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– Lennon, tremble-t-elle en posant ses doigts sur ma bouche.

Je lui souris, puis lui glisse à l’oreille :

– Pour moi aussi c’est nouveau. Étrange. Différent. Presque évident. Un peu inespéré…

Elle inspire profondément, je sens sa poitrine battre à tout rompre contre mon torse. Puis elle lâche d’une voix suppliante :

– Il faut que tu m’écoutes.

Elle me semble si fragile, tout à coup. Mes sentiments pour elle me dépassent. Je n’ai jamais connu ça. Pas si vite. Pas si fort. J’ai besoin de la rassurer. Qu’elle sache, qu’elle comprenne. Elle n’est plus seule.

–Quelque chose m’attire vers toi, lui confié-je. Me pousse à te protéger, me donne l’impression de te connaître depuis toujours. Alors abandonne-toi, laisse-moi t’apprivoiser…

Une larme s’échappe, creuse un sillon sur sa joue, je la récupère du bout du nez avant de reposer mon front contre le sien.

– Je ne suis pas celle que tu crois, souffle-t-elle contre mes lèvres.

Les yeux fermés, elle se dévoile enfin :

– Je suis la mère de ta fille.

J’ai dit que j’adorais me casser la gueule ? Pas cette fois.

Ce jour-là, j’ai rencontré Calliopé Lazzari.

La mère de ma fille.

La femme de ma vie.

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– Tu peux arrêter de jouer la fille exubérante sans arrêt. D’avoir l’air intouchable pour qu’on ne sache pas qui tu es vraiment, d’en faire des tonnes et de te montrer forte, sans attache et sans envie de t’attacher. Ta fragilité, je la vois, je la ressens. Tu peux être simplement toi, tu sais ?

J’aurais pu la faire fuir. Mon discours aurait pu l’effrayer. C’est tout le contraire.

Ses lèvres sur les miennes. J’en crevais d’envie depuis des semaines. Son animalité. Son intensité. Sa fragilité. Pia m’embrasse timidement, mais avec une sensualité qui me terrasse. Je réponds à son baiser avec force et douceur, sans la brusquer mais sans non plus pouvoir cacher la force de mon désir.

Elle l’ignore, mais l’intouchable hante mes nuits depuis une éternité.

Sa bouche est chaude, son souffle sucré et comme je le craignais, je la consomme déjà comme une drogue. Sa langue se faufile dans ma bouche et je perds un peu plus pied.

Cette fille, je l’attendais. Et je crois que je ne pourrai plus jamais m’en passer.

– Dis-moi d’arrêter… murmuré-je en glissant mes mains sous le tissu qui recouvre sa peau.

– Non, souffle-t-elle.

Foutu.

Ce jour-là, j’ai su que j’étais foutu.

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– Pia Salinger ?

– Vous savez lire,plaisante l’horripilante. Ça, au moins, vous pourrez l’appendre à votre fille.

Je soupire, résistant à l’envie de la remettre à sa place une bonne fois pour toutes. Willow rit de plus belle.

– Bon… dit-elle pour conclure, en devinant mon agacement. J’attends votre appel.

– Je n’ai pas dit que je le ferai, rétorqué-je.

– À très bientôt, Willow, sourit-elle en m’ignorant superbement.

Elle s’éloigne enfin.

Ce jour-là, j’ai rencontré ma deuxième tornade.

Je pensais qu’il n’en existait pas d’autre que ma fille.

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– Je vous regarde maintenant, lui lancé-je d’une voix plus dure que nécessaire. Qu’est-ce que vous voulez ?

– M’excuser.

– Pour ?

– Vous avoir dérangés.

– C’est trop tard, soupiré-je en m’empêchant de m’adoucir.

– Désolée.

– Écoutez, mademoiselle…

– C’est madame ! s’offusque-t-elle.

– Ah bon ?

– Non. Mais ce n’est pas à vous d’en décider.

Elle s’oppose à moi, juste par principe. J’ai envie de sourire comme un con. Parce que je suis soulagé que cette petite bombe ne soit pas mariée. Qu’elle n’appartienne à aucun autre. J’ai envie de me foutre des claques pour avoir ce genre de pensées, mais me contente de détourner le regard.

– Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? Ou est-ce qu’on peut s’en aller ? demandé-je, déterminé à m’échapper.

– Je n’ai pas flashé sur vous, contrairement à ce que vous pensez, sourit-elle presque.

– Vous ne savez pas ce que je pense, m’impatienté-je.

Ne pas rentrer dans son jeu.

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Elle est encore plus belle que je l’imaginais. Ses traits, sa silhouette sont ceux d’une poupée fatale, fins et pulpeux à la fois, son regard a quelque chose d’intense, d’animal, alors j’évite d’y plonger. Cette fille sent le danger. La petite main de ma fille au chaud dans la mienne, je m’éloigne de la menace rousse.

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Je l’ai tout de suite remarquée. Elle ne s’en est pas rendu compte, elle n’a pas senti mon regard sur elle. Droite comme un i, elle se tenait à la limite entre le sable et l’eau, l’écume grignotait tout juste ses pieds. Ses yeux étaient perdus dans les vagues et ses bras serrés contre son corps élancé. Rien ne pouvait l’atteindre. Je connais cette sensation, ce doux vertige qui vous coupe de la réalité et fait disparaître tout ce qui vous entoure.

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