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Contrarié par l’effet imprévu que cette femme beaucoup trop désirable lui faisait, il pensa qu’il était plus prudent de s’éloigner d’elle… Pourtant, il fit le contraire : il se rapprocha encore un peu plus, attiré par elle comme par un aimant.

De nouveau, il avança la main vers elle et lui toucha le cou. Il se sentit bouleversé par la douceur de sa peau veloutée. Puis sa main descendit, et il effleura la rondeur d’un sein.

Tétanisée par l’aura de sensualité qui émanait de Theo, Elizabeth gardait les yeux fixés sur lui, comme hypnotisée. Jamais un homme ne lui avait fait cet effet-là. Et pour tout dire, jamais elle n’aurait même imaginé qu’un tel effet était possible…

Une vague de chaleur la submergea, et elle songea qu’elle devait reculer, mettre le plus de distance possible entre elle et cet homme au redoutable pouvoir de séduction. Mais elle en était incapable. Par le seul pouvoir de ses yeux sombres posés sur elle, de cette main douce et possessive à la fois qui l’avait à peine touchée, il la tenait captive.

Comme dans un rêve, elle sentit qu’il l’attirait à lui, l’enlaçait par la taille et la pressait contre son bassin. L’émotion la terrassa. Dans un dernier sursaut de lucidité, elle tenta de le repousser en posant les mains sur son torse.

Mais elle arrêta son geste quand elle sentit son corps viril se presser contre le sien. Lui aussi la désirait, il n’y avait aucun doute…

Quand il se pencha sur elle et lui prit les lèvres, elle ne se déroba pas, bien au contraire. Sans même comprendre ce qui lui arrivait, elle se mit à répondre d’instinct à son baiser avec une ardeur égale à la sienne, et plus rien ne compta que la langue de Theo qui cherchait la sienne, leurs dents qui s’entrechoquaient, leurs souffles qui se mêlaient. Elle l’entendit balbutier des mots incompréhensibles, puis soudain, il la relâcha aussi brutalement qu’il l’avait prise dans ses bras…

Le souffle court, Elizabeth chancela et la tête lui tourna. Au prix d’un terrible effort sur elle-même elle parvint à se reprendre au bout de quelques secondes puis se redressa, affichant un air aussi digne que possible.

— Ceci était-il bien nécessaire ? murmura-t-elle d’une voix qui par miracle ne tremblait pas.

— Je crois que oui, répondit Theo après un pénible silence. Je voulais vous convaincre que vous étiez très séduisante, et j’espère avoir réussi.

Quel malotru ! pensa-t-elle, horrifiée.

— Vous ne pouviez pas me l’expliquer d’une façon moins…

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Il les jeta sans ménagement sur le lit et, comme si de rien n’était, se mit à boutonner la chemise d’un blanc immaculé qu’il venait d’enfiler.

Il ne lui avait même pas jeté un coup d’œil…

Le souffle coupé, Elizabeth le regarda faire sans prononcer un mot, fascinée par l’impressionnante musculature de son ventre, par son large torse recouvert d’une toison brune. Comment pouvait-il être aussi viril, et aussi raffiné à la fois ? se demanda-t-elle, tandis que son cœur se mettait à battre la chamade.

Il émanait de lui une incroyable aura de virilité brute, de puissance athlétique et de sophistication qui le rendait véritablement irrésistible…

Sans regarder la jeune femme, Theo acheva de boutonner sa chemise. La transformation d’Elizabeth était sans doute un fiasco, réduisant à néant ses espoirs de détourner Andreas d’Ariana, mais tant pis, il trouverait autre chose plus tard. Et surtout, il ne devait pas accabler la jeune femme qui, au fond, n’y pouvait rien. En effet, comment changer un vilain petit canard en ravissant cygne, même avec les professionnels les plus qualifiés ?

Il s’attendait donc au pire, mais il était malgré tout décidé à garder son calme, et à expliquer à Elizabeth, avec le plus de délicatesse possible, qu’il s’était fourvoyé.

Il tourna la tête vers elle. Et reçut un véritable choc.

