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A trop parler de monstres, ils finissent par prendre vie.
Afficher en entierLes monstres n'existent pas. Il y a seulement des gens cruels.
Afficher en entierLes rosaires et les talismans ont ressurgi sur les pelouses. Les habitants de Savage préfèrent croire en une créature imaginaire, plutôt que d'accepter que quelqu'un qui leur ressemble soit capable de commettre de telles horreurs.
Afficher en entierC'est notre jardin secret! Un jardin secret, où elle croit qu'il ne peut rien nous arriver de mal. Moi, je ne suis pas si naïve. Le mal arrive partout.
Afficher en entierJe sais ce qui arrive lorsqu'on passe trop de temps à penser à ce qui se cache dans le noir. On devient une vieille femme, vivant seule avec ses histoires dans les bois, un tueur qui voit ses victimes partout, un garçon qui préfère croire aux créatures de l'ombre plutôt que de vivre. On devient le gardien d'un cimetière, réel ou imaginaire.
Afficher en entierLa pluie nous martèle; les trombes d'eau m'empêchent de voir à plus de deux mètres. Comme toujours, il m'a cherchée et, au lieu de la petite fille effrayée de la dernière fois, il a trouvé un groupe d'adolescentes de l'âge qu'aurait eu Jeanie. Il a dû voir Michaela sauter dans l'eau, constater que nous étions pleines de vie. Je voudrais lui jurer que ce n'est pas vrai, que Jeanie aurait été avec nous. Mais il a raison.
Je lance:
-Tu n'as pas le droit de me parler !
J'essaie de me dégager, en vain.
J'insiste:
- Tu ne dois pas m'approcher!
Daniel se penche, sa bouche est au niveau de mes yeux.
- Je n'arrête pas de dire :"Tu vois, Jeanie? Tu vois? Tu vois à quoi tu as échappé? Ces filles t'auraient fait du mal !"
Je bloque mes genoux qui s'affaissent et résiste à l'envie de me couvrir le visage. Au moment où nous avions fui la crique, Daniel parlait à sa soeur morte ! Il ne pense pas ce qu'il dit; c'est son chagrin qui parle.
-Daniel, pourquoi es tu revenu aujourd'hui?
Je connais déjà la réponse. Je lève les yeux. Ses vêtements sont gorgés d'eau qui dégouline dans ses bottes.
Les larmes aux yeux, je lance:
- Tu es là à cause de ça!
Je fais un geste de ma main libre. Au loin, j'entends un cri aigu paniqué.
Ses lèvres se tordent en un rictus. Bien sûr, il est la pour voir comment on commémore la disparition de sa soeur, pour vérifier ce que je suis devenue, pour savoir comment vont ses parents... Il est là pour la même raison que celle qui m'a empêchée de dormir la nuit dernière, celle pour laquelle j'ai demandé à Shane le rapport d'enquête. Qui sait ? peut être qu'il revient ici tous les ans sans que quiconque le sache.
Mais avant qu'il puisse me répondre, un hurlement nous fait sursauter.
-Un cadavre ! Il y a un cadavre !
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