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Si tu as besoin qu'on t'explique pour comprendre, cela veut dire qu'aucune explication ne pourra jamais te faire comprendre.
Afficher en entierLà où il y a de la lumière, il y a nécessairement de l'ombre, là où il y a de l'ombre, il y a nécessairement de la lumière. Sans lumière il n'y a pas d'ombre, et, sans ombre, pas de lumière. Carl G. Jung a expliqué ces choses-là dans un de ses livres.
Afficher en entier« Personne ne le sait, songeait Aomamé. Mais moi, je comprends. Ayumi avait en elle un énorme manque aride et désolé, quelque chose comme un désert aux confins de la Terre. Sur le sol duquel on pouvait verser toute l’eau que l’on voulait, nulle humidité ne subsistait quand la terre l’avait absorbée. Aucune forme de vie ne pouvait y prendre racine. Aucun oiseau ne volait dans ce ciel-là. Seule Ayumi savait ce qui avait produit en elle ce paysage totalement ravagé. Non, en fait, peut-être Ayumi n’en était-elle pas tout à fait consciente. [...]
Chaque fois qu’elle ôtait une des couches du moi décoratif qu’elle avait élaboré, il ne restait pour finir qu’un abîme de vide. Qui la laissait complètement assoiffée. Et même si elle s’efforçait de l’oublier, ce vide la visitait périodiquement. Un après-midi pluvieux où elle était solitaire, ou un matin où elle s’éveillait après avoir fait un cauchemar. Et dans ces moments-là, il lui fallait impérativement se retrouver dans les bras de quelqu’un, et peu importait qui. »
P.111
Afficher en entier"Je ne possède strictement rien. Sauf mon âme."
Afficher en entier"La mort est toujours un moment décisif pour un homme. Si l'on ne choisit pas sa façon de naître, on peut choisir celle de mourir."
Afficher en entierLe bien absolu n'existe pas dans ce monde,le mal absolu n'existe pas. Le bien et le mal ne sont pas des valeurs fixes et intangibles. Elles s'intervertissent et la manière de les considérer varie constamment. Un bien peut,à l'instant suivant ,être changé en mal. Et inversement.
L'essentiel est que soit préservé un équilibre dans le balancement incessant du bien et du mal.
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)« 1Q84, tel est le nom que j’ai donné à ce monde. J’y suis entrée, il y a six mois, et maintenant, je vais en sortir. Je n’y suis pas entrée intentionnellement, mais c’est intentionnellement que je vais en sortir. Tengo demeurera, quand je n’y serais plus. Pour Tengo, ce que sera ce monde, bien entendu, je n’en sais rien. Je ne pourrai le voir de mes propres yeux. Mais cela m’est égal. Je suis prête à mourir pour lui. Je ne pouvais pas vivre pour moi. Cette possibilité m’avait été ôtée par avance. En échange, je pourrai mourir pour lui. C’est bien ainsi. J’irai à la mort en souriant.
Je dis vrai. »
P.466
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)« Pendant ce temps, Tengo est descendu du toboggan et il est parti. C’est mon destin, après tout. J’ai hésité, continuer d’hésiter, j’ai été incapable de me décider, et Tengo s’en est allé. C’est ce qui devait m’arriver.
Finalement je devrais me réjouir, se dit Aomamé. C’est mieux comme ça. Au moins j’aurai revu Tengo par hasard. Au bout d’une rue, je l’ai vu, j’ai pu souhaiter en tremblant qu’il me prenne dans ses bras. Et même, durant quelques minutes, j’ai pu goûter dans mon corps ce violent bonheur et cet espoir. Elle ferma les yeux, agrippa le garde-fou du toboggan, se mordit les lèvres. »
P.466
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)« Elle s’entendait respirer violemment. Elle eut l’impression soudaine qu’elle était divisée en deux. Une moitié voulait croire que c’était bien Tengo qui était là. L’autre moitié refusait d’accepter cette réalité, et cherchait désespérément à la repousser. Non, c’est impossible, s’efforçait-elle de la persuader. Les deux forces diamétralement opposées se combattaient avec vigueur, chacune voulant la tirer de son côté. Sa chair se lacérait, ses articulations se disloquaient, ses os semblaient se rompre. »
P.462
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)« C’était Tengo. Vingt ans s’étaient écoulés, Aomamé le savait bien. Mais c’était lui.
Le plus étonnant, c’est que Tengo n’avait presque pas changé depuis ses dix ans. Comme si le petit garçon avait simplement eu trente ans. Non pas qu’il avait l’air enfantin. Il avait énormément grandi, bien entendu, son cou avait forci, les traits de son visage comme son expression étaient ceux d’un adulte. Ses mains posées sur ses genoux étaient larges et puissantes. Bien différente de la main qu’elle avait serrée dans la salle de classe de l’école vingt ans plus tôt. Et pourtant, elle retrouvait l’impression que lui donnait le Tengo de dix ans. Ce corps si robuste, si solide lui communiquait une chaleur naturelle, un sentiment de sécurité. Elle aurait voulu poser sa joue sur sa poitrine. Elle en avait une envie folle. L’idée seule la remplit de joie. Et aussi la pensée que lui, assis sur le toboggan du jardin d’enfant, les yeux vers le ciel, contemplait passionnément la même chose que ce qu’elle voyait elle-même. Deux lunes. »
P.462
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