Ajouter un extrait
Liste des extraits
Le caractère d’un homme se révélait peu de temps après le premier contact. Il suffisait d’être attentif, de bien écouter, et de se forger un jugement à partir des mots et du comportement. Martha avait déjà tiré ses conclusions : le duc de Roth était arrogant, maussade, impoli et totalement indifférent à ce qui n’était pas sa petite personne.
Sauf si elle se trompait du tout au tout dans son analyse…
Le duc fermait la marche, lentement et, cela sautait aux yeux, avec peine. Il souffrait. Il s’appuyait lourdement sur une canne. Sa jambe gauche semblait fonctionner normalement, mais il traînait la droite.
Martha se retint de lui proposer son aide. Il tourna la tête vers elle, les traits durs, carra les épaules mais soutint son regard. L’échange fut étrangement intime, comme si elle l’avait surpris au moment où il était le plus vulnérable. Et ce moment sembla s’éterniser, instillant un malaise entre eux. Martha aurait voulu lui demander ce qui lui était arrivé. M. Burthren avait dit qu’il avait été malade.
Elle avait envie de lui présenter ses excuses et se demandait pourquoi. Parce qu’elle l’avait vu boiter ? Parce qu’elle l’avait mal jugé ? Les rides d’amertume autour de sa bouche n’étaient pas dues au mépris qu’il vouait à autrui mais à la souffrance, réalisa-t-elle.
— Merci, dit-elle, désireuse d’établir un lien entre eux d’une manière ou d’une autre. Nous n’avons besoin que de quelques minutes, Votre Grâce. Le fourgon sera bientôt là, avec les affaires de mon père. Dès qu’il aura été déchargé, nous repartirons.
Il se borna à opiner. Et ne fit pas un pas. Jusqu’à ce que Martha eût compris qu’il ne bougerait pas tant qu’elle le regarderait.
Elle s’empressa de rejoindre Grand-mère et Joséphine.
Afficher en entier