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Extrait

Extrait ajouté par Lilysatis 2012-01-13T16:15:42+01:00

Londres, dix ans auparavant.

Le froid… Il n’y avait rien d’autre que le froid, autour d’elle, à l’intérieur d’elle. Et cette brûlure au niveau de sa gorge, deux pointes de feu qui semblaient boire toute énergie en elle. Ses membres étaient engourdis, et restaient sourds aux appels de son cerveau. Ses yeux refusaient de s’ouvrir, tant les lames de feu lançaient des éclairs de douleur dans toute sa tête. Elle se sentait devenir légère comme si elle avait pu s’envoler, puis lourde comme une pierre. La vie qui autrefois agitait son corps s’échappait par flots, tirée et aspirée hors d’elle. Elle ne savait plus où elle était, et pourquoi elle devait tant souffrir. Une voix lui soufflait de se laisser faire, que bientôt, tout serait fini. Le monde continuerait à tourner sans elle, et…

Un éclair de lucidité jaillit derrière ses yeux clos, alors que ses dernières secondes étaient arrivées. Elle était chasseuse de vampires. Elle avait passé sa vie au service d’un ordre secret, vieux de plusieurs centaines d’années. Elle avait fait confiance à ce système qui l’avait recueillie et élevée depuis son enfance, elle aurait donné sa vie pour le protéger. Mais ce système était pourri jusqu’à la moelle, les chasseurs traitaient avec les vampires pour des futilités. Quand elle l’avait compris, elle avait voulu s’enfuir, mais ils avaient deviné. Ils avaient fait semblant de ne pas connaître les projets de la jeune femme, et ils lui avaient confié une dernière mission, celle-ci. Ils l’avaient envoyée directement entre les crocs de ceux qu’elle chassait. La menace qui rôdait autour d’elle depuis son enfance avait finalement atteint son but : ils s’étaient débarrassés d’elle.

Cela avait été une dure bataille. Elle se trouvait à présent dans une pièce sombre des égouts de Londres, entourée de monstres. Non, pas de monstres. D’un seul. Et cette vile créature était accrochée à son cou, une main posée sur sa hanche et l’autre appuyée contre le mur, son corps collé au sien, des râles s’échappant de ses lèvres à mesure que le sang coulait sur sa langue. Elle se rappela alors pourquoi elle avait choisi de laisser la mort s’emparer d’elle, et à quel point ce choix avait été une erreur. Ils avaient tué Youta. L’homme qu’elle aimait, et pour qui elle aurait donné sa vie. Personne n’allait payer pour ce crime, et le monde continuerait à tourner sans elle, de la même façon qu’il avait toujours tourné. Cela, elle ne pouvait le tolérer.

Sa vie s’échappait toujours entre les canines du monstre, mais la rage qu’elle ressentait lui redonna du souffle. Elle n’avait plus qu’une seule solution dans l’état où elle se trouvait. En une fraction de seconde, elle avait pris sa décision, s’efforçant d’ignorer les conséquences. D’un mouvement du poignet, elle libéra l’un des poignards cachés dans les manches de sa veste de cuir, et d’un geste fluide et professionnel, le planta dans l’oreille de son agresseur. Cela ne pouvait le tuer, mais la douleur fut telle qu’il relâcha son étreinte mortelle en hurlant. Il recula de quelques pas, essayant de s’arracher le couteau, les yeux rougeoyant de haine. Mais Elizabeth ne lui laissa pas le temps de se libérer. Elle fut sur lui en une seconde, une autre lame dans la main, qu’elle planta directement au-dessus du cœur du vampire. Celui-ci ne put que grogner, et il tomba sur le sol, son système nerveux inhibé. Ses yeux foudroyaient la jeune femme alors qu’ils commençaient peu à peu à retrouver leurs pupilles. Puis, il comprit, et son regard n’exprima plus que l’étonnement. Et l’incompréhension.

Elizabeth voulut s’agenouiller près de lui, mais elle ne parvint qu’à tomber. Ses forces l’abandonnaient, et elle savait qu’il ne lui restait plus que quelques instants à vivre. Ce qu’elle s’apprêtait à faire était encore pire que mourir, mais une force étrangère lançait des appels frénétiques à travers tous ses membres. Le vampire ne saignait pas, même autour de ses plaies. Alors Elizabeth arracha le couteau de son oreille en soufflant bruyamment, comme si ce simple geste était un effort surhumain, et taillada la manche du vampire. Le monstre n’avait pas émis un son lorsque la lame avait été ôtée de son corps, mais il se mit à rire.

