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Paz inspira si fort qu’elle manqua d’avaler son foulard. Cette idée la fit sourire. Son foulard : affreux, d’un vieux rose délavé et à la texture molle. Mais elle y tenait. Il sentait bon. Il sentait Marlène. La petite Marlène, elle qui avait toujours exhalé la saveur du sable chaud et celle des fruits qui se mangent en fin de journée, sans jamais qu’elle en ingère. C’était cette odeur que Paz aimait tant. L’odeur de Marlène.
La jeune femme ne savait pas exactement où elle se trouvait. Elle ne reconnaissait rien. Elle lâcha son écharpe et regarda les alentours, tournant la tête en tous sens. Elle se tenait au milieu d’un astroport, le plus grand de 13ème Boulevard. Elle venait à peine de fouler le sol de cette planète, fraîchement débarquée d’un immense vaisseau gorgé de visages inconnus. L’endroit, à la senteur aigre, agrémenté par les déchets alimentaires et la sueur des passagers à peine réveillés, la perturbait.
Paz sortit et mit immédiatement une main devant son nez, une odeur infecte de carburant suintait dans la rue. Une quinte de toux la prit par surprise, elle n’avait plus l’habitude de tels effluves. Elle venait de quitter une planète mineure, broussailleuse et principalement occupée par les forces de la seconde grande coalition de cet âge. Sur cette dernière, la jeune femme avait humé l’herbe gorgée d’eau tombée d’un ciel tropical et le parfum des insectes grouillant dans la terre.
La terre. Là-bas, elle était argileuse. Ici, elle n’existait même plus. Des fragments subsistaient dans les jardinières afin de rendre les alentours de l’astroport plus verts. Rien de plus.
Paz observa les arbres. De petites tailles et tous à demi écroulés sur eux-mêmes, ils lui renvoyèrent une image macabre qui lui brisa le cœur. Sa sensibilité accrue l’empêchait de marcher sur une pierre, alors ne rien tenter et laisser ces arbres dépérir sous la pollution démesurée la mettait mal à l’aise. Son amour de la nature pulsait fort en elle. Elle tenait cela de son enfance, principalement vécue loin d’ici, dans les sables chauds des dunes de sa planète, belle malgré la pauvreté générale de sa population.
La jeune femme fut cueillie par le vent. Il souffla fort dans ses cheveux bouclés, si bien qu’il ébouriffa sa tignasse brune. Elle les avait pourtant coupés courts, mais ils tombaient en élégante cascade sur ses oreilles. Cette coiffure lui allait bien. Seul le foulard de Marlène faisait tache.
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