Elle était devenue une magnifique créature… Si belle qu’à sa grande contrariété, il sentit une bouffée de désir l’assaillir. Bon sang, voilà des années qu’il n’avait pas eu ce genre de réaction intempestive, se dit-il, stupéfait. Depuis les premiers émois de l’adolescence, en réalité. Que lui arrivait-il donc ?

Force était de constater néanmoins que la secrétaire sans relief de son frère était devenue une femme magnifique… Que sous ses tailleurs tristes, elle cachait un corps de rêve que lui auraient envié tous les top models du moment.

Le noir lui allait en effet à ravir, et cette robe qui dessinait chaque courbe de son corps voluptueux avait sur elle une allure folle. Le décolleté plongeant laissait entrevoir la naissance de ses seins généreux, tandis qu’une fine ceinture de cuir enserrait sa taille de guêpe, accentuant encore la sensualité qui se dégageait de toute sa personne.

En bref, elle était somptueuse. Alors, pourquoi s’était-elle cachée aussi longtemps ?

— Vous étiez censé quitter la pièce, fit-elle observer d’une voix mal assurée.

Il ne répondit pas et garda les yeux fixés sur elle, l’air terriblement concentré. A en croire son mutisme, il n’appréciait guère son changement de look.

— Je sais, maugréa-t-elle d’un air buté. Je vous avais prévenu…

— Vous savez… quoi ? demanda-t-il.

— Oh, ne faites pas semblant de ne pas comprendre ! s’écria-t-elle. Et ne me regardez pas comme ça, vous devriez savoir que je n’y suis pour rien.

Theo continuait à dévisager la jeune femme. Il était charmé par ses yeux verts rendus plus brillants encore par l’émotion, par sa poitrine qui se soulevait de plus en plus rapidement à mesure que montait sa colère.

C’était gagné ! pensa-t-il. Contre toute attente, il était à présent certain qu’Andreas serait mort de jalousie en le voyant avec Elizabeth, et qu’il en abandonnerait ses stupides projets de mariage. Grâce à Elizabeth, son frère échapperait aux griffes d’Ariana !

— Restez calme, voyons, dit-il d’un ton apaisant. Où est le problème ?

— Vous savez très bien où est le problème ! Je vous avais prévenu que j’allais être avoir ridicule, mais vous n’avez pas voulu me croire. Tout ça est de votre faute, et maintenant j’ai cette coiffure absurde, et…

Elle s’interrompit brusquement.

— Et ne me dites pas de positiver ! reprit-elle. J’en ai assez de faire comme si tout allait bien alors que tout va de travers.

— Loin de moi l’idée de vous dire comment vous devez vous comporter, fit prudemment observer Theo.

— Il y a au moins une chose que je peux faire, murmura-t-elle comme si elle se parlait à elle-même, c’est enlever cette robe idiote. J’ai l’impression d’être déguisée. Elle est beaucoup trop sexy pour moi.

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Epargnez-moi votre feinte sollicitude, rétorqua-t-elle. Je n’ai rien de sexy, comment voulez-vous que ce modèle m’aille ? Vos stylistes ne connaissent rien à rien ! Cette robe n’est pas faite pour moi.

Il l’observa de nouveau, notant la rondeur de ses épaules, le galbe de ses jambes fuselées, la courbe alléchante de ses reins, et de nouveau, le désir le prit par surprise. A son avis, elle avait la plastique idéale pour ce genre de robe, et il ne s’avançait guère en affirmant qu’aucun homme digne de ce nom ne pouvait se trouver en face d’elle sans avoir envie de lui faire l’amour…

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— Pourquoi ne sortez-vous pas de la salle de bains ? reprit Theo en réprimant sa colère. Seriez-vous devenue muette ?

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— Peut-être, mais vous serez à mon bras, ce qui changera tout, rétorqua-t-il. Et je suis prêt à parier qu’habillée et maquillée comme il faut, vous serez ravissante.

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Le banquier avait eu une moue peu rassurante, mais s’était incliné devant l’obstination d’Elizabeth…

— Vous voulez que je parte pour pouvoir pleurer en paix ?