— Chasseuse… Que crois-tu faire ?

Elizabeth ne répondit pas, et avança son arme vers le poignet de la créature.

— Chasseuse !!! cria le vampire. Tu ne peux pas faire ça ! Tu n’as pas le droit !

Non, elle n’avait pas le droit, mais elle avait le choix. La jeune femme ne regarda pas l’ignoble créature et, serrant un peu plus fort le couteau dans sa main, incisa le poignet de celui qui avait voulu la tuer quelques minutes plus tôt. Tandis que les larmes coulaient de ses yeux encore dorés, elle colla les lèvres sur la plaie, et aspira. Elle aspira, encore et encore, durant de longues minutes. Les larmes se tarirent, le corps du vampire devint plus dur, ses cris diminuèrent jusqu’à cesser totalement. Elizabeth savait qu’elle devait lâcher prise, mais elle ne pouvait s’y contraindre. Elle découvrait une soif nouvelle, elle voulait apaiser sa gorge en feu, et rien ne pouvait l’arrêter.

Soudain, la douleur.

La douleur. Mal. Tellement mal. Qu’elle s’arrête. Vie. Mort. Douleur.

Elizabeth se roula en boule sur le sol, ses poings fermés enfoncés sur ses yeux. Elle voulut hurler, mais sa langue avait tant enflé dans sa bouche qu’elle ne pouvait articuler un seul son. Elle pensa qu’elle allait finalement mourir. Le sang brûlant du vampire coulait dans ses veines, jusque dans les moindres recoins de son être, mais ce n’était rien comparé à la douleur qui s’épanouissait sous ses paupières closes. Sa rétine subissait l’assaut d’un bataillon de guêpes, leurs innombrables dards inlassablement lancés sur l’iris encore doré. Lorsque les insectes eurent terminé leur minutieux travail, Elizabeth sentit ses pupilles imploser, répandant leur couleur sombre au reste de l’œil en un flot de lave incandescente. Quelque chose coulait sous ses paupières, mais elle ne voulait imaginer ce qui pouvait s’échapper d’un tel massacre. À cette première vague de douleur succéda un nouvel assaut tout aussi dévastateur. Sa langue gonflée touchait son palais et sa dentition, cette dernière semblant vouloir fuir les gencives auxquelles elle était attachée. Elle avait l’impression qu’on lui arrachait les dents, les unes après les autres. Elizabeth voulut crier, hurler, pleurer, revenir sur sa décision, frapper du poing sur le sol. Mais elle ne pouvait qu’attendre en gémissant.

Les battements de son cœur, le seul son qu’elle entendait depuis ce qui semblait être plusieurs siècles, commencèrent à s’espacer alors que la douleur s’évanouissait. Elle se concentra dessus. De nouvelles odeurs assaillirent ses narines. Un battement de cœur. Elle réussit à déglutir. Un autre battement. Ses doigts commencèrent à bouger. Un battement. Ses yeux s’ouvrirent sur un nouveau monde. Le silence.

Combien de temps était-elle restée prostrée sur le sol ? Elizabeth l’ignorait, et cela ne lui importait guère. La pièce paraissait moins sombre à ses yeux encore endoloris, et les sons lui arrivaient plus distinctement. Ici, une araignée rampait contre un mur en laissant derrière elle un fil de soie. Là, des gouttelettes d’eau coulaient. Lentement, avec prudence, elle se releva, presque soulagée d’être encore maîtresse de son corps. Elle fit jouer les articulations de ses doigts et de ses épaules, satisfaite. Elle cligna plusieurs fois des paupières pour chasser l’engourdissement de ses iris, et enfin, elle respira un grand coup.

Cela faillit lui être fatal. Son nouvel odorat était si développé que la puanteur des lieux assaillit ses narines en l’assommant presque. L’odeur de la mort, des égouts, des eaux stagnantes et… l’odeur des humains. Ils arrivaient vers elle, à la fois apeurés et impatients. Elizabeth comprit qu’ils venaient s’assurer de la réussite de leur plan. Alors qu’une soif venue des profondeurs de son être lui chatouillait la gorge et qu’une envie meurtrière d’en découdre avec ses assaillants lui faisait presque perdre la raison, Elizabeth fit un nouveau choix. La force revenant rapidement dans son corps meurtri, elle se défit de ses vêtements, et avec répugnance, elle échangea sa tenue de chasseuse contre la tunique odorante du vampire encore au sol. Elle arracha de son cou le collier que lui avaient offert ses parents lorsqu’elle était enfant, et l’attacha autour de celui de la créature. Sans réfléchir, elle entreprit alors de la défigurer. Avec rage, elle lacéra le visage et le corps du vampire pour que personne ne le reconnaisse. Quand elle eut apaisé sa colère, elle coupa quelques mèches de ses cheveux blonds, et les abandonna sur le corps et sur le sol. Tout cela n’avait pris que quelques secondes.

