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Vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures que je me suis réveillé seul dans mon lit. Vingt-quatre heures que la fille qui m’a convaincu de ne pas abandonner la mission m’a planté comme un con.
Vingt-quatre heures qu’Alana fait comme si je n’existais pas.
Je n’ai rien contre un peu de challenge – une nana qui se barre aux aurores alors qu’on lui a explicitement demandé de rester, c’est assez rafraîchissant. Et je ne suis pas non plus susceptible, la preuve : je suis resté cool même quand j’ai découvert qu’elle avait demandé à changer de partenaire de plongée – ce qui, vu l’épisode du chalutier, lui a été accordé sans trop de difficultés. Par contre, je m’attendais au moins à ce qu’elle me donne une explication. Un truc un peu compliqué, à la Alana : « Tu comprends, après cette nuit, je suis un peu perdue. » « Je pense qu’on doit prendre le temps de réfléchir aux conséquences de nos actes. » « Mes parents n’approuveraient pas, ils m’ont déjà promise au plus jeune des associés de papa. » « Oh ! Casey, il ne faut pas… »
Afficher en entierVingt-quatre heures. Vingt-quatre heures que j’ai découvert l’affreux petit secret de Casey. Vingt-quatre heures que je suis au courant de l’ignoble pari qu’il a engagé avec Mina Lockheart, probablement avec la complicité de mon pervers de demi-frère par alliance. Vingt-quatre heures que j’ai honte de moi. De ma naïveté. Comment ai-je pu me laisser si facilement prendre au piège ? Je le sais, pourtant, que depuis que Nick est entré dans ma vie, je dois constamment rester sur mes gardes.
C’est d’autant plus vrai maintenant.
Si jamais il est de mèche avec Lewitt, ça veut dire qu’il sait que je suis ici et non à Londres. Qu’est-ce qui m’a pris de refaire une partie du Kama-sutra avec un quasi-inconnu ? Quand je pense à la façon dont je l’ai… Dont il m’a… Dont j’ai… Merde ! Merde, merde et re-merde.
Afficher en entier- Pssst… Pssst… m’interpelle une voix derrière moi.
Sa voix. Je fais semblant de ne rien entendre et continue de noter.
– Pssst… insiste Lewitt avant de carrément me tapoter sur l’épaule.
– Quoi ? lancé-je exaspérée.
– Excuse-moi de te déranger, Blanche-Neige, me chuchote-t-il à l’oreille en se penchant vers moi, j’aurais voulu savoir comment on fait pour se retrouver avec les plongeurs. Parce que nettoyer la plage, ça va aller, les travaux d’intérêt général j’ai déjà donné…
« Blanche-Neige ». Parfait. Hilarant.
J’imagine que cette plaisanterie, digne d’un gamin de 6 ans, vise à me faire remarquer, au cas où je l’ignorerais, que je suis vraiment, vraiment très brune, et que j’ai la peau vraiment, vraiment très pâle.
– On se montre suffisamment responsable pour arriver à l’heure en réunion, pesté-je à voix basse. On ne se pointe pas sur l’île à la dernière minute mais au moins vingt-quatre heures avant pour prendre ses marques. On essaye d’avoir un casier judiciaire clean. Ah, j’oubliais ! On passe son diplôme de plongée sous-marine, niveau 2 minimum. Pour l'encadrement de mineurs, c'est mieux.
– Je sors à peine de taule, concède-t-il d’un ton narquois, mais j’ai un diplôme, niveau 3. D’après toi, ce sera assez pour faire oublier mes crimes passés ?
– Il a son diplôme… marmonné-je pour moi-même.
À quoi je m’attendais ? Il a probablement aussi son permis moto, bateau, hélicoptère, et monte à cru des chevaux sauvages au soleil couchant.
– On peut savoir ce que tu marmonnes dans ta barbe ?
– Tu vas te taire, oui ? m’impatienté-je. J’essaye de suivre !
– Très aimable, murmure-t-il avec une ironie qu’il doit penser irrésistible. C’est pas Blanche-Neige que j’aurais dû t’appeler, c’est Grincheux.
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