Elizabeth sursauta, stupéfaite. Comment Theo Kyriakis, cet homme qui n’avait jamais fait attention à elle, savait-il qu’elle était malheureuse ?

— Je ne vois pas ce que vous voulez dire, balbutia-t-elle en s’efforçant de ne pas trahir son émotion.

Il l’interrompit d’un geste impatient.

— Vous êtes amoureuse de mon frère. Et inutile de nier, je sais que j’ai raison.

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chapitre 1 (entier)

Theo continua à avancer comme si de rien n’était, mais il savait que la crispation qui marquait ses traits devait en dire long sur ce qu’il pensait : il n’avait guère apprécié ce qu’il venait d’entendre.

Non, il ne rêvait pas, se dit-il en s’efforçant de ne pas perdre son calme. Il venait bien de se faire remettre à sa place par la secrétaire de son frère, une obscure employée dont il connaissait à peine, jusque-là, le son de la voix.

C’était invraisemblable, songea-t-il en se repassant en boucle la scène dans la tête. Quand, à son arrivée dans la pièce, elle avait enfin daigné lever la tête de son ordinateur, elle lui avait lancé un regard de profond mépris avant de lui expliquer d’une petite voix acide qu’en effet il était attendu, mais une demi-heure auparavant…

Il avait failli éclater de rire devant un tel toupet, mais l’exaspération avait bientôt pris le dessus. Depuis la première fois qu’il l’avait croisée, cette fille lui tapait sur les nerfs, sans qu’il sache vraiment pourquoi d’ailleurs. Etait-ce son air à la fois pédant et pincé, cette façon ridicule de surprotéger son frère Andreas, ou l’hostilité à peine voilée qu’elle manifestait à son égard ?

Si elle avait un problème, qu’elle le règle et cesse de le dévisager de cet œil noir comme s’il était le diable en personne ! Il n’avait pas pour habitude de se faire traiter ainsi par une subordonnée. En tant que chef d’entreprise, Theo se fichait que ses employés l’aiment ou pas, tant qu’ils exécutaient correctement leur travail, mais il n’était pas prêt pour autant à tolérer ce genre de comportement de la part de la secrétaire de son frère.

Si elle n’avait pas été aussi compétente, voilà longtemps qu’il aurait conseillé à celui-ci de s’en séparer. Mais voilà, il y avait un hic : c’était une assistante hors pair, la meilleure que son frère ait jamais eue. Ce qui n’était pas difficile, puisque jusqu’ici Andreas avait choisi ses collaboratrices en fonction de leur tour de poitrine et de leur décolleté, et non sur leurs capacités à manier Excel et à maîtriser des langues étrangères…

Ainsi, Elizabeth Farley tranchait en tout point avec les blondes plantureuses qui l’avaient précédée. Elle était efficace, rapide, et n’abandonnait pas ses dossiers au milieu de la journée pour courir les boutiques de vêtements. D’ailleurs, elle ne fréquentait certainement pas ces magasins, songea-t-il tout à coup en regardant ses ongles courts et non manucurés, son tailleur gris souris aussi triste que ses chaussures plates au cuir terne.

Contrairement à Andreas qui ne sortait qu’avec des gravures de mode et couvrait ses conquêtes de toilettes griffées, Theo ne nourrissait pas un intérêt particulier pour le prêt-à-porter féminin. Cependant, impossible de ne pas remarquer à quel point Elizabeth Farley était mal habillée… A vrai dire, le seul effort dont elle semblait capable en matière d’apparence était de dissimuler tout ce qui pouvait être féminin en elle sous les tenues les plus mal seyantes.

En tout état de cause, bien qu’il soit un patron moderne et d’esprit ouvert qui avait en horreur l’obséquiosité de certains collaborateurs, il ne pouvait accepter qu’on lui manque ainsi de respect au sein même de l’entreprise familiale qui portait le nom des Kyriakis.

Il détestait avoir à jouer au P.-D.G., mais cette fois-ci il devait remettre les points sur les i, se dit-il. Il allait faire comprendre à cette petite péronnelle qu’à l’avenir elle devrait changer radicalement de comportement à son égard.