Humant l’air, elle sortit de la salle sombre avant que les humains ne l’atteignent, et elle s’enfuit, aussi vite que sa nouvelle condition le lui permettait. Elle ne s’arrêta pas avant plusieurs kilomètres, ne regarda pas dans les différentes pièces qui longeaient le couloir. Elle courut, voulant échapper autant aux humains qu’à elle-même, s’enfuir loin de tout, ne plus penser à ce qu’elle avait fait, à ce qu’il s’était passé. Mais une fois à l’extérieur, elle réalisa l’impensable.

— Alors c’est ça, être vampire, murmura-t-elle en levant les yeux vers la lune rouge.

Elle s’assit dans un coin sombre, et se mordit la lèvre. Trop fort, car elle sentit aussitôt le goût du sang sur sa langue. Elle n’avait jamais prêté attention à la saveur du précieux liquide rouge, le sien était légèrement sucré, un peu amer, comme du chocolat noir. Elle n’avait jamais prêté attention aux sons de la nuit, aux raclements des pattes d’un renard sur le sol, aux bruissements des feuilles d’arbres. Elle n’avait jamais prêté attention aux couleurs de l’herbe, qui n’était pas seulement verte, mais qui possédait des dizaines de tons différents. Enfin, elle n’avait jamais vraiment levé les yeux vers la lune, cet astre qui était devenu la seule lumière de son monde. Ses pas ne seraient plus guidés que par la déesse argentée, sa peau ne refléterait plus jamais autre chose que la douce clarté de la planète endormie. Sous la lune, ses mains avaient encore des reflets blancs. Mais ce ne serait que provisoire. Peu à peu, les couleurs disparaîtront, laissant place à un gris de film d’époque. Elizabeth savait déjà que ses yeux n’étaient plus les mêmes. Elle avait côtoyé assez de vampires pour reconnaître un regard sans pupille. Peut-être même que ses cheveux allaient perdre leur belle couleur de blé doré, car leurs pointes étaient déjà plus claires. Être un vampire n’était pas si discret.

— Je suis un vampire.

L’horreur de son état lui emplit la bouche. Aucun chasseur ne finissait ainsi, il préférait mourir que de se transformer. Les lois étaient faites de telle sorte qu’un chasseur ne devait, non, ne pouvait devenir un chassé. Il n’y avait pas de précédent dans l’histoire. Elizabeth pensa avec amertume qu’elle était la première à transgresser les règles établies par ceux qui l’avaient trahie. Cette pensée lui apporta une maigre consolation. Cela valait-il la peine d’endurer tant de souffrance ? Évidemment, pensa-t-elle. Morte, elle n’aurait servi à rien. Elle n’aurait pas pu se venger, et le venger lui. Les chasseurs n’auraient pas cessé leurs orgies avec les vampires, le monde n’aurait jamais su l’ignominie qui se cachait dans l’ombre. Qu’allait-elle faire à présent ? Elle était vampire, immortelle, plus forte et plus souple qu’un humain, mais seule face à deux mondes. Il lui fallait changer cela. Les longues heures passées à étudier les vampires dans sa tour de pierre lui avaient permis d’en apprendre davantage sur les êtres de la nuit que tous les babillages de ses professeurs, et les années sur le terrain avaient aguerri sa formation. Elle devait trouver des appuis parmi ceux qui ne l’avaient pas trahie. Le roi des vampires ? Non, elle connaissait assez les chasseurs pour savoir que dans le cas d’un accord, ils traiteraient directement à la source. Le souverain était corrompu, tout comme la noblesse vampirique. Ils aimaient leur petit confort, et ne se frottaient jamais aux chasseurs. Ils étaient la cible. Qui pourrait bien les trahir ? Elizabeth réfléchit à toute vitesse, soulagée de n’avoir rien perdu de ses facultés mentales. Elle sentit ses lèvres se retrousser sur ses nouvelles canines quand elle arriva à la conclusion de sa réflexion.

— Les hors-la-loi, murmura-t-elle.

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