Réponses au commentaire de francesca21
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Ca y est, j’ai vaincu mon Himalaya : j’ai terminé « A la Recherche du temps perdu » (2400 pages quand même en édition Quarto!). Je suis passée par tous les stades : ennui, exaspération parfois, mais le plus souvent émotion, admiration devant une œuvre aussi géniale et d’une telle ampleur.
Quelques phrases qui m’ont touchée : à propos :
de la madeleine « Tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, villa et jardins de ma tasse de thé », des promenades à Combray : « Ce parfum d’aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt », de la passion de Swann pour Odette de Crécy : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir , que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre », de la sonate de Vinteuil : « Comme un être surnaturel et pur qui passe en déroulant son message invisible »
de l’amour rêvé pour Oriane de Guermantes : « aux yeux ensoleillés d’un sourire bleu »
du tableau du port de Carquhuit peint par Elstir où « les églises de Criquebec qui, au loin, entourées d’eau de tous côtés parce qu’on les voyait sans la ville, dans un poudroiement de soleil et de vagues, semblaient sortir des eaux, soufflées en albâtre ou en écume et, enfermées dans arc-en-ciel versicolore, former un tableau irréel et mystique », de l’agonie longue et douloureuse de la grand-mère : « Quand mes lèvres la touchèrent, elle fut parcourue toute entière d’un long frisson…Le bruit de l’oxygène s’était tu, le médecin s’éloigna du lit. Ma grand-mère était morte », de la mort de l’écrivain Bergotte devant le tableau La vue de Delft de Ver Meer avec son « tout petit pan de mur jaune »,
La Recherche se termine en apothéose dans « Le Temps retrouvé » où il comprend que toutes les sensations éprouvées, « le bruit de la cuillère dans l’assiette, le marteau qui frappe sur la roue, le goût de la madeleine » font empiéter le passé sur le présent et lui permettent de jouir de l’essence des choses, en dehors du temps.
C’est là que naît sa vocation d’écrivain car : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature…Car, en épinglant ici un feuillet supplémentaire, je bâtirais mon livre, je n’ose pas dire ambitieusement comme une cathédrale, mais tout simplement come une robe ».
Une sacrée robe !!!
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