Il s’apprêtait à pénétrer dans le bureau d’Andreas quand il se retourna vers la jeune femme.

Elizabeth le dévisageait avec une étrange immobilité, et il lui fallut quelques secondes pour s’apercevoir avec stupeur que, derrière ses horribles lunettes dignes des années cinquante, elle pleurait…

Au contraire de certains hommes qui fondaient d’attendrissement devant de pareils spectacles, il avait toujours détesté les femmes qui pleuraient : à son avis, il s’agissait en général d’un vil chantage pour faire pression sur la gent masculine. Cette fois, pourtant, il éprouva pour le chagrin d’Elizabeth Farley un intérêt aussi surprenant qu’inhabituel.

— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.

La question perturba Elizabeth. Elle s’était attendue à tout sauf à cette lueur de compassion dans les yeux noirs de Theo Kyriakis ! Mais, loin de la réconforter, l’attention de ce dernier acheva de la déstabiliser : elle éclata en sanglots.

Horrifiée, elle tenta de maîtriser ses larmes, sans résultat, tout en pestant intérieurement contre Theo Kyriakis. Quelle idée de faire preuve de cette gentillesse déplacée au moment précis où elle s’en serait bien passée ! Pourquoi ne restait-il pas l’homme insensible et déplaisant qu’il était d’habitude ? Du plus loin qu’elle se souvenait, il l’avait toujours embarrassée sans qu’elle s’explique pourquoi. Pourtant, d’ordinaire, elle s’interdisait de porter des jugements trop hâtifs sur les gens, mais elle avait éprouvé un malaise immédiat lors de leur première rencontre. Il était aussi condescendant et inaccessible que son frère Andreas était cordial et charmeur, se dit-elle, redoublant de sanglots.

A la première minute de l’entretien qui avait débouché sur son embauche, Andreas avait fait sa conquête. Depuis lors, elle nourrissait pour lui un amour sans espoir. Et cette situation lui était devenue insupportable.

« Je dois m’arrêter de pleurer, je dois m’arrêter de pleurer ! » se répéta-t-elle, de plus en plus affolée. Au prix d’un terrible effort sur elle-même, elle parvint au bout d’un temps qui lui parut infini à étouffer ses sanglots. Theo la dévisageait toujours, une expression de stupéfaction désolée sur son visage aux traits virils.

Quand Elizabeth fut enfin capable de parler, elle bredouilla une explication aussi peu convaincante qu’alambiquée sur une mystérieuse allergie qui lui provoquait des réactions oculaires. Mais elle était parfaitement consciente que Theo ne la croyait pas. Elle n’avait jamais su mentir…

Comment pouvait-elle se laisser aller à un tel accès de faiblesse, alors qu’Andreas se trouvait dans le bureau d’à côté ? Et, pour couronner le tout, sous les yeux effarés du grand patron de l’entreprise ? Car chacun savait que, même si Andreas avait le titre de directeur général, c’était Theo qui tenait les rênes de la société et en avait fait la florissante multinationale cotée en bourse qu’elle était devenue.

Elle se moucha discrètement tout en risquant un œil sur Theo. Elle aperçut son profil altier, et dut admettre qu’il avait une incroyable prestance avec ses yeux noirs ourlés d’interminables cils, son nez droit, sa bouche aux lèvres bien dessinées.

A plusieurs reprises, elle avait constaté à quel point, tel un aimant, il attirait l’attention quand il pénétrait dans une pièce. Etait-ce sa plastique de play-boy, sa haute stature, ou plutôt cette aisance naturelle qui émanait de toute sa personne, exactement comme s’il était persuadé qu’il avait le monde à ses pieds ? Et le pire était qu’il semblait parfaitement indifférent à l’admiration et à l’intérêt qu’il suscitait ! Il se contentait de sourire, juste ce qu’il fallait, et il était toujours d’une élégance raffinée dans ses costumes de grand couturier qui mettaient en valeur ses longues jambes et sa carrure d’athlète. Les femmes le buvaient des yeux, les hommes le jalousaient, mais il n’en avait visiblement que faire.

