Extraits

Les soirs où je suis en pénurie de poches, mon soutien-gorge devient un espace de rangement IKEA. Mes trucs sont toujours à la même place: le condom d’un bord, l’argent de l’autre, le ticket du vestiaire du côté centre-droit et le cellulaire du côté centre-gauche. Je porte du 40DD, donc tout se camouffle bien. Pour ce qui est de mes clés, je ne traîne que les essentielles dans ma botte ou mon soulier

Habituellement, le sexe en plein air est la conséquence d’un flash du moment. On est en voiture, on voit une forêt ou un champ et pouf! on se retrouve les culottes à terre entre deux nuages. C’est bucolique, mais ça se passe rarement comme dans les films. Les moustiques, la racine de l’arbre qui te fait mal aux fesses, l’écureuil qui te regarde… Ces malaises peuvent détruire facilement les belles images érotiques qu’on avait d’une baise en campagne.

La voiture sentait le sexe jusque dans la tinque à essence. Le tableau de bord reluisait d’éjaculation féminine, j’avais les fesses dans la flaque de ma propre jouissance, il y avait du sperme sur le break à bras et même sur le boîtier du CD de Ricky Martin. Je ne pense pas que Ricky s’attendait à ça. D’ailleurs, moi non plus, je ne m’attendais pas à ça: je n’aurais jamais pu prédire qu’un jour je jouirais dans une voiture appartenant au clan Castro.

La spontanéité, en matière sexuelle, ne donne pas toujours lieu à l’idée du siècle. Ne sachant pas trop dans quel tas de feuilles mortes ou de lychen mettre mes fesses, j’ai préféré rester debout, baisser mon jeans et appuyer mes mains sur un tronc d’arbre. Ceux qui pensent que baiser par-derrière comme des animaux c’est sale n’ont jamais tenté de faire le missionnaire dans de la bouette de forêt…