Extrait

— Volf ?

Katleya sursauta, surprise par l’apostrophe sèche de l’individu planté à quelques mètres derrière elle. Elle l’évalua d’un œil appréciateur, sourit intérieurement de l’arrogance affichée par le mâle sûr de son pouvoir d’attraction sur n’importe quelles femelles normalement constituées. Elle convint qu’il ne déméritait pas dans la galerie des gaillards placardés sur les murs du couloir s’ouvrant à leur droite. Brun de peau et de poil, bien bâti, une silhouette athlétique et bien découplée dans un costume léger d’été, il dégageait un charme martial non dénué d’attraits. Malgré tout, face à William ou Phillip, il perdait toute consistance.

Elle s’éclaircit la voix, subit sans broncher l’observation soutenue de son vis-à-vis.

— En effet.

Le grognement et le froncement des sourcils noir de jais la renseignèrent sur la déconvenue de l’individu malgré le vif intérêt qu’il montrait soudain à son égard et dont elle ne se formalisa pas. Elle attendit qu’il termine son examen et se pose les questions habituelles que peu osaient formuler de vive voix. L’héritage irlandais maternel s’exprimait de manière insolite chez elle et la rousseur de sa chevelure attirait les regards tandis que son teint mat, plus proche de celui d’une Italienne pure souche que d’une rose anglaise née en terre d’Albion choquait presque. Katleya connaissait mieux que personne la joliesse de ses traits aristocratiques, la perfection de son nez droit d’une distinction jalousée par ses amies de collège, le charme de ses grands yeux d’un violet profond et soyeux ou le dessin délicatement charnu de ses lèvres. De son père, elle tenait un port de tête altier naturel, de sa mère, une silhouette élancée aux proportions dignes d’un mannequin des années quatre-vingt et sa haute taille, loin de la désavantager, la désignait comme l’exception parmi une foule si elle se décidait à vêtir les atours de sa charge.