Andreas, lui, était tout le contraire, et c’est ce qui avait séduit Elizabeth à la première seconde. Elle avait immédiatement succombé à son charme et à son sourire irrésistibles. Il était aussi sensible que Theo semblait dur… S’il l’avait vue pleurer, il l’aurait aussitôt prise dans ses bras et serrée contre lui pour la réconforter. Puis il aurait plaisanté, trouvant aussitôt le mot juste pour la dérider, et elle aurait séché ses larmes, rassérénée.

L’idée même de Theo Kyriakis la prenant dans ses bras pour la consoler parut à Elizabeth aussi saugrenue qu’inquiétante. Il était si grand, si musclé, si viril ! se dit-elle en réprimant un frisson. Elle préférait ne pas penser à l’effet que cela devait faire d’être pressée contre son large torse : ce devait être tout simplement effrayant !

Theo la regarda s’essuyer les yeux. Ainsi, une femme aussi incolore qu’Elizabeth Farley était capable de ressentir des émotions ?

— Rentrez chez vous, dit-il soudain. J’expliquerai à Andreas que c’est moi qui vous ai dit de partir.

Bien sûr, sa proposition était purement dictée par l’intérêt de l’entreprise, se dit-il, et nullement par une quelconque sollicitude. Pour recevoir les clients, mieux valait pas de secrétaire du tout qu’une secrétaire larmoyante.

Elizabeth sursauta, et chassa de son esprit l’image absurde de son corps pressé contre celui de Theo Kyriakis.

— Non, c’est impossible, rétorqua-t-elle brutalement. Il n’apprécierait pas.

De quoi se mêlait-il ? songea-t-elle. Il n’était pas son patron, et il n’avait pas à interférer ainsi dans son travail ! Si quelqu’un pouvait lui donner des ordres, c’était Andreas, et seulement Andreas. Ce n’était pas la première fois qu’elle constatait que Theo Kyriakis décidait à la place de son frère, et elle détestait ça, d’autant qu’Andreas se laissait toujours faire. Il était parfois bien trop gentil ! A plusieurs reprises, elle avait failli prendre sa défense dans ce genre de situations, mais s’était arrêtée juste à temps.

Theo nota avec surprise la véhémence de sa réponse et contrôla avec peine un début d’irritation.

— Il n’est jamais conseillé de mélanger vie personnelle et vie professionnelle, fit-il observer d’une voix réprobatrice.

Il avait toujours essayé de respecter cette maxime, même lorsque quelques années auparavant, la rupture de ses fiançailles avait fait la une de tous les magazines people, avec en prime les photos de son ex-fiancée avec son nouvel amant. Toute l’entreprise avait été au courant…

Ces quelques semaines avaient compté parmi les plus pénibles de son existence, mais il avait tenu bon. Et au travail, personne n’aurait jamais pu deviner qu’il traversait une période de turbulences.

Le reproche à peine déguisé n’échappa pas à Elizabeth.

— Je n’ai pas de vie personnelle, asséna-t-elle sèchement.

Theo ne put retenir un sourire devant l’air courroucé et les joues rouges de la jeune femme. Il l’avait fait sortir de ses gonds, et cette idée le réjouissait plutôt… Contre toute attente, la petite souris discrète, efficace et dévouée était donc capable de mordre…

Elle lui lança un regard glacial derrière les verres de ses imposantes lunettes.

— J’ai encore beaucoup de travail, ajouta-t-elle d’un ton abrupt.

Il y eut un silence.

— Vous savez, personne n’est indispensable, mademoiselle Farley, murmura enfin Theo en la fixant durement.

Elizabeth se raidit. Que signifiaient ces propos sibyllins ? Lui donnait-il un conseil ou était-il en train de la menacer ? Et, cette fois encore, de quel droit ?

Après quelques instants, elle décida d’ignorer sa réflexion. Aimable ou menaçante, en quoi cela lui importait-il ? De toute façon, dans quelques mois, elle n’aurait plus aucun risque de jamais le rencontrer et il ne serait plus qu’un lointain souvenir.

Oui, elle allait bientôt en avoir fini avec les Kyriakis, et c’était tant mieux !

