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Avant de fonder son école, M. Sôsaku Kobayashi s’était rendu en Europe afin de voir comment l’on enseignait aux enfants à l’étranger. Il avait alors visité de nombreuses écoles primaires et s’était entretenu avec des éducateurs. Et un jour, à Paris, il avait fait la connaissance de Jacques-Dalcroze, aussi brillant pédagogue que compositeur. Celui-ci s’était longtemps demandé comment apprendre aux enfants à écouter et à ressentir la musique avec leur cœur plutôt qu’avec leurs oreilles, comment éveiller leur sensibilité afin qu’ils perçoivent la musique comme un tout vivant, en mouvement, et non comme une matière inerte, sans vie. Et finalement, l’idée lui était venue, en regardant des enfants sauter dans tous les sens, d’inventer une gymnastique fondée sur le rythme et à laquelle il donna le nom de « rythmique ».
Afficher en entierAu grand étonnement de la fillette, le portail de cette nouvelle école était fait de deux troncs d'arbres pas très hauts et couvert de feuilles.
- Il pousse dans la terre, ce portail, dit Totto-Chan à sa mère.
Afficher en entierJamais sa mère n'obligeait Totto-chan à faire quoi que ce soit, mais quand celle-ci voulait faire quelque chose, elle ne l'en empêchait pas et, sans demander trop de détails, se chargeait pour elle des formalités que seul un adulte pouvait accomplir.
Afficher en entierLe directeur laissait les enfants se baigner sans maillot, mais il n'existait aucune règle établie à ce sujet. Ainsi, ceux qui avaient apporté le leur pouvaient se baigner avec s'ils voulaient. Et si l'on décidait de se baigner sur un coup de tête, comme ce jour-là, on pouvait le faire totalement nu. En réalité, le directeur ne voulait pas que les enfants entretiennent une curiosité malsaine vis-à-vis du corps de leurs camarades de l'autre sexe, et il trouvait contraire à la nature de vouloir à tout prix cacher sa nudité. C'est pourquoi il leur permettait de se baigner nus. Mais il voulait aussi leur faire comprendre que tous les corps étaient beaux à voir.Certains élèves de Tomoe avaient eu la polio, comme Yasuaki-chan, ou souffraient de problèmes de croissance, mais le directeur était convaincu qu'en jouant nus avec leurs camarades, ces enfants pourraient surmonter leur honte et leurs complexes d'infériorité. De fait, les élèves handicapés, assez timides au début, se détendaient vite et n'éprouvaient plus la moindre gêne une fois pris au jeu.
Afficher en entierA Tomoe, jamais il n'avait été nécéssaire de demander aux enfants de marcher en rang, de ne pas faire de bruit dans le train ou de ne pas laisser de détritus derrière eux après avoir fini de manger. En vivant jour après jour avec leurs camarades, ils avaient compris par eux-mêmes qu'il ne fallait pas pousser les plus petits et plus faibles que soi, qu'il était honteux d'avoir recours à la violence, qu'il fallait ramasser les détritus quand on en trouvait par terre, ou encore qu'il fallait faire tout son possible pour ne pas gêner les autres.
Afficher en entierLe directeur insistait auprès des parents pour qu'ils envoient leurs enfants à l'école dans leurs moins beaux vêtements. Il savait qu'à cet âge, rien n'est plus ennuyeux que d'éviter de se salir par peur de se faire gronder par sa mère, ou de refuser de jouer avec les autres dans le seul but de ne pas abîmer ses vêtements. Ainsi, en respectant cette consigne, les enfants ne craignaient plus de se couvrir de boue ou de déchirer leurs affaires.
Afficher en entierLa maternelle que M. Kobayashi venait de créer était radicalement différente des maternelles traditionnelles.. "Ne transformez pas les enfants pour qu'ils entrent dans un moule, avait-il précisé à son équipe d'enseignants. Laissez-les s'épanouir naturellement. Leurs rêves dépassent les limites de vos projets éducatifs".
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