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Prologue

— Tes parents savent que tu es ici ? a demandé l'employée des services sociaux.

— Non, ai-je répondu, mais je veux me renseigner sur les foyers pour enfants.

Je devais me hausser sur la pointe des pieds pour voir par-dessus le comptoir de la réception.

— Quel âge as-tu ?

— Onze ans.

— Ça ne se passe pas très bien à la maison, c'est ça ?

— C'est ça. Que dois-je faire pour m'inscrire ?

— Commençons par quelques renseignements.

Je lui ai donné mon nom, mon adresse, et je lui ai dit que j'aimerais bien déménager le jour même, si c'était possible.

— Ma pauvre, tu ne peux pas t'inscrire toute seule. Il nous faut d'abord le consentement de tes parents. Pourquoi ne rentres-tu pas chez toi pour y réfléchir ? Tu pourras toujours repasser me voir.

— Mais je ne veux pas rentrer à la maison.

— Écoute, je ne peux pas t'envoyer dans un foyer juste parce que tu as envie de partir de chez toi. Veux-tu que nous prenions contact avec ta mère ?

— Non, merci. Je me débrouillerai toute seule.

Si ma mère découvrait ce que j'étais en train de faire, j'en serais quitte pour une raclée. J'ai repris Walworth Road en direction de notre maison sur Sutherland Square, dans le sud de Londres. C'était une belle journée ensoleillée, mais j'étais très déprimée. Tout ce que je faisais tournait mal, même les foyers pour enfants ne voulaient pas de moi. La vie ne valait pas la peine d'être vécue.

Cette nuit-là, j'ai décidé que personne ne me regretterait si je disparaissais. Avant de me mettre au lit, j'ai écrit une lettre à ma mère. Je l'ai glissée dans mon cartable et je suis allée dans la salle de bains. J'ai débouché la bouteille de détergent, j'ai ajouté de l'eau du robinet et je l'ai bue avant de me coucher. J'avais choisi le Domestos parce que le Domestos tue tous les microbes et que ma mère me répétait toujours que j'étais un microbe, une infection. Je me sentais très malade, mais heureuse et triste aussi. J'étais heureuse parce que, au matin, si le détergent faisait effet, je serais morte. Il n'y aurait plus de lendemains. Youpi. Mais j'étais triste parce que je ne reverrais plus mes sœurs… Peut-être que cela valait mieux, après tout. Quant à ma mère, j'ai juré devant Dieu de revenir la hanter pour le restant de ses jours. Je lui flanquerais des gifles, je lui ferais des croche-pieds dans l'escalier, je lui enlèverais ses couvertures dans son sommeil. Ah ça, oui !

Le lendemain matin, je me suis réveillée en me croyant morte. Mon alarme anti-incontinence sonnait au loin. Les lumières autour du lit s'allumaient et s'éteignaient et j'étais incapable de bouger les pieds ou les bras.

Ma mère me toisait.

— Sors du lit, m'a-t-elle ordonné.

Je n'ai pas bougé. Je n'arrivais pas à parler, ma bouche me faisait trop mal. Des cloques gonflaient autour de mes lèvres.

— Allez, debout.

Elle a rejeté ma couverture.

— Je ne vais pas te le redire deux fois. Ouste !

Me prenant par le bras, elle m'a forcée à me redresser. Quand elle m'a lâchée, je suis retombée mollement et me suis mise à vomir.

— Eastman ! a-t-elle crié.

Eastman était son nouveau copain. Il a appelé Pauline et Patsy, mes deux grandes sœurs.

— Seigneur Dieu, a dit ma mère, cette gosse va finir par m'attirer des ennuis.

Eastman a suggéré de faire venir un médecin ou une ambulance, mais elle a préféré ordonner à Pauline de refaire le lit et de mettre les draps souillés dans la machine. Ensuite, elle s'est mise à faire le ménage dans la pièce, ouvrant la fenêtre pour chasser la puanteur, avant d'annoncer qu'il fallait m'installer ailleurs. Dans cette chambre, un médecin pourrait avoir l'impression qu'on me négligeait.