Sauf que cela signifiait qu’elle devrait malheureusement aussi quitter son emploi. Or, sa situation financière ne lui permettrait pas de rester sans ressources bien longtemps. Elle n’avait plus qu’à croiser les doigts pour retrouver au plus vite un travail, tout en sachant que de toute façon, elle ne serait jamais aussi bien payée que par Andreas. Mais elle ne pouvait plus continuer à le côtoyer ainsi quotidiennement.

— Je ne sais pas ce que vous voulez dire, déclara-t-elle malgré elle. Mais si vous aviez l’intention de me licencier, c’est raté, car je m’apprête à donner ma démission.

Joignant le geste à la parole, elle saisit une enveloppe posée sur son bureau et la secoua en regardant Theo d’un air narquois.

Celui-ci la dévisagea avec stupéfaction, notant une évidente hostilité dans ses yeux dont il remarqua l’étonnant vert émeraude pour la première fois.

— Vous licencier ? Mais qu’est-ce qui a pu vous donner cette idée ? s’exclama-t-il, ébahi. Personne ne veut vous licencier.

— Vous avez dit à l’instant que personne n’est indispensable, bafouilla Elizabeth, soudain mal à l’aise.

— Pourquoi cette lettre de démission ? reprit Theo comme s’il n’avait rien entendu. Et pourquoi me la montrez-vous ? Je vous rappelle que ce n’est pas moi qui vous emploie, mais mon frère, puisque vous semblez l’avoir oublié.

— Je ne l’ai pas oublié, précisa-t-elle sèchement. Mais vous n’ignorez pas que si vous décidez de me licencier, vous en avez le droit, puisque vous êtes le président directeur général…

Au moins, elle savait qui était le patron, songea Theo avec une certaine satisfaction.

— Loin de moi cette idée ! lança-t-il avec un sourire ironique. Mais expliquez-moi donc ce qui s’est passé pour que vous vouliez nous quitter.

— Je n’ai rien à vous dire, murmura-t-elle d’une voix tendue. Ceci ne vous regarde pas : il s’agit d’une affaire entre votre frère et moi.

A sa grande surprise, il ne parut pas offusqué par sa repartie peu aimable. Il sembla réfléchir, comme si son sort l’intéressait vraiment, ce qui était pourtant hautement improbable.

— Si j’étais vous, je laisserais passer la nuit avant de prendre une telle décision, fit-il enfin observer.

Theo n’arrivait pas à comprendre pourquoi Elizabeth Farley donnait sa démission. Mais soudain, une hypothèse parfaitement plausible lui vint à l’esprit.

Et si elle avait eu une histoire avec Andreas ? Une histoire qui avait mal tourné ? Voilà qui expliquerait ses larmes. Véritable cœur d’artichaut, Andreas tombait immanquablement sous le charme de ses collaboratrices. Theo lui avait fait de nombreuses leçons de morale sur le sujet, lui expliquant que mélanger sexe et travail était absurde, mais il était incorrigible et recommençait toujours la même erreur.

Mais non, c’était impossible ! Il faisait fausse route : Andreas ne pouvait s’intéresser ni de près ni de loin à une fille si dépourvue de sex-appeal, une fille qui portait des talons plats et des tailleurs de grand-mère !

En fait, Elizabeth Farley était l’antithèse de ce qu’Andreas cherchait d’ordinaire chez une femme : la sophistication, l’élégance, la sensualité, la féminité. Avec ses grosses lunettes, son absence de maquillage et sa jupe trop longue, elle n’avait aucune chance.

— J’ai cru comprendre que vous étiez un élément de valeur dans notre société, déclara Theo d’un ton sérieux.

Elizabeth fronça les sourcils. Parlait-il vraiment d’elle ? Se serait-il renseigné sur elle, lui le grand patron qui ne faisait que des apparitions éclair dans le bureau d’Andreas, entre deux voyages à l’étranger pour gérer les filiales et acquérir de nouvelles sociétés ? N’était-ce pas invraisemblable ? songea-t-elle, soudain désemparée.

— Vous le pensez vraiment ? balbutia-t-elle.

Theo l’observa un moment avant de répondre :

— Oui. Pourquoi, j’ai tort ? rétorqua-t-il sans cesser de la fixer.

