elle faisait tout elle-même, elle ne prendrait pas autant de plaisir qu’elle l’aurait voulu. Alors voilà pourquoi elle exigeait de Damien qu’il prenne des risques et se jette à l’eau. C’était logique et ça expliquait le comportement de Sophie, non ?

Damien ne laissa pas le temps à son esprit de douter de ce raisonnement et trouva en lui le courage d’oser faire ce qu’il lui aurait paru impensable quelques heures plus tôt. Il glissa sa main sous la table puis tout doucement et sans regarder, il la déposa délicatement sur la cuisse gauche de Sophie. Le sort en était jeté. Soit elle ne disait rien et il remonterait jusqu’au Saint des Saints, soit elle criait au scandale et il finirait sa vie dans la honte...

– Merci d’être venu si vite, Monsieur Legrand.

– Je vous en prie.

– Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. J’imagine que vous connaissez de la raison de cet entretien ?

– Je n’en suis pas sûr.

– Il y a quelques minutes, vous m’avez surpris dans une situation pour le moins… embarrassante.

– Je vous prie de m’excuser, Monsieur Duval. Je n’aurais pas dû entrer dans cette salle sans frapper.

– Ne vous excusez pas. Je n’ai pas demandé à vous parler afin de vous faire des reproches. Si je vous ai fait venir, c’est parce que j’ai une faveur à vous demander ?

– Quelle faveur, Monsieur Duval ?

– Pourriez-vous oublier ce que vous avez vu et surtout n’en parler à personne ?