Extrait

Tout en parlant, Vladimir s'approcha d'une modeste armoire en bois qu'il déplaça sans effort. Il révéla ainsi un renfoncement sombre

-Là, je voulais faire étagères. Pour bazar de ta grand-mère. C'est en fouillant dans les gravats de briques que j'ai découvert les pierres.

-Les préhistoriques?

-Celles-là, oui.

-Quelqu'un les avait cachées là?

-Non.Tu ne comprends pas. Ce trou, ce grand vide, c'est machine à voyager dans temps.

-Ce trou?

-Oui. Là ou il n'y a rien.

-Vlad, tu délires.

Je ne suis pas certes pas un pro de la question. Mais je m'imaginais tout de même un appareil un peu complexe

, avec des cadrant et un siège. Suivant sa date de conception, j'aurais pu l'accepter en ferraille avec des roues dentées, du cuivre et u fauteuil en cuir, ou encore sous la forme d'une voiture, ça s'est vu. Mais là non. Ce vide me disait rien qui vaille et je me suis mis à douter de la santé mentale de Vladimir.

-Mais...ce n'est qu'un trou qui ne mène nulle part ...

-Au contraire, il est comme un trou dans le temps.

-Je...euh...Je ne saisis pas bien.

-C'est comme ascenseur entre les époques. Ou plutôt comme trou dans le plancher du temps. Imagine que l'étage du dessous est siècle précédent.

-Ah? Ce n'est pas très clair.

-Ou peut-être un endroit ou le temps n'existe pas.Oui, 'est comme ça qu'il faut t'expliquer: là il n'y a pas de temps qui passe.

-Et donc...?

-Donc toutes les époques s'ouvrent sur ce lieu-là immobile à jamais.

-ça ne tient pas debout, ai-je repris. Comment peux-tu décider du jour et de l'heure ou tu veut te rendre?

-Dans ta tête.

Etant donné mon expression, Vladimir a compris qu'il allait m'en falloir quand même un peu plus pour avaler ça.

-Tu penses très fort à la date ou tu veut aller. Pas autre choses. Et, lorsque tu sors du trou, tu es arrivé.

-Et ça marche? Vraiment?

-Je suis vieux fous, mais chaque semaine, je retourne voir ta grand-mère en 1963, le jour de ses vingt ans...