Extraits

Je vous glisse quelques mots de remerciement à propos du rôle important qu'ont les livres et la lecture dans la plupart de vos romans. Je m'en inspire et tente, à ma manière, de les intégrer à l'histoire, si bien qu'ils se trouvent à révéler bien plus qu'un titre ou le nom d'une héroïne. En fait, ils révèlent, mieux que ne le ferait une description, le caractère des personnages qui les lisent, se les font lire ou y réagissent. Telle est, j'en suis certaines, la force intrinsèque des œuvres; elles nous définissent mieux que nous ne saurions le faire nous-mêmes. Qu'en pensez-vous ?

Miss Austen, vous l'avez finement souligné : les femmes célibataires ont terriblement tendance à être pauvres, et ce constat est un puissant argument en faveur du mariage. Elles ne doivent toutefois pas se marier uniquement en fonction de l'argent, mais ce serait une erreur de ne pas en tenir compte. On n'en voudra donc pas à Emma d'avoir tenté d'aider sa sœur dans son entreprise, pourtant sa témérité pourrait lui causer des ennuis... tout comme la naïveté de Mary Edwards risque de lui créer des problèmes. On ne peut que le constater, l'enjeu du mariage est de ceux qui ne doivent en aucun cas être négligés. Je prends bien garde de tomber dans un mélodrame qui ne conviendrait nullement à vos personnages, pas plus que je ne songe à les amener sur le terrain un peu mièvre de la sentimentalité. J'essaie également de ne pas me perdre dans d'infinies digressions qui, bien qu'elles nous fassent réfléchir, nous éloignent de notre propos et, avouons-le, finissent par nous lasser par leur ton moralisateur.

Chère Miss Austen,

Je vous envoie le premier volet de ce deuxième tome où j'ai tenté, grâce à vos conseils, de bien tenir compte de la vraisemblance des actions qui se déroulent tout au long du récit. Je me permets même de vous faire un petit clin d'œil en mentionnant la scène du canot qui dévale les rapides d'une rivière canadienne - scène tirée d'un livre de Mrs Mary Brunton dont vous aviez particulièrement prisé les qualités romanesques, à ce que j'ai cru comprendre.