Pour la première fois de sa vie, Elizabeth résista à cet instinct qu’elle avait de toujours se dévaluer de peur de paraître prétentieuse.

— Je crois être compétente dans les domaines qui sont les miens, admit-elle à contrecœur.

Elle était plus que modeste ! songea Theo. Car en fait, sans elle, Andreas ne s’en serait jamais sorti. Que s’était-il passé pour qu’il laisse partir une telle perle ? se demanda-t-il avec une irritation croissante.

— Vous avez trouvé mieux ailleurs ? interrogea-t-il, décidé à la pousser dans ses retranchements.

— Mieux ? répéta-t-elle en ouvrant de grands yeux incrédules.

— Ne faites pas celle qui ne comprend pas ! rétorqua-t-il, agacé. On vous a proposé un poste plus intéressant ? Mieux payé ?

— On ne m’a rien proposé du tout, répondit-elle de mauvaise grâce.

— Alors, vous avez trop de travail ? Ou pas assez de perspectives d’avenir ?

Pourquoi le regardait-elle avec cet air maussade, alors qu’à l’évidence c’était une fille intelligente ? s’interrogea Theo. Faisait-elle l’idiote pour éluder ses questions ? Mais dans ce cas, qu’avait-elle à cacher ?

Comme elle ne répondait pas, il poussa un soupir de lassitude.

— Sérieusement, je pense que vous devriez discuter de tout ceci avec Andreas avant de prendre une décision que vous pourriez regretter, dit-il d’un ton sérieux.

Cette fois, c’en était trop ! De quoi se mêlait-il ?

Elizabeth se leva brutalement et se mit à arpenter le bureau à grands pas. Ainsi donc, il la croyait assez stupide pour avoir pris cette décision à la légère, une décision qui allait la plonger dans de graves difficultés financières, alors qu’elle réfléchissait depuis des mois à la question, qu’elle en avait perdu le sommeil et l’appétit ! De quel droit lui donnait-il des conseils s’il ne savait même pas de quoi il s’agissait ?

Pourtant, c’était simple…

Depuis le début, elle était follement amoureuse d’Andreas.

Malgré tout, elle avait presque réussi à accepter l’idée qu’il ne l’aimerait jamais, à dissimuler sa souffrance et à trouver un difficile équilibre au bureau. Jusqu’au jour où il lui avait demandé de l’aider à choisir la bague de fiançailles de sa future femme.

Et cela, elle ne l’avait tout simplement pas supporté.

— C’est impossible, répondit-elle dans un souffle. La simple idée qu’il…

Elle s’interrompit brutalement et se tourna vers Theo.

— Je vous en prie, laissez-moi, balbutia-t-elle d’un ton implorant.

Puis elle se détourna et se planta devant la fenêtre, incapable de soutenir le regard stupéfait de Theo. Celui-ci resta immobile quelques instants, puis elle l’entendit entrer dans le bureau d’Andreas.

***

Theo était encore en train de réfléchir à l’étrange comportement d’Elizabeth Farley, quand il pénétra dans la pièce. Il lui fallut quelques secondes pour prendre la pleine mesure de la scène qu’il avait devant lui.

Rien de moins que son frère et son ex-fiancée dans les bras l’un de l’autre…

C’était la deuxième fois qu’il surprenait Ariana dans les bras d’un autre homme, mais les deux situations n’avaient rien de comparable !

Six ans auparavant, elle ne s’attendait pas à le voir, et elle était sa fiancée. Les deux protagonistes étaient nus tous les deux, en pleine action, ce qui avait rendu l’épisode particulièrement pénible…

Theo s’était cru l’homme le plus heureux du monde : il allait épouser la femme de ses rêves, un magnifique mannequin aux formes sculpturales que tous ses amis lui enviaient. Un vol annulé en avait décidé autrement : il était rentré chez lui sans prévenir, avait surpris sa future femme en pleins ébats et brusquement perdu toutes ses illusions sur la valeur de l’engagement amoureux.