Avec l'aide de Pauline, ma mère a entrepris de me changer. Elle a dû sentir que sa présence me rendait malade, car elle a laissé ma sœur continuer seule et est partie en emportant ma chemise de nuit trempée. Elle l'était depuis trois jours. La nouvelle m'arrivait aux chevilles et recouvrait tout un assortiment de bleus, de coupures et de marques qui auraient pu nécessiter des explications.

— Allez, Clare, m'a dit Pauline en me donnant à boire avec une cuillère. Allez, ouvre la bouche.

Elle n'arrêtait pas de me faire couler de l'eau dans la gorge.

— Mais qu'est-ce que tu as encore fait ?

J'ai dû perdre conscience. Quand je me suis réveillée, ma jeune sœur, Christine, était à mon chevet.

— M'man dit que tu vas lui attirer des ennuis. Qu'est-ce que tu as fait ?

Un peu plus tard, Pauline est revenue pour me faire avaler de la soupe à la queue de bœuf. Je l'ai ingurgitée avant de la vomir entièrement sur le lit et la moquette. Eastman et ma mère ne rentraient plus dans la chambre. Je les entendais dans le couloir.

— Elle va peut-être s'en remettre, disait-elle. Attendons. Pauline va rester avec elle et on n'appellera le docteur ou une ambulance que s'il se passe quelque chose.

Un silence, puis :

— Doux Jésus, qu'ai-je fait pour mériter une gosse pareille ?

— Allez, Clare, a dit ma sœur. Secoue-toi.

Je me suis endormie. Je me souviens ensuite d'avoir ouvert les yeux en pleine nuit. Ma sœur dormait au pied du lit. Elle s'est réveillée en sursaut quand j'ai essayé de lever la tête. Elle a couru à la porte pour alerter ma mère, qui est arrivée aussitôt, Eastman sur ses talons. Il lui parlait encore du médecin.

— Carmen, appelle un docteur avant qu'il ne soit trop tard.

— Non. On attend encore un peu.

— Carmen, tu vas finir en prison. Tu crois peut-être que je vais y aller avec toi ? Ah non, pas question. Appelle le docteur, Carmen, tu sais pas ce qu'elle a, cette petite.

— Eastman, si Clare devait mourir, elle serait déjà morte. La prison t'a rendu idiot !

Quand je me suis réveillée la fois d'après, il faisait jour. Ma sœur était toujours dans la chambre et, bizarrement, je n'avais pas mouillé mon lit. Dès qu'elle m'a vue bouger, Pauline s'est ruée dehors pour aller chercher ma mère et un autre bol de soupe.

— Allez, Clare, mange, a dit ma sœur en tentant une nouvelle fois de me nourrir à la cuillère.

Pendant ce temps-là, ma mère se plaignait.

— Oh, Seigneur, Toi aussi, Tu as eu un fils. Dis-moi ce que j'ai fait de travers ! Doux Jésus, sur ma tête, aide cette petite à quitter ce lit. Oh, Seigneur, je suis Ta fille obéissante et dévouée.

Elle était debout au pied du lit.

— Tu veux un docteur ? m'a-t-elle demandé.

— Non.

Va-t'en, me disais-je. Si je voulais un docteur ? Bien sûr que non. Je ne voulais pas être sauvée. Je ne voulais plus vivre. Je ne voulais plus être un microbe.

Elle a quitté la chambre.

— Pauline, a-t-elle crié depuis le couloir, appelle-moi, s'il le faut.

Ma sœur me donnait la soupe.

— Qu'est-ce que tu as fait, Clare ? Tu peux me le dire, à moi.

— Quat'z-yeux, tu espionnes pour m'man ?

— Non, non. Pourquoi tu dis ça ?

— Alors, arrête de me poser des questions.

Elle a continué à me nourrir en silence et j'ai fini par me rendormir. Une sensation de brûlure entre les jambes m'a réveillée. Des croûtes s'étaient formées, jusque sous mes poils pubiens. L'urine me brûlait le minou, et le haut des cuisses et mon derrière me démangeaient. Mais j'étais soulagée. Pour plusieurs raisons. L'alarme ne s'était pas déclenchée. On ne m'avait pas sortie du lit en me tirant par le minou. On ne m'avait pas tordu les tétons, ni flanqué de coups de poing dans le ventre. Mes sœurs sont juste revenues avec des draps frais et une chemise de nuit propre.

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