En ce domaine, il avait désormais acquis un parfait détachement. Son aventure avec Ariana lui avait ouvert les yeux : jamais plus il ne se laisserait aller aux débordements romantiques qui l’avaient un temps aveuglé, jusqu’à cet instant fatidique où tout s’était écroulé comme un château de cartes, le renvoyant à la dure réalité.

Le premier choc passé, il avait tourné les talons et immédiatement coupé tous liens avec Ariana. Mais aujourd’hui, il se devait d’intervenir pour faire comprendre à Andreas qu’il se fourvoyait.

Son frère n’allait sûrement pas apprécier qu’il s’immisce dans ses affaires, mais tant pis ! Il connaissait la duplicité d’Ariana, et il n’était pas question qu’elle abuse de la confiance d’Andreas comme elle avait abusé de la sienne.

Comment s’étaient-ils revus ? songea-t-il. Etait-ce elle qui avait décidé de faire sa conquête, ou avait-elle cédé à ses avances ?

Au fond, la réponse importait peu.

La seule chose qui comptait était d’empêcher Andreas de tomber dans les filets de cette séductrice sans scrupule.

Peut-être aurait-il dû chercher à se venger d’elle quand elle avait donné cette scandaleuse interview à un magazine à gros tirage, immédiatement après leur rupture… A l’époque, il avait jugé plus intelligent de se taire plutôt que d’user d’un droit de réponse qui aurait donné encore plus de publicité à l’affaire.

Six ans avaient passé, mais il se souvenait presque de chaque mot de l’article, un véritable tissu de mensonges.

J’étais folle de Theo, et j’ai cru que le monde s’écroulait sous mes pieds quand il m’a lancé son ultimatum. Il voulait que je choisisse entre ma carrière et lui. N’oubliez pas que, comme tous les Grecs, il est terriblement macho. Il a besoin d’une femme à l’ancienne mode qui reste à l’attendre à la maison. C’est pour ça que je l’ai quitté, la mort dans l’âme… Je ne pouvais pas lui sacrifier ma carrière.

Quelques jours plus tard, pas gênée le moins du monde, Ariana avait eu le toupet de l’appeler en lui expliquant que, grâce à cette interview, elle avait remporté un important contrat pour être l’égérie d’un parfumeur de renom…

Mais ensuite, sa carrière avait piétiné, et il n’éprouvait pas la moindre compassion pour elle.

— Je vous dérange ? lança Theo avec une ironie acerbe.

Le couple se sépara aussitôt.

Ariana referma ostensiblement le premier bouton de son chemisier sans se départir de son sourire de magazine. Quant à Andreas, il avait les joues rouges et l’air gêné d’un adolescent pris en faute, et il se mit à toussoter nerveusement.

— Theo, balbutia-t-il, on ne t’avait pas entendu…

Comment pouvait-il se laisser ainsi manipuler par Ariana ? songea Theo, exaspéré. A l’évidence, elle se délectait de cette situation, et se réjouissait de revenir en force au sein de la famille Kyriakis. Et il n’y voyait que du feu !

La jeune femme eut un mouvement de tête étudié qui eut pour effet de faire virevolter ses boucles blondes exactement comme elle le voulait, et elle posa une main sur l’épaule d’Andreas.

— Voyons, mon chéri, Theo comprend parfaitement, j’en suis sûre, murmura-t-elle d’une voix suave.

Theo eut un regard sans concession pour son ex-fiancée en se demandant comment il avait pu être assez naïf pour se laisser séduire autrefois par son grossier manège.

— Quelle scène charmante… Il semble que vous soyez devenus les meilleurs amis du monde ! fit-il observer d’un ton railleur.

Contrarié, Andreas saisit la bouteille de champagne mise à rafraîchir dans un seau.

Il n’avait que faire des réflexions amères de son frère, pensa-t-il tout à coup, décidé à ne pas se laisser dominer comme toujours par son aîné.

Etait-ce sa faute, si Ariana était tombée amoureuse de lui après avoir quitté Theo ?

Il n’y était pour rien.

Et pour une fois qu’il avait gagné quelque chose que son frère n’avait pu avoir, il n’allait pas laisser ce dernier gâcher son bonheur !

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